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Effet de serre : les grandes cultures en bénéficieraient… sous conditions

LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE n’est plus à prouver. Il s’agit maintenant de le comprendre, de s’y adapter et de le limiter, faute de pouvoir faire machine arrière. L’association environnementale, Greenpeace, associée à la société de conseil dans la gestion du risque climatique, Climpact, a présenté, le 17 novembre, le rapport “Changements climatiques : quels impacts en France ?”, auquel ont participé «les meilleurs experts français et internationaux, afin de faire le point des connaissances sur les menaces climatiques qui pèsent sur notre pays». Le volet concernant l’impact sur l’agriculture a été réalisé, en partie, par Bernard Seguin, responsable de la Mission sur le changement climatique et l’effet de serre à l’Inra. Il contribue aux travaux du groupe de travail 2 du Giec et de la Commission de météorologie agricole de l’Organisation météorologique mondiale (groupe de travail sur les impacts du changement climatique).

L’augmentation de CO2 pourrait être positive pour les grandes cultures

Avant de traiter des conséquences du réchauffement climatique, le rapport s’intéresse à l’impact de l’augmentation du dioxyde de carbone (CO2). Selon le document, avec un doublement du CO2 atmosphérique pour la fin du siècle, on peut s’attendre à «une stimulation de la photosynthèse de l’ordre de 20 à 30 %, conduisant à une augmentation résultante de l’assimilation nette de l’ordre de 10 à 20 % (en prenant en compte l’augmentation de la respiration liée à l’effet de la hausse de la température)». D’autre part, la progression de CO2 entraînant le rétrécissement des stomates chez la plante et ainsi une diminution de sa transpiration, «il faut s’attendre à une amélioration de l’efficience de l’eau».

En théorie, l’enrichissement de l’atmosphère en CO2 et l’augmentation concomitante de la température favorisent la production de biomasse, toutefois le rapport reste réservé sur une augmentation générale des rendements qui en résulterait. Dans le sud de la France, notamment, «l’optimum thermique pour la photosynthèse est souvent déjà atteint, sinon dépassé dans certaines conditions», relativise le document. «Dans les conditions tempérées, l’augmentation de température peut favoriser la plupart des processus physiologiques, mais elle aura également un impact négatif sur les cultures, telles que pratiquées actuellement, en accélérant leur rythme de développement et donc en raccourcissant les cycles de culture et, par suite, la durée de fonctionnement de l’usine photosynthétique». Concernant les grandes cultures en particulier, les résultats des simulations réalisées sur les modèles de culture sur le blé et le maïs «permettent de conclure à des effets légèrement positifs sur le premier (avec des hausses de rendement allant de 2,5 % à 5,7 %), et des effets plus variables sur le maïs (+10 % à -16 % dans le cas d’une culture irriguée dans le Sud-Est).

Ces estimations, finalement rassurantes, sont à relativiser et doivent inciter à lutter contre les gaz à effets de serre car elles s’appuient sur un réchauffement climatique de l’ordre de 2 °C qui bénéficierait essentiellement aux régions du nord de la France. Dans l’hypothèse d’une élévation de la température de 4 à 5 °C, la situation serait bien différente. «Le principal bouleversement serait sans doute à attendre de l’accentuation de la sécheresse estivale, en particulier pour la partie sud de l’Hexagone. A cela, il convient également d’ajouter les incertitudes relatives au déplacement de maladies et d’insectes ravageurs qui s’installeront là où les conditions climatiques le permettront.

Des pistes pour s’adapter

De manière générale, le rapport estime «que l’adaptation des grandes cultures pourrait s’effectuer sans trop de problèmes, dans la mesure où les années passées ont montré la capacité des agriculteurs à les faire évoluer rapidement en fonction, en particulier, des contraintes de la Politique agricole commune (Pac)», reconnaissant tout de même que les incertitudes actuelles au sujet de la pluviométrie et du bilan hydrique pourrait entacher cet «optimisme».

Au-delà de la conduite des cultures, le déplacement géographique des zones de production constituerait le deuxième niveau d’adaptation. L’éventualité de la remontée vers le Nord ou en altitude de certaines cultures, ou l’introduction de nouvelles au Sud est à envisager. Pour un réchauffement modéré (+2 °C), «ce déplacement serait limité», selon le rapport. En revanche, dans le cas d’une élévation de la température de 4 à 5 °C, la distance de remontée serait de «presque 1.000 km, soit l’ensemble du territoire». Le Royaume-Uni deviendrait ainsi un grand producteur de blé, et Tony Blair un grand défenseur de la Pac, à voir…

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