Filière oléoprotéagineuse
Du soja cultivé en Sibérie ? Pourquoi pas…
Le changement climatique opérant à l’échelle mondiale, on peut se demander si certains équilibres en matière de production et de commerce de matières premières agricoles pourraient être modifiés ?
De récentes observations faites en Sibérie peuvent corroborer cette idée. D’après la revue en ligne WorldGrain, la Sibérie a enregistré en 2020 son printemps et son été le plus chaud de son histoire, avec des températures atteignant quasiment 38 ° C en juin. Dans le même temps, l’épaisseur du permafrost (la couche de sol qui ne dégèle jamais) montre des signes inquiétants de réduction dans ces régions.
Une opportunité pour l’agriculture russe
Du coup, des prévisions de la sole disponible pour l’agriculture montrent que la Russie pourrait disposer de 4,3Mkm2 de terres en plus d’ici quelques années. Ce qui signifie que le pays pourrait tout à fait augmenter, potentiellement de façon significative, sa production de céréales (blé en particulier), dans un premier temps, en exploitant ces terres situées dans le nord.
Mais la question se pose aussi pour le soja. En témoignent les quelques 400 000 ha de terres achetées ou louées par la Chine à l’est de la Russie pour y faire pousser cette légumineuse, selon la BBC russe. En développement des cultures plus au nord, la Chine pourrait trouver là une alternative à sa dépendance au soja made in Etats-Unis ou Brésil.
Restent plusieurs freins : outre la fonte du permafrost, le réchauffement climatique a aussi provoqué des incendies dus à la sécheresse, des déséquilibres dans les écosystèmes et des invasions de ravageurs jamais connus auparavant dans cette région. De plus, les questions de logistique et de qualité des sojas produits empêchent la Russie de jouer un rôle majeur… aujourd’hui.
Mais si le réchauffement des terres se poursuit et si plus d’hectares deviennent exploitables, alors le pays pourrait renforcer ses investissements en matière de logistique et d’agronomie. Et, selon WorldGrain, même si le soja produit dans ces nouvelles régions ne partira pas nécessairement à l’export, il pourrait alimenter la filière domestique de nutrition animale, plutôt demandeuse.
Selon certaines études, la Russie a déjà multiplié par 18 sa production de soja en dix ans et devrait figurer au 7è rang des producteurs mondiaux pour cette campagne 2020/2021. A suivre…