Des pluies salvatrices pour le soja en Argentine déjouent les pronostics de l’USDA
Considéré jusqu’ici comme un facteur baissier des cours mondiaux du soja, le climat en Argentine – encore récemment sec et chaud, menaçant les rendements des cultures à deux mois du point d’orgue des récoltes - pourrait, au final, devenir un facteur haussier.
Considéré jusqu’ici comme un facteur baissier des cours mondiaux du soja, le climat en Argentine – encore récemment sec et chaud, menaçant les rendements des cultures à deux mois du point d’orgue des récoltes - pourrait, au final, devenir un facteur haussier.
![Excès d'eau dans un champ de soja en Argentine.](https://medias.reussir.fr/ladepeche/styles/normal_size/azblob/2025-02/img_20250212_124618_576.jpg.webp?itok=VKpGVjfl)
Il a plu abondamment en Argentine du 4 au 12 février, en trois phases marquées, et ce, dans toute la région pampéenne centrale. Des précipitations moyenne de 150 mm ont été enregistrées sur ce court laps de temps au centre et au nord de Buenos Aires, et au sud des provinces de Córdoba et de Santa Fe. Il s’agit là de la "Zone noyau" et de son grand pourtour : cette pampa humide, qui pourvoira, cette année encore, plus des deux tiers d’une récolte 2025 prévue autour de 50 millions de tonnes (Mt) sur une sole de 18,4 millions d’hectares (Mha), selon la Bourse aux céréales de Buenos Aires.
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Des précipitations de dernière minute
Pourtant, dans son dernier rapport mensuel daté du 11 février, l’USDA a ramené ses prévisions de récolte argentine de soja de 52 millions de tonnes (Mt) à 49 Mt. Le changement climatique de dernière minute survenu en Argentine, quelques heures avant la publication dudit rapport, ne semble pas avoir été pris en compte par l’USDA.
Une production de soja argentin attendue entre 49 et 50 millions de tonnes
En effet, les témoignages recueillis sur place en Argentine attestent d’une nette amélioration de l’état des cultures. À Mercedes, au centre de Buenos Aires, l’agronome Ignacio Zunino, chef régional de l’Institut national de technologie agricole (Inta), indique que « les semis se sont déroulés dans des conditions hydriques optimales, en septembre, mais l’épisode sec et chaud de décembre à janvier (avec des précipitations très en-deçà des besoins, à 50 mm en décembre et 24 mm en janvier) a sonné le glas de nombreuses parcelles de soja dites de rattrapage, faites après un blé, et compromis les rendements espérés de la plupart des parcelles de soja de tête de culture. Mais il s’est produit un revirement de situation inattendu avec 183 mm de pluies tombés à Mercedes au début de ce mois de février. Cela permet désormais de viser des rendements à la hauteur d’une année normale, soit proche de 3 000 kilos par hectare ».
Des rendement attendus entre 2,5 à 3 t/ha en soja et de 1,5 t/ha en soja de rattrapage.
L’agriculteur Adrián Paglieri, de Mercedes, qui a semé 600 hectares de soja cette saison 2024-2025, confirme : « Nous ne sommes pas encore à l’abri d’épisodes de gel précoce en avril, mais j’escompte des rendements de 2,5 à 3 t/ha en soja et de 1,5 t/ha en soja de rattrapage ».
Une sécheresse évitée de justesse
Les producteurs de grains d’Argentine ont donc frôlé une sécheresse de l’ampleur de celles qui a marqué trois des quatre dernières années.
Et ce n’est pas fini. L’institut Climat et Eau de l’Inta prévoit une période du 13 au 18 février pluvieuse, voire « torrentielle », au nord et au centre du pays. Sa responsable, interrogé par LD-LPM, Natalia Gattinoni, souligne que « la particularité du dernier épisode de pluies enregistré est d’avoir été homogène sur toute la région agricole centrale, ce qui a permis de freiner la détérioration dont souffraient les cultures à cause du manque d’eau », dit-elle.
Un épisode sec qui a fait des dégâts
L’expert marché Sebastián Gavalda juge que : « Ces pluies ont apporté un soulagement. Elles sont tombées au moment et là où il le fallait. L’épisode sec de décembre-janvier a fait de la casse, une moisson de soja argentine 2025 supérieure à 50 Mt est encore possible », a-t-il déclaré au média argentin Agrositio.
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