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Engrais 2007/2008
Des livraisons en forte progression

Hausse de 8 % en 2007/2008, avec 10,5 Mt et un CA de 3 milliards d’euros

UTILISATION. «Pour notre profession, la crise alimentaire est un autre défi de taille». Pour Gilles Poidevin, délégué général de l'Unifa (Union des industries de la fertislisation), la hausse des matières premières agricoles, a des conséquences directes sur les populations pauvres qui peinent à obtenir une nourriture suffisante, celles-là même qui ont été pénaliséespar la progression des prix des engrais. « Les pays qui soutiennent leur agriculture par des subventions sur les intrants, sont maintenant placés dans une impasse budgétaire » affirme l’Union. « La nécessité d’économiser nos ressources en terres, en eau, en engrais minéraux, nous impose d’obtenir plus d’efficience de chaque éléments nutritif ».

Progression des livraisons en 2007/2008

En ce qui concerne la campagne de commercialisation de fertilisants minéraux en France 2007/2008, l’Unifa a précisé lors d’une conférence de presse organisée cette semaine à Paris, que celle-ci se se termine sur une progression des livraisons qui concerne les trois éléments nutritifs par rapport à la campagne très creuse de 2006-2007. En azote, les livraisons retrouvent le niveau de 2001-2002, alors qu’en P et K les progressions constatées sont très loin de compenser le recul constant observé depuis 1992. Le fort niveau des livraisons particulièrement en avril 2008 pour les engrais simples phosphatés et les composés PK soutient l’hypothèse d’une anticipation importante alimentant des stocks en hausse en fin de campagne. De début janvier à fin avril 2008, 30.000 tonnes de P2O5 supplémentaires ont été livrées par rapport à 2007. Cette anticipation mise à part, la progression de l’élément P2O5 serait de +8,5% alignée sur celles de l’azote (+9%) et du potassium (+9%).

Cette campagne a connu une augmentation des livraisons d’engrais à l’agriculture, qui atteignent 10,5 Mt de produits (engrais et amendement minéraux basiques), hausse constatée dans toutes les catégories d’engrais, les trois éléments connaissant des augmentations presque similaires : + 8,9% pour l’azote, + 13,7% pour le phosphore, et + 8,6% en potassium. Ces hausses, alors que de nombreux facteurs environnementaux et économiques contraignent les agriculteurs à raisonner toujours plus finement leurs apports, résulte d’une conjoncture agricole favorable, avec des prix des matières premières agricoles élevées et une forte demande, alimentaire dans les pays en développement et non alimentaire dans les autres pays. La situation mondiale des stocks de céréales est au plus bas depuis 30 ans. Par ailleurs, l’Unifa souligne que les surfaces cultivées en France sont en augmentation de 4 % environ en raison de la suppression de la jachère obligatoire en 2007. Et parmi ces surfaces reprises sur la jachère, les semis sont surtout réalisés avec des cultures plus exigeantes en azote (blés, orges, maïs grain…). Enfin, les rendements prévus par les agriculteurs ont été très nettement en hausse, après deux récoltes décevantes, et ceci est confirmé par les chiffres de la moisson. Du fait de ces prévisions en hausse sur les rendements, dès le mois de février on a assisté à une progression des livraisons d’azote quelle que soit la forme.

En ligne avec l’engagement du Grenelle de l’Environnement

Pour l’Unifa, toutes ces données confirment bien que l’efficacité de l’azote (et des engrais en général) reste une recherche permanente des agriculteurs, y compris avec des quantités à l’hectare ajustées à la hausse, « et nous sommes toujours en ligne avec notre engagement du Grenelle de l’Environnement, à savoir + 50% d’amélioration de l’efficacité de l’azote entre 1990 et 2012 ».

L’augmentation des livraisons d’engrais a été efficacement accompagnée par les producteurs. Les usines françaises et ouest européennes connaissent depuis deux ans des niveaux de production élevés et approvisionnent très régulièrement l’agriculture française. Les unités de production françaises fournissent toujours près de la moitié des engrais azotés en France, 71% si l’on ajoute l’Europe de l’Ouest, ce qui est au même niveau que la campagne précédente. Les industriels et les distributeurs français ont réalisé des investissements conséquents en production et en stockage, « à temps pour répondre à cette augmentation de la demande. » Par ailleurs, les perturbations du marché mondial et le déficit d’approvisionnement dans certaines matières premières ont réduit les capacités d’exportation de certains de nos fournisseurs habituels. Les livraisons en provenance des 12 nouveaux membres de l’UE ont baissé de 2% au profit des pays tiers pour 1,5% et de l’UE des 15 pour 0,5%.

Demande mondiale très forte

La consommation mondiale d’engrais a augmenté de presque 25 Mt d’azote en 20 ans. Entre 1986 et 1996, la demande a augmenté de 11,2 Mt, sur les dix dernières années elle a augmenté de 13,2 Mt soit une accélération de la demande mondiale. Depuis 20 ans, la part de l’Asie a augmenté de 40 à 62%, dans le même temps, la part de l’Europe de l’ouest a baissé de 16 à 11 %. « Ceci montre à quel point notre marché a perdu de l’influence sur le marché mondial et surtout comment certaines décisions de pays asiatiques (taxes à l’export, subventions aux agriculteurs) peuvent immédiatement avoir un effet violent et rapide sur les prix ou les importations » déplore l’Unifa. L’Union des industries de la fertilisation souligne aussi à quel point les capacités mondiales de phosphate et de potasse sont sollicitées. Les investissements dans ce secteur sont lourds et longs à mettre en œuvre. La situation de tension sur les approvisionnements devrait se prolonger au moins pendant 3 ou 4 ans, la plupart des investissements demandant un délai important entre leur décision et le démarrage effectif des installations délai souvent allongé par l’augmentation actuelle des coûts des constructions d’infrastructure.

L’offre en éléments fertilisants est donc limitée, elle progresse moins vite que la demande du fait d’investissements insuffisants ces 20 dernières années. C’est pourquoi les industriels de la fertilisation anticipent un maintien des prix au niveau actuel et se dotent des moyens de poursuivre leurs investissements. Quant au marché des amendements minéraux basiques, il est beaucoup moins mondialisé. Ses acteurs sont organisés à partir d’unités disséminées sur le territoire français et desservent un rayon de clientèle relativement restreint. Depuis trois campagnes, ce marché est stable. En 2007-2008 il a été de 2,87 Mt, soit 1,45 Mt de valeur neutralisante. L’autre différence avec le marché des engrais consiste en sa répartition géographique, avec des livraisons concentrées essentiellement dans la moitié Ouest de la France.

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