Riz 2008/2009
Des échanges mondiaux plus réduits
La chèreté du riz va contraindre certains pays à rationner leur demande
DEMANDE. Selon le Conseil international des céréales (CIC), même si les cours mondiaux du riz à l’exportation se sont considérablement détendus durant les deux derniers mois (les cotations pour du riz blanchi de qualité en Thaïlande ont régressé de 25 % par rapport aux sommets enregistrés à la fin du mois de mai), ils restent très élevés lorsqu’on les compare aux prix cotés un an plus tôt. Par conséquent, un certain rationnement de la demande, notamment en Afrique, et des besoins nettement réduits chez certains acheteurs de l’an dernier en Asie, feront que les échanges mondiaux de riz vont se contracter à raison de plus de 2 Mt, soit 7 %, pour tomber à 28,7 millions. Les expéditions par les cinq principaux exportateurs devraient reculer à 23,8 Mt (25,7 millions).
Les importations de l’Asie devraient donc reculer d’environ 7 % en 2008/2009, car les achats de deux acheteurs les plus importants de l’an dernier, le Bangladesh et l’Indonésie, devraient afficher un net repli, respectivement à 0,9 Mt (1,5 million) et 0,8 Mt (1,6 million). Ces replis marqués ne seront que partiellement compensés par des importations plus importantes aux philippines, qui devraient croître de 25 %, à 2,5 Mt. Malgré des perspectives de production intérieure favorables, des préoccupations au début de 2008 concernant les disponibilités des exportateurs ont donné lieu à de gros achats. Le Vietnam a, pendant bien des années, été le principal fournisseur de riz de ce marché (le plus souvent du riz à 25 % de brisures) mais, du fait de la précarité de l’offre dans ce pays et des besoins accrus cette année, une plus forte proportion de riz sera obtenue auprès d’autres origines, y compris les Etats-Unis et le Pakistan. On croit aussi comprendre que des négociations auraient abouti concernant l’achat de 0,2 Mt au Japon. En ce qui concerne les achats des Philippines contractés pour livraison en 2008, la quote-part obtenue auprès du Vietnam est estimée à 64 % seulement, le niveau le plus bas depuis 2003. Ailleurs, les importations de la Malaisie devraient grimper à 0,9 Mt (0,7 million), suite aux efforts du gouvernement en vue de consolider les inventaires. Néanmoins, celles de la Chine, en principe des variétés de riz parfumé de qualité, devraient être inchangées par rapport à l’an dernier, à 0,5 Mt.
Net recul de la demande en Afrique
Sachant que les prix internationaux font plus du double de leur niveau d’il y a un an, on s’attend à un certain rationnement de la demande qui devrait entraîner un vif recul des importations africaines, à 9,4 Mt (10,7 millions). Bien que certains pays, y compris le Nigéria, aient abaissé ou renoncé à appliquer des droits d’importations afin de stimuler les achats, les importations par plusieurs autres pays, notamment la Côte d’Ivoire et le Sénégal, devraient afficher un recul marqué.
Les expéditions réalisées par les cinq principaux pays exportateurs devraient se resserrer à raison d’environ 7 %, pour tomber à 23,8 Mt, car des expéditions en forte régression par des pays comme l’Inde ne sont qu’en partie compensées par un accroissement des ventes par d’autres, notamment la Thaïlande et le Pakistan. En Thaïlande justement, les exportations se montaient à quelque 6 Mt au cours des six premiers mois de 2008, en hausse de 50 % sur l’an dernier. Si le total au titre de l’année civile 2008 atteint 0,4 Mt de plus qu’en juin, avec 10 Mt (9,5 millions), ce chiffre suppose tout de même un ralentissement flagrant des expéditions.
Les exportations du Pakistan sont relevées de 0,4 Mt et grimpent à 3,2 Mt (2,7 millions), pour traduire une recrudescence des ventes à l’exportation au cours du deuxième trimestre face au maintien des restrictions à l’exportation imposées par l’Inde. Au cours de la première moitié de 2008, les exportations progressaient de 50 % d’une année sur l’autre pour atteindre 2,2 Mt. Soutenues par des pénuries dans d’autres origines, les ventes américaines à l’exportation augmentent aussi à une cadence vigoureuse et devraient augmenter de 17 % pour se hisser à 3,6 Mt en 2008. Sachant que les exportations de riz de l’Inde sont soumises à de lourdes restrictions commerciales, y compris un embargo total sur les ventes de riz non basmati, les expéditions au titre de l’année civile 2008 devraient faire moins de la moitié de celles de l’an dernier, pour tomber à 3 Mt seulement (6,2 millions), leur niveau le plus bas en 7 ans. Au Vietnam, les expéditions en 2008/2009 devraient reculer à 4,1 Mt (4,5 millions), inchangées par rapport au mois dernier.
Après avoir enregistré une très vive cadence lors des trois premiers mois ayant suivi l’ouverture de la campagne, les ventes chinoises à l’exportation ont sensiblement ralenti durant le deuxième trimestre à mesure de l’expiration des contingents valides à l’exportation. Les expéditions en 2008 marquent une baisse de 0,2 Mt sur le chiffre du mois de juin, à 1,1 Mt (1,3 million).
Un marché moins tendu pendant l’été
Un ralentissement de la demande internationale et la progression des moissons mondiales ont pesé sur les prix du riz asiatique durant le mois de juillet. Ces facteurs, conjugués à la faiblesse générale des marchés céréaliers et non céréaliers, ont tiré les cours à terme du riz brut américain vers le bas, l’échéance la plus proche affichant des pertes de 12 % depuis la fin du mois de juin.
En Thaïlande, les prix à l'exportation pour la plupart des qualités ont légèrement baissé, les cotations pour le riz étalon 100 % qualité B perdant 25 $, à 765 $ fob. Le programme d’intervention du gouvernement concernant la deuxième récolte de paddy et l’annonce de nouvelles taxes à l’exportation au Vietnam ont apporté un certain soutien aux valeurs, mais les progrès de la moisson et une demande internationale timide ont pesé sur les cours. Les données officielles pour les six premiers mois de l’année montraient que les exportations totalisaient environ 6 Mt (+54 % d’une année sur l’autre). Mais, d’après les projections de l’Association des exportateurs de riz de Thaïlande, les expéditions pourraient ralentir sensiblement durant le deuxième semestre 2008, à 4 Mt seulement, soit un tiers de moins que durant la même période en 2007. Au Vietnam, les offres sur le marché libre ont accusé un vif repli, les cotations pour du riz à 5 % de brisures reculant d’environ 130 $, à 680 $ fob, leur niveau le plus bas en quatre mois. Les valeurs ont été comprimées par une amélioration des disponibilités et par la diminution du prix officiel minimal à l’exportation, qui visait à stimuler la demande à l’export.