Aller au contenu principal

Réglementation
Déforestation importée : des syndicats agricoles disent non au projet de la Commission européenne

Interbev, le Copa-Cogeca et la Fefac partagent la volonté de lutter contre la déforestation, mais ne sont pas d’accord avec les moyens qu’elle propose.

Le projet de règlement, adopté par la Commission européenne le 17 novembre, pour lutter contre la déforestation importée, fait réagir. Il prévoit notamment que les entreprises importatrices remplissent une déclaration de conformité garantissant que les viandes entrant sur le territoire européen ne sont pas « issues » de la déforestation. En France, Interbev, interprofession bovine, insiste ainsi sur « l’incohérence du projet », rappelant qu’au Brésil les bovins ne font pas l’objet d’une traçabilité de la naissance à l’abattage comme dans l’UE. L’interprofession revient donc sur sa demande de clauses miroirs effectives sur cet aspect de la traçabilité des bovins.

Respecter les règles de l’OMC

Au niveau européen, tant le Copa-Cogeca présidé pour sa section agricole (Copa) par Christiane Lambert (FNSEA), que la Fefac (Fédération des fabricants d’aliments pour animaux) réagissent aussi. Le syndicat des agriculteurs et des coopératives explique ainsi « qu’il soutient le travail de la Commission européenne pour lutter contre la déforestation, conformément aux ambitions inscrites dans le Pacte vert pour l’Europe. Il est primordial pour le secteur agricole européen que les ambitions politiques de l’UE en la matière soient conformes aux objectifs pour un commerce juste et une compétition équitable ainsi qu’à la législation en vigueur ». Le syndicat estime également que, membre de l’OMC, l’UE doit respecter ses règles et assurer un commerce international équitable, transparent et fluide, ce qui n’est pas compatible avec la proposition de la Commission européenne d’un système d’évaluation comparative des pays exportateurs. « Par conséquent, estime l’organisation, il est primordial que l’UE continue à travailler en étroite collaboration avec les pays producteurs afin de les aider à lutter contre les principales causes de la déforestation tout en renforçant la coopération internationale avec les principaux pays consommateurs ».

Travailler à l’origine

La question sous jacente est l’accès aux ressources protéiques, notamment pour la nutrition animale : le Copa-Cogeca rappelle son attachement au développement d’un réel plan Protéines dans l’UE pour réduire notre dépendance aux importations. « Ceci est tout particulièrement important pour les aliments des animaux », indique Copa-Cogeca. Il craint que l’instauration d’un marché d’approvisionnement segmenté (garantie de non-déforestation versus conventionnel) ne fasse qu’augmenter le prix des protéines végétales et que cela se traduise, à terme, par la réduction des élevages européens et, donc, par une importation massive de produits animaux issus des mêmes zones, à risque de déforestation.

La Fefac agite d’ailleurs le drapeau rouge dans un communiqué commun avec la Fediol et le Coceral. Les trois organisations rappellent en préambule leur soutien à la volonté de la Commission européenne de lutter contre la déforestation. Mais elles regrettent que cette dernière préfère « nettoyer » les approvisionnements européens plutôt que de lutter à l’origine contre les causes de la déforestation.

La Commission européenne souhaite aller jusqu’à imposer la géolocalisation des parcelles d’origine aux importateurs et classifier les pays d’origine. « Si l’approvisionnement à partir d’un pays classifié comme à haut niveau de risque devient trop compliqué, alors les chaînes d’approvisionnement s’adapteront pour éviter ces risques. Cela va réduire la capacité de l’UE à influencer positivement les comportements dans les pays d’origine, qui se détourneront de notre marché qui tient la durabilité en haute estime », insiste Asbjorn Borsting, le président de la Fefac.

Les plus lus

Christoph Büren, président du Groupe Vivescia (à gauche de la pancarte) et David Saelens, président du groupe  Noriap (à droite de la pancarte) ont signé au SIA 2025 un accord de partenariat portant sur la duplication du programme Transitions.
Salon de l'agriculture 2025 : Noriap rejoint le programme d’agriculture régénérative Transitions initié par Vivescia

Lors du Salon international de l’agriculture 2025, le groupe coopératif Vivescia et la coopérative Noriap, ont signé un accord…

Silos de stockage au milieu d'un champ.
« L’excès pluviométrique de cet hiver est source d’inquiétude pour les céréales d'hiver et le colza »

Jean Simon, directeur général d’Atlantique céréales, revient sur les conditions de semis et l’état des cultures en cette…

Tas de graines de soja avant nettoyage.
Alimentation animale : le soja non déforestant "mass balance" en passe de devenir la norme en France

Le marché européen du soja se segmente selon les lieux d’origine, mais surtout en fonction des caractéristiques imposées par…

Usine de trituration en Ukraine
Malgré la guerre, l'Ukraine investit dans la transformation de ses céréales

Malgré la guerre, les entreprises ukrainiennes de l’agro-industrie annoncent de nouveaux investissements. 

Port La Rochelle
Comment la grève des dockers sur les ports français pénalise les exportations céréalières ?

Après un mois de grève perlée, la Fédération nationale des ports et docks CGT appelle à de nouvelles actions en mars et…

Chargement de la trémie d'un épandeur, épandage d'un engrais de fond avant les semis de tournesol
La Commission européenne projette de taxer les engrais russes : les producteurs sont vent debout

Le 14 mars, le Coreper (Comité des représentants permanents des gouvernements des États membres de l’Union européenne) a…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne