Commerce équitable
[Coronavirus Covid 19] Une quinzaine à distance pour le commerce équitable en 2020
La Quinzaine du commerce équitable existe depuis 2001. Pour la première fois, elle doit renoncer aux évènements en présentiel pour se recréer à travers les outils numériques.
La Quinzaine du commerce équitable existe depuis 2001. Pour la première fois, elle doit renoncer aux évènements en présentiel pour se recréer à travers les outils numériques.
Un mal pour un bien ? Peut-être. En tout cas, comme pour beaucoup d’autres évènements, les responsables de la Quinzaine du commerce équitable (du 9 au 24 mai) ont dû procéder de façon différente pour leur l’édition 2020.
Fondés sur les échanges et les rencontres en présentiel les autres années, la plupart des événements prévus pour expliquer l’importance d’échanges équilibrés entre producteurs de l’hémisphère Sud et pays de l’hémisphère Nord, mais aussi entre producteurs et consommateurs des pays des économies développées, ont été annulés ou reportés en septembre.
Du coup, la crise liée au Coronavirus est une excellente opportunité d’interroger la relation entre production d’aliments et leur consommation. « La crise que nous traversons est une occasion de repenser en profondeur certaines de nos habitudes. C’est le message de sept Français sur dix, selon un sondage Opinion Way pour Max Havelaar du 5 mai dernier, qui adhèrent à l’idée que la crise sanitaire et économique actuelle est l’illustration qu’il faut changer nos modes de consommation pour des produits plus responsables », peut-on lire dans le dossier de présentation de l’édition 2020.
“Nos actes d’achat au quotidien sont autant de choix politiques permettant de soutenir les producteurs et les entreprises qui se transforment et qui s’engagent dans la transition écologique et solidaire. Le commerce équitable est un moyen concret de participer à l’émergence d’un autre modèle de société, » ajoute Julie Stoll, déléguée générale de Commerce Equitable France.
Une présence en ligne pour palier les évènements physiques
Après un apéro équitable connecté le 12 mai et une session live sur Facebook sur le lien entre commerce équitable et climat le 14 mai, l’équipe de la quinzaine propose un débat, via les réseaux sociaux, sur la thématique : « le commerce équitable, une autre économie pour demain », le 20 mai à 18 h. Il y sera notamment question de comment faire face aux risques sanitaires, sociaux et écologiques auxquels la société est exposée.
Pour les promoteurs du commerce équitable, « les solutions existent mais les règles du commerce mondial freinent considérablement la mise en place de nouveaux modèles ». Il en sera également question lors de ce débat ainsi que du rôle de chaque maillon de la chaîne : décideurs publics, entreprises, associations et citoyens.
Participeront, entre autres, au débat : Marc Dufumier (Commerce Équitable France), Julie Stoll (Commerce Équitable France), Stéphane Comar (Ethiquable), Estelle Dubreuil (Fair(e) Un Monde Equitable), Gérald Godreuil (Artisans du Monde), Ludovic Brindejonc (Agriéthique), Marie Mercui (Ecocert); ou encore Émilie Sarrazin, (Max Havelaar France).
Au final, la quinzaine propose divers rendez-vous, sur le web : cycle de webinaires, ciné-débat, quiz, jeu en ligne…
Du côté de chez Alter Eco, l’un des plus anciens acteurs de la vente de produits issus du commerce équitable puisque créé en 1998, les nouveaux produits seront mis à l’honneur pendant cette période avec notamment un mélange quinoa rouge/millet en provenance de la coopérative péruvienne Copain Cabana. Dans cette structure, 70 % des adhérents sont des femmes. Autre produit mis en avant : l'association riz basmati/sarrasin/graines de sésame.
Agri-Ethique et les meuniers
Cette nouvelle édition de la Quinzaine du commerce équitable permet au label Agri-Ethique (850 boulangeries adhérentes, 750 millions de baguettes équitables vendues, 19 moulins et 11 industriels de l’agroalimentaire ainsi que 1 361 agriculteurs engagés dans la démarche) de présenter les initiatives de plusieurs meuniers dans ce secteur.
C’est le cas, par exemple, de Minoterie Forest, située en Saône-et-Loire et adhérente du label depuis deux ans, qui avait prévu d’animer la quinzaine grâce à l’engagement d’une trentaine d’artisans-boulangers. Tout est reporté en septembre.
Néanmoins, l’évènement permet à la minoterie d’expliquer que le cadre d’action proposé par le label sonne particulièrement juste pour réfléchir correctement à l’après crise. La notion de « valorisation à son juste niveau du travail de l’agriculteur et sa rémunération » apparaît comme particulièrement pertinente aux yeux de Karine Forrest, sa directrice générale, qui explique aussi : « Ce que l’on traverse aujourd’hui doit nous permettre de se réunir entre céréaliers, collecteurs de grains, transformateurs, pour mettre à plat le sujet de l’agriculture et de l’agroécologie ».
Ce qui s’est passé pendant la crise du coronavirus a amené à de nouvelles réflexions chez le minotier. « Aujourd’hui, on réfléchit évidemment à l’impact que cette situation aura dans l’esprit du consommateur et sur les réponses qu’il va falloir que l’on apporte demain. Pendant cette crise, nous étions contents de pouvoir compter sur nos agriculteurs français pour obtenir de la farine issue de moulins français. Le label Agri-Éthique vient valoriser et prendre en considération le travail de l’agriculteur. Combien vaut sa production ? Combien doit-on le payer pour qu’il vive normalement ? Combien doit-on le payer pour qu’il soit respectueux de la terre et de l’environnement ? Ce sont des questions auxquelles nous allons devoir répondre », écrit Karine Forest dans un texte publié à l’occasion de la Quinzaine.
« Il faut que l’on apprenne à être plus collectif dans la filière. Cette crise remet en question et bouleverse les choses. Le vrai sujet, c’est la production française. Nous avons la chance d’avoir un savoir-faire extraordinaire en France, un terroir fabuleux et des agriculteurs qui se remettent en question ».
La dirigeante de Minoterie Forest insiste aussi sur le fait que l’ensemble des acteurs de la filière (agriculteurs, coopératives, meuniers, boulangers) doivent désormais expliquer auprès des consommateurs « ce que sont vraiment les métiers. C’est à nous de nous poser les bonnes questions pour faire passer les messages auprès des consommateurs ».
D’autres minoteries labellisées Agri-Ethique se positionneront sur ces sujets tout au long de la quinzaine.