Conjoncture économique, agricole et agroalimentaire
[Coronavirus - Covid 19] L'Insee prévoit un recul du PIB français 2020 de seulement 9%
L’Insee vient de publier ses premiers chiffres d’après déconfinement concernant le PIB du pays. Tour d’horizon de la croissance et des principaux indicateurs d’activité, notamment en agriculture et en agroalimentaire.
L’Insee vient de publier ses premiers chiffres d’après déconfinement concernant le PIB du pays. Tour d’horizon de la croissance et des principaux indicateurs d’activité, notamment en agriculture et en agroalimentaire.
La toute nouvelle note de conjoncture de l’Institut national de la statistique et des études économiques, publiée ce mercredi 8 juillet 2020, prévoit un PIB en retrait de 9 % pour l’ensemble de l’année 2020 par rapport à 2019. Pour mémoire, la croissance économique avait atteint + 1,5 % en 2019 après + 1,8 % en 2018 et + 2,3 % en 2017.
Après des reculs de 5,3 % et 17 % aux premier et deuxième trimestres, le PIB de 19 % au troisième trimestre et de 3 % au quatrième, si les conditions sanitaires liées au Coronavirus ne se dégradent pas.
Au final, et d’après une enquête menée auprès d’entreprises, l’activité économique national se situerait un peu en dessous de son niveau d’avant crise en décembre. Dit autrement, en juin, « l’activité économique aurait comblé les trois cinquièmes de l’écart qui la séparait, au creux du confinement, de son niveau d’avant crise ».
Agriculture, fret et commerce extérieur
Selon l’Insee, la branche Agriculture, sylviculture et pêche enregistrerait une perte d’activité de 8 % au deuxième trimestre (7 % pour l’agroalimentaire, 22 % pour l’industrie ou encore 46 % pour la construction). La perte d’activité au deuxième trimestre reste encore de grande ampleur dans des secteurs comme le transport/entreposage (- 46 %) ou l’hébergement/restauration (- 56 %). Bien évidemment, la période estivale et la rentrée de septembre seront cruciales pour ces activités.
« Les trafics de fret ferroviaire et routier se rapprochent progressivement de leurs niveaux d’avant crise » écrivent les économistes de l’Insee dans cette note de conjoncture. Si 65 % des trains de fret et 60 % des véhicules lourds routiers, en moyenne, circulaient au mois d’avril par rapport au nombre habituel, ils étaient 75 % et 86 % à fonctionner, respectivement et toujours en moyenne, en mai. « En juin, le trafic routier s’est fortement repris et il est désormais proche de son niveau d’avant crise, tandis que le fret ferroviaire demeure autour de 85 % de son niveau « normal ». L’un comme l’autre illustre donc la reprise progressive de l’activité économique estimée précédemment » précise le document.
Côté exportations, en avril 2020, on constate qu’elles ont reculé de 36 % sur un an. « En lien avec l’assouplissement des mesures d’endiguement sanitaire et l’amélioration des nouvelles commandes à l’exportation, les échanges extérieurs français ont légèrement rebondi en mai 2020. Ils demeurent toutefois à un faible niveau » note les spécialistes de l’institut.
Consommation des ménages
On sait qu’il s’agit, avec le taux d’épargne et les investissements des entreprises (tous constitutifs de la confiance dont ont besoin les agents économiques), d’une des clés pour l’après crise sanitaire. « Après avoir nettement rebondi en mai à la sortie du confinement, la consommation des ménages aurait globalement rejoint, au mois de juin, un niveau proche de celui d’avant crise » constate ce nouveau point de conjoncture. La consommation des ménages ne serait même « plus qu’à 3 points de pourcentage de son niveau « normal ». Rien de très extraordinaire mais plutôt rassurant…
Il est à noter que l’écart de niveau de consommation des ménages par rapport à une situation dite normale pour les produits de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche est de + 3 % au deuxième trimestre 2020, et de + 4 % pour l’agroalimentaire. A titre de comparaison, il est de – 44 % dans la construction et de – 19 % pour les services principalement marchands (commerce, transports, restauration, services financiers et immobiliers…).
Un contexte bien particulier
Une fois n’est pas coutume et il est rare que le directeur de l’Insee prenne la plume pour rédiger une introduction en amont de la présentation générale du point ou de la note de conjoncture. Preuve du caractère exceptionnel de la période traversée et des bouleversements subis par l’économie française, ses agents constitutifs de l’activité économique et des indices et repères pour en mesurer le dynamisme.
« Pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, nous présentons aujourd’hui une prévision pour les trimestres à venir. Traditionnellement, la Note de conjoncture de l’Insee a pour horizon, à partir de juin, la fin de l’année …L’incertitude exceptionnelle liée aux conditions sanitaires nous a amenés à suspendre cet exercice du fait de sa grande fragilité. Mais il nous a semblé que nous pouvions aujourd’hui nous appuyer à nouveau sur les réponses des entreprises pour éclairer la fin de l’année » écrit donc Jean Luc Tavernier. Les données à nouveau exprimées dans ces documents sont utiles, « à condition bien entendu que la situation sanitaire ne connaisse pas de dégradation ».
De façon globale, « on peut ainsi d’ores et déjà anticiper que l’ordre de grandeur de la baisse du PIB en 2020 pourrait être d’une dizaine de points, voire un peu moins. Mais il est absurde de dire que l’on serait de ce fait revenu dix ans en arrière. Car cette baisse en moyenne annuelle est bien entendu liée principalement à la chute connue pendant les mois de confinement. Si l’économie n’en sort pas indemne, il est probable qu’elle reviendra dans les mois à venir à un niveau plus proche de celui qui prévalait avant le confinement. Les indicateurs que nous commentons aujourd’hui confirment la solidité de la consommation depuis la mi-mai et une reprise significative dans tous les secteurs autres que ceux, tels le transport aérien ou les spectacles, qui sont encore contraints par les mesures de prévention de la pandémie », selon Jean Luc Tavernier.