Aller au contenu principal

Politique économique
[Coronavirus - Covid 19] « Il faut continuer à soutenir l’économie »

Unanimité au Conseil d’analyse économique sur la poursuite d’une politique de soutien à l’économie française pour les mois à venir.

© Nattanan Kanchanaprat / Pixabay

« Beaucoup de choses vont se jouer dans les mois qui viennent. Le risque à prendre est celui d’en faire trop. Si l’on en fait trop, ça n’aura pas de conséquences négatives. Mais si l’on n’en fait pas assez, alors on prend le risque de voir l’économie s’affaisser » ont affirmé, de concert et au nom du Conseil d’analyse économique (CAE), Philippe Martin (président délégué), Xavier Ragot (président de l’Observatoire français des conjonctures économiques) et Jean Pisani-Ferry (ex du CAE et travaillant pour le réservoir à idées pro-européen Bruegel), lors d’une conférence destinée à la presse, vendredi 10 juillet, et intitulée « Une stratégie économique face à la crise ». Pour mémoire, le CAE, placé auprès du Premier ministre et composé d’économistes et de chercheurs, réalise, en toute indépendance, des analyses économiques pour le gouvernement et les rend publiques.

Constat

Si la crise sanitaire a provoqué un choc de l’offre ET de la demande en France, il apparaît qu’aujourd’hui c’est la pression déflationniste qui prévaut, donc plutôt le choc de la demande selon les porte-parole du CAE. Ils notent également que ce choc est sans doute plus fort que dans d’autres pays comparables en raison d’une « plus forte sévérité du confinement ». Le CAE fait également le diagnostic suivant : chute limitée du revenu des ménages (- 5 % environ pendant le confinement), excès d’épargne, à début juillet, de l’ordre de 80 Md€ et rebond de la consommation post confinement.

Pour autant, le stock d’épargne excédentaire peut présenter un risque pour la consommation : les ménages français consommeront-ils, tout ou partie, ce surplus de ménage ? « Nous estimons ainsi que la consommation totale chez les commerçants (ventes physiques ou e‐commerce, règlement par carte bancaire CB ou en liquide mais hors cartes bancaires étrangères) a bien rebondi mais se trouve de la mi‐mai à la fin juin à un niveau légèrement en dessous de sa valeur de 2019 (– 2 %) ». Et pour le CAE, 2 % de consommation en moins, c’est – 1 % de PIB et – 1 % d’emplois.

Côté entreprises, on enregistre déjà une perte de revenus de 54 Md€ en raison du Coronavirus mais les accompagnements mis en place (PGE, reports de cotisations…) ont permis de globalement préserver les trésoreries. « Beaucoup d’entreprises ont gagné du temps grâce aux dispositifs d’Etat. Mais il y a beaucoup de faillites à venir, en fonction du redémarrage de l’économie » insistent les représentants du CAE. Ils estiment que le PIB, fin 2020, afficherait « de l’ordre de – 5 points par rapport à une activité normale, sans 2è vague d’épidémie » et la « baisse du potentiel productif (offre) de l’ordre de – 2,5 % ».

Recommandations

Pour les membres du CAE, le temps n’est pas venu de savoir comment on finance tel ou tel système ou dispositif, même si certains systèmes (comme celui des retraites par exemple) ont leur propre difficultés. « Il faut continuer à soutenir l’économie ». Ce qui a été fait a évité le pire et a permis de gagner du temps. Il faut poursuivre cet effort, notamment pour aider les ménages à regagner de la confiance, a priori synonyme d’augmentation de la consommation, et pour permettre aux entreprises de redémarrer leur activité de production.

Le CAE préconise donc de fixer des objectifs explicites et une mise en œuvre pour les atteindre souple, permettant de réagir au mieux au fur et à mesure des évolutions d’ici 18 mois. S’il s’agit de « passer la période risquée de l’automne-hiver 2020 », il faut aussi « enrayer le cercle vicieux perte d’emploi/de confiance/de demande, empêcher des effets permanents sur le potentiel économique, cibler les ménages plus vulnérables et les jeunes entrants sur le marché du travail » mais aussi allonger l’horizon des agents économiques à travers des actions crédibles à travers la transition écologique, le ré‐outillage industriel et le réinvestissement dans le service public ». Ces objectifs priment « sur celui d’équilibrage des finances publiques, combinant politiques de l’offre et de la demande, production et redistribution ».

Les entreprises vont certainement hésiter à investir. Il convient donc de mettre en place un « bouclier anti-faillites ciblé sur les secteurs et entreprises en difficulté ». Autre recommandation du CAE : « soutenir rapidement l’emploi via des aides forfaitaires pour les embauches concentrées sur les bas salaires et plus généreuses pour les jeunes »tout en s’occupant des jeunes qui ont décroché pendant la crise. Le CAE conseille aussi de « soutenir le pouvoir d’achat des ménages modestes par des transferts ciblés et des bons d’achat de biens et services en accord avec la transition environnementale ».

Pour le CAE, il faut réorienter la croissance à la fois à court terme et sur le plus long terme. Il propose un « package » de 48 Md€ pour cela sur 18 mois afin de regagner deux points de PIB. Le contexte des bas taux d’intérêts et d’inflation très faible permet d’emprunter à très bon coût et augmenter la dette du pays n’apparaît pas comme un risque majeur. Les membres du CAE recommandent même d’émettre des dettes de plus long terme qu’à l’heure actuelle.

Sans faire n’importe quoi, il s’agit avant tout de relancer le pays, d’intégrer les contraintes environnementales à l’économie et de former les salariés et futurs salariés. Reste à savoir ce que le gouvernement compte faire de cette analyse...

Les plus lus

Christoph Büren, président du Groupe Vivescia (à gauche de la pancarte) et David Saelens, président du groupe  Noriap (à droite de la pancarte) ont signé au SIA 2025 un accord de partenariat portant sur la duplication du programme Transitions.
Salon de l'agriculture 2025 : Noriap rejoint le programme d’agriculture régénérative Transitions initié par Vivescia

Lors du Salon international de l’agriculture 2025, le groupe coopératif Vivescia et la coopérative Noriap, ont signé un accord…

De gauche à droite, Christophe Congues, président d’Euralis, et Philippe Saux, son directeur général.
Euralis enregistre un résultat net négatif sur la campagne 2023-2024

Face à une conjoncture difficile marquée par la contraction des marchés et la baisse des prix, notamment des céréales, le…

Evolution de l'état des sols en terme d'humidité
Tour de plaine des cultures d'hiver 2025 : faut-il craindre l’excès d’eau ?

Les récentes pluies en abondance inquiètent sur certains territoires alors que les travaux dans les champs doivent reprendre…

Silos de stockage au milieu d'un champ.
« L’excès pluviométrique de cet hiver est source d’inquiétude pour les céréales d'hiver et le colza »

Jean Simon, directeur général d’Atlantique céréales, revient sur les conditions de semis et l’état des cultures en cette…

Yannick Carel (Arvalis), Patrick Jouannic (Soufflet Négoce), Charles Neron Bancel (Panzani), Clément Roux (Durum) et Nicolas Prevost (Emeric) lors de la table ronde marché du blé dur organisée par Arvalis lors de la journée blé dur du 6 février 2025
« Les prix du blé dur devraient rester stables jusqu’à la fin de la campagne », selon Patrick Jouannic de Soufflet by Invivo

Lors de la journée filière blé dur, organisée par Arvalis le 6 février dernier, une table ronde a rassemblé des acteurs du…

Tas de graines de soja avant nettoyage.
Alimentation animale : le soja non déforestant "mass balance" en passe de devenir la norme en France

Le marché européen du soja se segmente selon les lieux d’origine, mais surtout en fonction des caractéristiques imposées par…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne