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Marché/Analyse/Géopolitique
Guerre en Ukraine : « Des niveaux de prix des céréales et une volatilité jamais vus ! »

Le marché des céréales est suspendu aux évolutions de la guerre en Ukraine, qui dure plus longtemps que les Russes ne l'avaient prévu. D'un côté, certains pays restreignent leurs exportations, et de l'autre, des importateurs veulent acheter en panique.

Silos portuaires en eaux peu profondes de Rostov-sur-le-Don en Russie.
© Eduard Zernin - Rusgrain Union

« Nous observons un niveau des prix des grains et une volatilité jamais vus sur les marchés », s'est exprimé Edward-Hugues de Saint-Denis, courtier au sein du cabinet Plantureux et Associés. Des variations journalières de 20 à 30 €/t avaient déjà été constatées lors de la sécheresse de 2010, « mais pas sur autant de jours consécutifs...». A titre illustratif, les prix du blé tendre sur Euronext (cours de clôture, échéance mai, faisant figure de référence en ancienne récolte pour le marché physique) sont passés de 278,75 €/t le 21 février en clôture à 406,75 €/t à 13h45 le 4 mars !

 

Cette amplitude et ces niveaux de prix record des grains sont la conséquence de la guerre entre Russie et Ukraine, deux des plus gros exportateurs mondiaux de céréales, qui empêche les expéditions portuaires. « Au départ, on ne pensait pas à une invasion totale. Puis, le scénario d’une incursion russe limitée a été envisagé, avec pour seule prise par la Russie de régions de l’Est, comme le Donbass. Mais là aussi, ce scénario a été balayé, d’où la panique et la flambée actuelle des cours », explique Damien Vercambre, courtier au sein du cabinet Intercourtage.

Rappelons que les ports ukrainiens sont actuellement à l’arrêt. Ceux en Russie « sont officiellement ouverts, mais les importateurs ne veulent guère prendre le risque d’acheter des céréales russes, sachant que l’impossibilité d’utiliser le système de paiement international SWIFT complique les achats », rapporte M. Vercambre.

Des exportateurs de céréales qui souhaitent juguler l’inflation alimentaire

L’explosion des cours, générant de l’inflation alimentaire dans divers pays, incite des nations exportatrices à faire de la rétention de céréales sur leur marché intérieur. « L’Argentine et la Bulgarie veulent contrôler les prix. Il se murmure que la Roumanie veut faire de même, sachant qu’il y a deux ans, en plein Covid, le pays avait décidé un embargo sur ses exportations », indique l’expert d’Intercourtage. « La Moldavie a bloqué ses exportations de produits agricoles pendant un mois à partir du 1er mars », soulève Edward-Hugues de Saint-Denis.

Des importateurs qui achètent en panique !

De leur côté, les importateurs veulent à tout prix sécuriser leurs approvisionnements, et se précipitent aux achats, participant au contexte haussier. « C’est le cas de l’Irak, qui a lancé récemment un appel d’offres pour 2 Mt de blé. L’Algérie veut revenir se sourcer auprès de la France. Mais avons-nous les stocks et la qualité suffisants ? », alerte Damien Vercambre.

 

 

 

 

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