Analyse de marché/Prospective
Guerre en Ukraine : 3 scénarios envisagés par des experts du marché des grains
Les prix des céréales et des oléagineux pourraient poursuivre leur flambée en cas d'enlisement de la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Analyse par deux courtiers.
Les prix des céréales et des oléagineux pourraient poursuivre leur flambée en cas d'enlisement de la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Analyse par deux courtiers.
Les courtiers Edward-Hugues de Saint-Denis (Plantureux et Associés) et Damien Vercambre (Intercourtage) dévoilent pour La Dépêche-Le Petit Meunier, trois scénarios possibles pour les marchés des grains en fonction de l'évolution de la situation en Ukraine.
Scénario 1: le pire, le conflit dure...
Le premier, celui d’un conflit qui dure, engendrerait une hausse à plus long terme des prix. « Plus le conflit dure, plus la tension sur les marchés des grains perdurera […] Si les ports ukrainiens, les infrastructures intérieures (rails, routes…) sont très endommagés, il faudra du temps pour tout reconstruire, et pouvoir de nouveau exporter des céréales. L’image de la Russie a par ailleurs été fortement dégradée… Cela pourrait prendre du temps, avant que d’autres pays tels que l’Algérie, reviennent vers eux, et ce alors que la Russie gagnait des parts de marché ! », craint Damien Vercambre, courtier d'Intercourtage. « Le président russe Vladimir Poutine pourrait être tenté d’imposer de plus importantes restrictions à l’export », renchérit Edward-Hugues de Saint Denis, courtier de Plantureux et Associés.
Par ailleurs, « les Ukrainiens vont-ils pouvoir semer leurs cultures de printemps (maïs et tournesol surtout, et un peu de blé tendre également) ? Il y a un potentiel problème de disponibilité de main-d’œuvre, de machine et d’intrants qu’ils doivent parfois importer », prévient Edward-Hugues de Saint Denis.
Scénario 2 : optimiste, retour rapide à la normale
Deuxième scénario, celui d’une fin de guerre rapide, tel un cessez-le-feu ou une paix rapidement négociée, sans trop de dégâts dans les infrastructures ukrainiennes et dans les champs. Dans un tel cas, peu probable pour le moment au vu de l’évolution des combats, « les prix baisseraient aussi vite qu'ils ont monté », déclare Edward de Saint Denis.
Scénario 3 : mitigé, retour progressif de l'Ukraine et la Russie dans le commerce mondial
Un troisième scénario peut être qualifié d’hybride, avec une prise de l’Ukraine par la Russie à moyen terme, et la mise en place d’un dirigeant Ukrainien à la solde du Kremlin, sans trop de dégâts dans les infrastructures et les parcelles, relève l’expert de Plantureux. « Si les ports ukrainiens se remettent en marche, la situation peut se détendre peu à peu », précise-t-il.