Cofco va inaugurer son premier terminal portuaire au Brésil
Avec l’inauguration prévue en mars de son terminal agroalimentaire flambant neuf construit sur le port de Santos, le négociant chinois Cofco boucle (presque) la boucle de sa folle décennie de conquête d’actifs en infrastructure en Amérique du Sud.
Avec l’inauguration prévue en mars de son terminal agroalimentaire flambant neuf construit sur le port de Santos, le négociant chinois Cofco boucle (presque) la boucle de sa folle décennie de conquête d’actifs en infrastructure en Amérique du Sud.
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Le négociant en grains chinois Cofco International devait inaugurer en mars prochain son propre terminal portuaire à Santos, au Brésil.
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Ce nouvel actif logistique baptisé STS-11, fort d’un investissement de 285 millions de dollars, devrait lui permettre d’exporter depuis le Brésil vers la Chine essentiellement, « 8 millions de tonnes (Mt) de grains, sucre et tourteaux de soja dès 2025, puis 14,5 Mt en 2026 une fois les travaux finis », selon Sérgio Ferreira, le directeur de la filiale brésilienne de Cofco, cité par le média brésilien Globo Rural.
Un terminal portuaire en propre
« L’an dernier, nous avons exporté depuis le port de Santos environ 4,5 Mt de grains à partir de terminaux que nous louons comme nous le faisons dans le reste du Brésil. Depuis que nous y avons débarqué en 2014, ces locations renchérissent le coût de nos opérations de 10 % à 15 % par rapport à nos concurrents », a-t-il précisé.
Ainsi, Cofco boucle la boucle d’une décennie d’expansion en Amérique du Sud dans le but de blinder la sécurité alimentaire de la République populaire de Chine, l’actionnaire majoritaire de Cofco étant l’État chinois.
Ce nouveau terminal sur le port de Santos est voué à exporter entre 70 % et 80 % des grains acquis par Cofco au Brésil.
Ce nouveau terminal est voué à exporter entre 70 % et 80 % des grains acquis par Cofco au Brésil. Le reste continuera de l’être via l’arc Nord-est du Brésil où Cofco loue les infrastructures du groupe Hidrovias do Brasil.
La concession du terminal STS-11 a été remportée par Cofco en mars 2022 pour une durée de vingt-cinq ans au prix de 11 millions de réaux brésiliens (1,8 million d’euros), selon Reuters. Un prix presque symbolique qui témoigne de l’intérêt du Brésil de choyer le principal acquéreur de ses grains.
« À partir de 2026, nous comptons charger 200 navires par an à partir du déchargement de 110 000 camions et de 85 000 wagons », selon Sérgio Ferreira.
Le site STS-11 tournant à plein régime permettrait le chargement de deux navires Panamax par jour. Y aboutiront quatre lignes ferroviaires. « À partir de 2026, nous comptons charger 200 navires par an à partir du déchargement de 110 000 camions et de 85 000 wagons », selon Sérgio Ferreira.
Nidera et Noble déjà dans le giron de Cofco
L’histoire de Cofco dans le Cône sud-américain a commencé en 2014 avec le rachat consécutif de deux poids lourds du trading de grains en Argentine : les groupes Nidera et Noble, rachetés par Cofco cette année-là à hauteur de 51 %, puis en 2017 dans leur totalité.
Ainsi, Cofco s’est hissé à la hauteur des majors du trading de grains depuis le Cône Sud.
Investissement dans le port péruvien de Chancay
Sur la côte pacifique sud-américaine aussi, Cofco change la donne du trading agricole en investissant dans sa propre logistique portuaire. Le port de Chancay, au Pérou, inauguré le 14 novembre dernier mais devant être complètement achevé en 2032, serait alors le plus grand port de marchandises d'Amérique latine, financé pour bonne partie par la holding Cofco à hauteur de 3,4 milliards de dollars.
Des agriculteurs de Colombie, d’Équateur et du Chili en alerte
Ce chantier déterminant pour le commerce maritime des denrées agricoles du Pérou vers l’Asie met en alerte les agriculteurs de Colombie, d’Équateur et du Chili, qui s'apprêtent soit à pâtir de la concurrence de l'origine péruvienne idéalement placée vis-à-vis de l'export vers la Chine, soit à en tirer profit.
Objectif : acheminer au Pérou les récoltes issues du centre du Brésil par voie terrestre.
Le Brésil aussi est concerné par le port de Chancay, car l’objectif de celui-ci, à long terme, fixé par Cofco, est d’y acheminer les récoltes issues du centre du Brésil par voie terrestre. Si les infrastructures de transport nécessaires à cet effet restent à pourvoir, les ressources de Cofco et le long terme qui caractérise sa stratégie font que cet objectif semble atteignable lors de la prochaine décennie. La boucle serait alors définitivement bouclée pour nourrir un "ogre chinois" qui est surtout richissime et patient.
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