Céréales ukrainiennes - Près de 15 % de capacités de stockage détruites ou endommagées
La 14e Matinée export, organisée par Intercéréales et précédant la Bourse de l'exécution d'Agro Paris Bourse, a permis de faire le point sur la situation ukrainienne.
La 14e Matinée export, organisée par Intercéréales et précédant la Bourse de l'exécution d'Agro Paris Bourse, a permis de faire le point sur la situation ukrainienne.
La guerre en Ukraine a rendu inutilisable environ 14 % des capacités de stockage de céréales et d'oléagineux du pays, selon les données de l'Association ukrainienne des grains (UGA), présentées par Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce by InVivo, lors de la 14e Matinée export, organisée par Intercéréales et précédant la Bourse de l'exécution d'Agro Paris Bourse, aux Salons de l'Aveyron à Paris le 15 mars 2023.
Dans le détail, 6,5 Mt de capacités d'entreposage ont été détruites, et 2,9 Mt endommagées, sur un total de 66 Mt avant le début de l'invasion russe le 24 février 2022. Raison pour laquelle l'ONU et la FAO ont fourni à l'Ukraine 35 000 silobags, pour une capacité de 7 Mt.
Toutefois, cette baisse des capacités de stockage s'accompagnerait d'un repli de la production nationale. En effet, les marges des producteurs ukrainiens sont très dégradées, du fait de la hausse des coûts de la logistique, des intrants, des assurances, de l'énergie, de la baisse de la valeur de la hryvnia par rapport au dollar... « Les prix sur le marché intérieur ukrainien sont décorrélés de ce qui se passe sur la scène internationale, et beaucoup plus faibles (...) Les Ukrainiens ne vendent qu'en "spot", en raison de multiples incertitudes », explique Jean-François Lépy. Citons quelques-unes d'entre elles : Les silos de stockage vont-ils rester sur pied ? Qu'en sera-t-il des corridors d'exportation des grains ukrainiens via la mer Noire ?
En conséquence, les semis de cultures d'hiver mais aussi de printemps (surtout en maïs) sont attendus en repli entre les campagnes commerciales 2022-2023 et 2023-2024. L'UGA table pour le moment sur une production nationale de grains à 64,781 Mt en 2023 (contre 72,711 Mt en 2022 et plus de 100 Mt en 2021), dont 17,4 Mt de blé tendre (20,169 Mt en 2022), et 21,080 Mt de maïs (27,3 Mt en 2022). Seule la production de tournesol augmenterait légèrement d'un an sur l'autre, passant de 10,459 Mt à 11,990 Mt, l'oléagineux étant l'une des rares cultures à avoir maintenu une bonne rentabilité, précise Jean-François Lépy. Les exportations de grains 2023-2024 sont attendues à 45,202 Mt, contre 51,202 Mt sur la présente campagne.
« Ces chiffres de production 2023/2024 constituent des bornes hautes, c'est-à-dire, si tout se passe bien au niveau du climat. Ils me paraissent donc optimistes », prévient Jean-François Lépy. Ainsi, l'inquiétude principale autour de l'Ukraine n'est pas forcément sa capacité à stocker, mais plutôt celle à produire et à approvisionner le marché mondial durant la prochaine campagne.
L'expert de Soufflet Négoce by InVivo rappelle par ailleurs que des tensions commerciales émergent avec les voisins polonais, roumains... Les agriculteurs de ces pays ne voient pas forcément d'un bon œil le renforcement de la concurrence ukrainienne. En effet, rappelons que l'Ukraine a développé de nouvelles routes continentales d'exportation, afin de pallier le blocage de ses ports maritimes et la baisse de ses capacités de stockage, qui permettent au pays d'expédier ses marchandises via les silos roumains ou polonais. L'UE a d'ailleurs facilité ce phénomène en supprimant les barrières tarifaires et non tarifaires sur les biens ukrainiens.