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Moissons 2024 : à quoi s'attendre pour la récolte française de blé tendre ?

Les pluies ont fortement affecté les cultures de blé tendre en France ces derniers mois, causant l'apparition de diverses maladies. Mais il s’agit de ne pas céder à la panique.

De nombreux secteurs sont affectés par une forte pression maladie.
© Mirosław i Joanna Bucholc de Pixabay

Que nous réservera la récolte française de blé tendre 2024 ? L'opinion d'Argus Media France-ex Agritel, par la voix de Gautier Le Molgat, président-directeur général de la branche française, reflète assez bien les témoignages recueillis lors de la Bourse internationale de Paris au Pavillon Dauphine le 7 juin 2024 auprès de divers intervenants : « nous prévoyons pour le moment un chiffre sous les 30 Mt », s'est-il exprimé, en marge de l'événement. Un expert anonyme du cabinet d’analyse états-unien StoneX évoque que les participants de son réseau tablent sur une fourchette entre 27 Mt à 31 Mt, avec une moyenne pondérée qui tourne davantage autour des 30 Mt. D’autres sources privées évoquent un consensus de marché à 28-30 Mt. 

Lire aussi : "Bourse internationale de céréales de Paris : une nouvelle administratrice au sein d'Agro Paris Bourse"

Un consensus de marché entre 28 Mt et 30 Mt de blé tendre en 2024.

L’écart de prix entre blé meunier et blé fourrager se creuse…

Le spectre de l’année 2016, qui avait vu la moisson hexagonale chuter à 26-27 Mt, a refait surface dans les discussions entre les opérateurs lors de la Bourse internationale de Paris. Pour rappel, les pluies incessantes au cours de l’automne 2023, qui avaient fortement pénalisé les semis, entraînant un décrochage annuel des surfaces, ont constitué un premier élément d’inquiétude. « Nous maintenons notre estimation de sole nationale de blé d’hiver, c’est-à-dire à 4,2-4,3 Mha pour la campagne commerciale 2024-2025 », précise Gautier Le Molgat. Sont venues ensuite les précipitations du printemps, pénalisant l’état des cultures en terre. De nombreux secteurs sont affectés par une forte pression maladie : fusariose, septorios , etc. En plus de la restriction des volumes, la qualité pourrait être dégradée. Raison pour laquelle l’écart de prix entre blé meunier et blé fourrager s’est accru ces dernières semaines, selon les informations de prix rapportés par La Dépêche-Le Petit Meunier. Ce différentiel était de 10 €/t environ au 22 mai et s’élève début juin aux alentours de 15 €/t.

Néanmoins, il ne faut pas non plus sombrer dans l’alarmisme. « Tant que nous n’avons pas récolté, on ne peut rien dire. Si le temps reste sec en juin, il y a la possibilité d’améliorer les choses. Et les niveaux de rendement sont pour le moment attendus comme supérieurs à 2016. Certains secteurs s’en sortent bien pour l’instant, d’autres bien moins. Rappelons que le recul des surfaces joue beaucoup dans les attentes de forte baisse de production entre 2023 et 2024 », tempère le spécialiste d’Argus Media France. 

Quelle évolution des prix du blé tendre à attendre pour la suite de la campagne ?

La baisse de la moisson hexagonale constitue indéniablement un élément haussier pour le marché du blé tendre, élément néanmoins déjà intégré par les opérateurs. Les résultats de la récolte française, qui devrait débuter fin juin, permettront peut-être d’atténuer les craintes, mais pourraient aussi les confirmer voire les renforcer. 

Cependant, la France n’est pas le seul pays dans cette situation sur le marché mondial. Et comme c’est le cas depuis plusieurs semaines, c’est la situation en Russie qui reste davantage scrutée par les opérateurs actuellement. Là aussi, le recul des volumes entre 2023 et 2024 est intégré dans les prix. Toutefois, beaucoup de choses peuvent encore survenir d’ici la récolte. « Des analystes privés (SovEcon, Ikar) ont régulièrement abaissé leurs prévisions ces dernières semaines, et nous frôlons désormais la barre des 80 Mt. Notre recherche valide le consensus d'une production de blé russe tout juste au-dessus des 80 Mt. Nous attendons notre prochain résultat de Crop Tour pour affiner notre chiffre. Il faudra néanmoins voir quelle sera l’intensité de la sécheresse et de la chaleur qui frappent le pays, et qui changerait la donne », alerte Gautier Le Molgat.

Plus de 10 Mt de blé tendre en Roumanie en 2024 ?

Par conséquent, quid de l’avenir ? « Nous ne sommes pas baissiers concernant le marché du blé tendre, car si la récolte russe venait à passer sous les 80 Mt, une nouvelle hausse des cours n’est pas à exclure. Mais il y a déjà eu un fort mouvement de hausse ces dernières semaines. Ainsi, si la moisson russe reste au-dessus des 80 Mt, le potentiel de hausse sera réduit. D’autant que d’autres pays s’en sortent bien, à commencer par la Roumanie, qui devrait récolter plus de 10 Mt cette année. En revanche, la situation au sein des pays importateurs du Maghreb inquiète. Les pays de cette zone auraient d’importants besoins », a conclu l’expert d’Argus-Media France.

 

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