Commerce France/Royaume-Uni
Brexit : pas de taxes, mais des coûts administratifs en plus
Les exportateurs français de céréales vont devoir fournir diverses informations aux importateurs britanniques, source de coût en temps, et donc en argent.
Les exportateurs français de céréales vont devoir fournir diverses informations aux importateurs britanniques, source de coût en temps, et donc en argent.
Depuis le 1er janvier 2021, le Brexit est effectif. Si un accord entre l’UE et le Royaume-Uni a été trouvé le 24 décembre, impliquant l’absence de taxes sur les marchandises, des coûts indirects, liés aux nouvelles activités administratives, font désormais leur apparition. « Nous distinguons trois principales nouvelles démarches administratives que les exportateurs français de céréales sur le Royaume-Uni devront effectuer : une déclaration en douane, une attestation d’origine et les nouvelles formalités phytosanitaires », explique Mélanie Pressans, responsable international et Supply Chain pour La Coopération agricole. Rappelons que le Royaume-Uni est un consommateur de céréales françaises. Les douanes hexagonales rapportent, par exemple, que près de 330 000 t de maïs français y ont été expédiées en 2020.
Les petites coopératives potentiellement plus pénalisées
Ces nouvelles activités administratives impliquent un certain investissement en temps, « que les plus grosses coopératives, habituées au grand export, peuvent absorber sans trop de difficulté, mais qui sera plus difficile pour les plus petites structures, guère rodées à ces démarches », alerte Lucile Talleu, responsable qualité et filières du département Métiers du grain de La Coopération agricole.
Les expertes de La Coopération agricole détaillent la complexité des nouvelles formalités phytosanitaires. Dès le 1er avril 2021, l’importateur britannique devra, par exemple, prénotifier aux autorités sanitaires locales ses achats de céréales. Si elles sont d’origine française, l’opérateur britannique devra demander aux exportateurs hexagonaux de fournir les informations décrivant précisément les marchandises (nature, origine, etc.). De leur côté, les exportateurs hexagonaux devront obtenir les certificats phytosanitaires nécessaires pour exporter au Royaume-Uni. « Pour un opérateur hexagonal, le fait de devoir fournir des informations à l’opérateur britannique prend du temps. De plus, l’importateur britannique doit notifier ses achats au moins un jour ouvré avant l’arrivée des marchandises aux ports britanniques », précise Mélanie Pressans. Un risque de voir la marchandise refouler à la frontière n’est plus exclu avec le Brexit, alerte-t-elle.
Pour le moment, aucune congestion particulière dans les ports français depuis l’annonce du Brexit n’a été rapportée. « Les ports s’étaient préparés. De plus, cette époque de l’année n’est guère propice aux échanges. […] Les premiers contrôles douaniers se sont bien passés. Mais il faut attendre encore quelques mois pour voir si nous sommes bien rodés », rapporte Jérôme Chauvet, directeur développement et promotion des ports de Normandie. Ce dernier indique que les importations de céréales britanniques arrivant par rouliers peuvent poser problème : « Les camions sortant des rouliers et transportant des végétaux en provenance du Royaume-Uni, donc des céréales, sont systématiquement contrôlés, et cela peut prendre du temps ».
Heureusement que la France n’importe que peu de céréales venant des îles britanniques. Rappelons que près de 83 000 t de blé tendre en provenance du Royaume-Uni avaient été importées en 2016 (année catastrophique pour la récolte hexagonale), selon les douanes françaises.