Moissons 2023 : quel potentiel en blé et orge en France ?
Arvalis Institut du Végétal rapporte des soucis d'adventices, et surveille l'évolution de cas de fusariose, à cause des pluies tombées durant la floraison dans certains secteurs. Mais les potentiels de récoltes d'orges (d'hiver et de printemps) et de blés (blé tendre et blé dur) restent, pour le moment, bons voire très bons.
Arvalis Institut du Végétal rapporte des soucis d'adventices, et surveille l'évolution de cas de fusariose, à cause des pluies tombées durant la floraison dans certains secteurs. Mais les potentiels de récoltes d'orges (d'hiver et de printemps) et de blés (blé tendre et blé dur) restent, pour le moment, bons voire très bons.
Divers courtiers, organismes stockeurs (OS) et FranceAgriMer (Fam) nous rapportaient de bons potentiels de récoltes en céréales à pailles ces derniers jours, à savoir les blés (tendre et dur) et les orges (d'hiver et de printemps). Arvalis Institut du Végétal nous a confirmé ces informations, et Visio Crop, analyste privé, fournit une première projection de la moisson française 2023 de blé tendre. Elle pourrait atteindre entre 36,1 Mt à 37,2 Mt, sur 4,75 Mha (la surface correspond à une évaluation des services statistiques du ministère de l'agriculture - Agreste). Ce chiffre est bien entendu amené à évoluer jusqu'à la récolte. « Au vu des tendances météo à trois semaines, il est peu probable que la fourchette basse soit d'actualité. Si les conditions sont très favorables avec un retour des pluies, on pourrait dépasser la borne haute de l'estimation de 1 Mt », commente Luc Lorin, dirigeant fondateur de Visio Crop. Arvalis n'a de son côté pas souhaité donner de prévisions, jugeant qu'il est encore trop tôt pour se prononcer, sachant que les premières coupes n'interviendront pas avant plusieurs semaines.
Pas de chance pour le Sud-Est
Bien entendu, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Dans le quart sud-est du pays, la situation est particulièrement mauvaise. « Il y a eu une intense sécheresse au début du printemps. Et maintenant, il pleut trop. Or, les plantes sont à un stade de développement trop avancé pour en profiter, et les pluies peuvent dégrader la qualité, spécialement les blés durs. Il se pourrait que les récoltes soient encore pires que l'an dernier », explique Jean-Charles Deswarte, ingénieur d'Arvalis. Rappelons toutefois que les surfaces de blé tendre et d'orges sont très réduites dans ce secteur. Ainsi, le mauvais contexte n'aura qu'un effet très marginal sur les volumes attendus sur l'ensemble du territoire.
Dans le quart Sud-Ouest, le déficit hydrique a été beaucoup moins marqué, faisant que les potentiels sont relativement bons, tous produits confondus (blé tendre, blé dur, orge de printemps, orge d'hiver). Attention toutefois: « Il a plu pendant la floraison, déclenchant l'apparition de fusariose. Cela a nécessité des traitements. Il y a également des problèmes de septoriose. Enfin, les cultures, surtout les orges d'hiver, ont connu un développement important de biomasse. Un temps orageux peut engendrer des phénomènes de verse », relève l'expert d'Arvalis.
Le Sud-Ouest n'est pas le seul bassin à être touché par des soucis sanitaires. Les pluies tombées au moment de la floraison sont sujettes à développer la fusariose/la rouille sur bon nombre de régions, affectant potentiellement les grains, tout comme l'humidité est source d'apparition de la septoriose sur les parties vertes de la plante. « Les agriculteurs ont l'habitude de gérer la septoriose, que nous avons constatée dans bon nombre de secteurs. En revanche, cela faisait un moment qu'il n'y avait pas à gérer les problèmes liés à la fusariose, en raison du manque d'eau avant les récoltes ces dernières années. Il a fallu traiter, notamment dans la zone Sud-Ouest et Centre-Ouest, et nous verrons dans les prochains jours si cela a été efficace », précise Jean-Charles Deswarte.
Autre problématique: les adventices. Les experts d'Arvalis en rapportent un peu partout sur le territoire. « Comme les années passées, nous avons des problèmes de désherbage, avec la présence de graminées : vulpins, ray-grass etc. », susceptibles de dégrader les rendements, détaille Alexis Decarrier, animateur national blé tendre d'Arvalis.
Ça se présente bien dans le grand quart Nord-Nord-Est
Dans le grand quart Nord-Nord-Est, la situation est bonne voire très bonne. L'humidité au printemps a permis d'alimenter les cultures, et l'ensoleillement actuel ainsi que les températures plus élevées freinent le développement des maladies. « On a eu des inquiétudes quant au manque de luminosité. Mais depuis ces derniers jours, nous sommes rassurés à ce sujet. La météo lors des prochains jours s'annonce favorable, avec du soleil prévu jusqu'au 5-10 juin. Il faudrait même qu'il pleuve un peu idéalement dans le Nord », précise Jean-Charles Deswarte.
Pour synthétiser, le contexte est jugé comme favorable aux cultures de céréales à paille sur l'ensemble du territoire, sauf dans le Sud-Est. Les populations sont denses, le nombre d'épis s'avère élevé, laissant présager, pour l'instant, des volumes abondants, que ce soit en blé tendre, en blé dur, en orge d'hiver et de printemps. Les situations en sol profond pourraient tenir sans l'arrivée de précipitations jusqu'à la récolte, selon les analystes contactés. Par ailleurs, « l'alimentation en azote s'est bien déroulée tout au long de la montaison », signale Alexis Decarrier. En revanche, de l'eau ne serait pas de trop concernant les sols superficiels. « S'il ne pleut pas d'ici à la récolte, et si les températures dépassent les 26°C-28°C de manière prolongée, des quintaux pourraient être perdus dans ces zones », prévient Jean-Charles Deswarte.