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Blé/Chine : «nous avons amorcé la pompe pour 2005/2006»

La Chine a signé pour 500.000 t de blé hexagonal. Mais France export céréales, qui a développé un service d’appui technique pour pérenniser ses ventes, espère ne pas en rester là !

“COMPTE TENU DU gigantesque potentiel français en matière d’exportation de blé, des besoins du marché chinois et du caractère compétitif des prix du blé français à l’exportation, Cofco importera de France (...) 500.000 t de blé panifiable durant la campagne 2005/2006”. Tels sont les termes du mémorandum, cosigné par la société d’Etat gérant les achats de blé en Chine (Cofco) et France export céréales (Fec) à la suite de la visite d’une délégation française à Pékin. Plusieurs membres du gouvernement ont fait le déplacement. Les ministres de l’Agriculture et du Commerce extérieur, Dominique Bussereau et François Loos, ont en particulier accompagné la trentaine de chefs d’entreprises représentants divers secteurs économiques français.

Fec a souhaité faire le point sur l’état des relations commerciales entre la Chine en la France dans le domaine des céréales et convié la presse pour une conférence le 26 avril. Son président, Jean-Jacques Vorimore, voit dans cet engagement, qui pourrait générer des commandes dès le mois de mai, juste une première étape. L’association entend en effet «mener une action dans la durée» et a pour cela choisi de développer des services accompagnant la vente de ses produits. «Les démonstrations, proposées à la Chine, ont été concluantes !» Dans une même optique, l’organisation a conclu un accord technique avec Sinograin (collecteur-stockeur de l’Etat) dans lequel Fec s’engage à mener une expertise du stockage chinois.

Le blé, une denrée stratégique pour l’empire du milieu

La politique chinoise en matière d’approvisionnements est totalement différenciée selon les céréales, comme l’explique Jean-Jacques Vorimore. Le riz et le blé, à la base de l’alimentation humaine sont pour le pays deux denrées essentielles. Mais la culture du riz est gourmande en eau. Or, sa gestion est problématique en Chine. De plus le marché de cette céréale est étroit et ne laisse que peu de marge de manœuvre contrairement à celui du blé qui constitue alors «un élément stratégique en Chine». 

Et, alors que les échanges d’orges de brasseries sont, par exemple, totalement libéralisés, les importations de blés sont, elles, sous contrôle de l’Etat. Et le pays entend dans ce domaine diversifier ses fournisseurs pour être plus indépendant. Il est difficile, dans ce contexte, d’imaginer que l’Empire du milieu puisse remettre en cause cette commande de blés français en guise de mesure de rétorsion à une éventuelle limitation des importations de textile chinois par l’Union européenne. C’est en tout cas le sentiment de Jean-Jacques Vorimore.

Autre orientation stratégique majeure retenue par Pékin : un stockage important permettant de faire face à ses besoins en toute situation (comme une brusque tension des marchés ou des problèmes météorologiques par exemple…). Les réserves chinoises atteindraient, dans certains domaines, l’équivalent de cinq à six ans de stockage. Le niveau réel des stocks de blé chinois est classé secret d’Etat. La qualité de leur conservation est essentielle pour le pays. Or celui-ci est soumis à d’importantes variations de températures, ce qui n’est pas idéal pour les blés. «Ils nous ont alors demandé de l’aide. Nous allons envoyer une mission d’expertise du stockage».

La France développe le service après vente

Pour fidéliser et pérenniser les débouchés céréaliers français, «nous nous sommes rendu compte qu’il fallait fournir une sorte de “service après vente” en apportant un appui technique à l’ensemble de la filière utilisatrice», explique Jean-Jacques Vorimore. Ainsi, Fec a fait don d’un échantillon de 300 t qui ont été expédiées par conteneurs vers Canton, dont la région s’avère particulièrement aride. En décembre dernier, ces blés ont fait l’objet d’essais industriels en meunerie. Le réglage des moulins doit en effet être adapté au blé français qui n’a pas les mêmes caractéristiques que les variétés fournies par les Américains et les Australiens qui proposent des blés hard. Une fois les diagrammes adaptés, le rendement farine plaide en faveur de la marchandise hexagonale ! L’aptitude à la fabrication de nouilles et pains vapeurs des farines obtenues a également été testée, car «nous avions le soucis de satisfaire aussi leurs clients». Les produits finis se sont avérés «d’excellente qualité et ont été appréciés». Le taux protéique de nos blés panifiables, moins élevé que ceux de la concurrence anglo-saxonne, «correspond bien aux applications chinoises».

Les résultats de ces tests ont été présentés en début d’année lors d’un séminaire regroupant les principaux meuniers de la région. Une réunion qualifiée d’«extrêmement intéressante par Cofco et qui a renforcé sa confiance envers les blés français», assure le président de Fec. «Nous pouvons donc considérer que nous sommes référencés sur le marché chinois du blé où nous voulons être présents sur la durée».

«Continuer à pousser les feux»

Avec cet engagement, qui a pris un caractère très solennel, «nous avons prolongé l’action menée en octobre 2004 avec Jacques Chirac lors du précédent voyage». L’occasion pour le président de Fec de se satisfaire de constater que «nos grands dirigeants politiques soient entrés dans le jeu et se comportent de plus en plus comme des vendeurs. Ils ont eu l’occasion d’être en contact direct avec les relations commerciales et techniques. Ils semblent avoir compris leur rôle, leurs priorités et les enjeux.» Et ils ne sont pas négligeables, puisque les ventes de blé généreraient 200 à 300 M$. Une somme sur laquelle la France pourrait compter chaque année, «alors qu’un airbus, on ne le vend qu’une fois».

La visite présidentielle s’était soldée par un accord portant sur la vente de 700.000t. Celle-ci est en fin d’exécution et s’est faite dans de bonnes conditions. Avec la signature de l’accord franco-chinois d’avril 2005, «nous avons amorcé la pompe pour la campagne suivante». D’autres achats pourraient donc intervenir par la suite. Le niveau de la récolte chinoise sera à cet égard déterminant et «si la production s’annonce pour le moment dans la moyenne, il est trop tôt pour savoir» quels seront leurs besoins d’importation. «On pense qu’ils sont de toute façon déficitaires et qu’ils puisent sur leurs réserves». Quoi qu’il en soit, la France à fait savoir à Pékin qu’elle serait à même de lui fournir jusqu’à 2 Mt, en conservant son équilibre de marché. En effet, «la plaine est belle et nous auront un stock de report important et de très bonne qualité», argumente Jean-Jacques Vorimore concluant : «au delà de ces 500.000 t, la balle est désormais dans leur camp !»

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