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Biocarburants, retour de flammes

Les premiers dommages collatéraux liés à l’essor du bioéthanol se font sentir

SURCHAUFFE. Anticipant l’épuisement des réserves pétrolières et dans un soucis de préservation de l’environnement, la planète s’enflamme pour les biocarburants. Mais leur essor n’est pas sans effets secondaires. Des conséquences néfastes, comme la flambée des matières premières, se font déjà sentir.

Tension des prix alimentaires

« La forte demande sur les biocarburants raffermit les prix au grand dam des pays pauvres », indique la FAO dans son rapport sur les “perspectives de l'alimentation”, publié début juin. Le développement des biocarburants serait, en effet, le principal responsable de la hausse des prix des importations alimentaires en 2007. Celle-ci atteint 9 % dans les pays développés et 10 % dans ceux en développement. Le rapport estime que « les cours anormalement élevés du maïs poussent à la hausse les prix du soja, ces deux denrées rivalisant sur les marchés fourragers et énergétiques ». Et cette tension se répercute sur les prix de la viande. Selon les auteurs du rapport, la progression des volumes céréaliers ne devrait pas suffire à satisfaire celle des besoins, alimentaires et industriels, gonflés par la demande liée aux biocarburants.

Explosion des prix des terres brésiliennes

Au Brésil, c’est le prix des terres agricoles qui subit le contrecoup de l’engouement pour le bioéthanol. La multiplication des projets industriels a propulsé la valeur des zones de cultures de cannes à sucre à leur plus haut historique. En avril, l’hectare valait 3.432 reals, contre 3.000 il y a un an. Le gain est de 11,64 % en moyenne sur 2006, mais culmine à 84 % dans le nord-est du pays. La canne se soustrait rapidement aux autres cultures brésiliennes, soja ou céréales selon les régions.

Aux états-Unis, l’enthousiasme des premiers temps devrait retomber, le marché arrivant à saturation. « C’est la fin de la lune de miel », image Antoine Halff, analyste de la maison de courtage Fimat. Là aussi l’appât du gain a suscité d’importants investissements : 120 éthanoleries, à même de produire 6,2 Mt, seraient en service. Et les volumes devraient doubler d’ici 2009 avec 80 sites en projet. Le problème est que « le marché américain a des capacités d’absorption encore limitées ». L’éthanol n’y représente que 5 % des ventes d’essence. Sa compétitivité et les subventions étatiques pourraient encourager son développement, « mais pour lui trouver des débouchés, il va falloir procéder à des investissements considérables ». Distribution limitée (1.100 pompes), problèmes d’infrastructures, insuffisance des capacités de stockage et de transport sont autant de freins au développement, d’autant que la production est concentrée dans le Midwest et la consommation sur les côtes. Face à l’envolée du maïs, les experts s’interrogent : l’investissement dans l’éthanol sera-t-il toujours rentable dans un an ?

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