Baisse des prix des céréales attendue en 2023 par la société d'études Cyclope
Les cours du blé tendre, du maïs, des huiles végétales et de la graine de soja pourraient pâtir de récoltes mondiales pour le moment confortables, a indiqué la société d'études Cyclope lors d’une conférence organisée au Salon international de l’agriculture le 2 mars 2023.
Les cours du blé tendre, du maïs, des huiles végétales et de la graine de soja pourraient pâtir de récoltes mondiales pour le moment confortables, a indiqué la société d'études Cyclope lors d’une conférence organisée au Salon international de l’agriculture le 2 mars 2023.
La société d’études Cyclope attend un recul des prix moyens des céréales et des oléagineux entre les années 2022 et 2023, a t-elle affirmé lors d’une conférence organisée par FranceAgriMer (FAM) au Salon international de l’agriculture (SIA) le 2 mars 2023. Dans le détail, le contrat blé sur le CBOT à Chicago perdrait environ 11 % de sa valeur sur la période (contre 13 % pour le contrat Euronext à Paris, en raison de la parité euro-dollar), le maïs 5 %, et la graine, l’huile et le tourteau de soja respectivement 9 %, 10% et 14%.
« Pour le moment, a priori, nous devrions avoir de bonnes récoltes en 2023-2024. (…) On voit le phénomène La Niña qui s’en va peu à peu et les craintes que nous avions sur El Niño n’ont pas l’air de se préciser sur cette campagne », s’est exprimé Philippe Chalmin, président de Cyclope.
Bien entendu, le contexte de fond reste très volatil. Il s’agira de surveiller, entre autres, la mousson en Inde (jouant sur la récolte de sucre mais aussi de blé), les potentiels effets du phénomène El Niño, le niveau des importations chinoises, le déroulement de la guerre en Ukraine, incluant les négociations sur les corridors humanitaires, et les conséquences de la politique européenne sur la production locale (projet Farm to Fork, pacte vert…).
L'Inde, la Russie, l'Ukraine et la Chine sous surveillance
Au sujet de l’Inde, Philippe Chalmin rappelle que, bien que la récolte locale aura un effet sur les échanges mondiaux de blé, le pays reste un exportateur très aléatoire, faisant essentiellement du troc avec l’Iran, payant une partie du pétrole avec son blé. Par ailleurs, « les Indiens ont des problèmes de classification : il y a de quoi monter sur ses ergots ! », ironise l’économiste.
Concernant les corridors humanitaires, les exportations ukrainiennes sont bien entendu à surveiller, mais également celles depuis la Russie. « Les expéditions russes pourraient être touchées à un moment ou à un autre. Les négociants rapportent des difficultés de la part des banques pour financer des exportations de céréales russes. Ajoutons à cela la hausse des coûts d’assurance », rappelle-t-il.
Autre élément à surveiller : les prix du gaz naturel, servant à la production des fertilisants azotés. « La Chine a réduit ses importations de gaz de 15 % à 12 % entre 2021 et 2022. Mais si la reprise économique du pays se confirme avec la fin de la politique zéro Covid, que se passera-t-il ? », prévient l’expert de Cyclope. En effet, un rebond des achats chinois est susceptible de tirer vers le haut les prix du gaz, et donc des fertilisants, et ainsi des céréales.
Quid de la demande mondiale de la nutrition animale ?
Alors que certains analystes tablent sur une forte baisse de la consommation de la part de la nutrition animale, pénalisant celle de céréales, Cyclope n’intègre pas, pour le moment, ce phénomène dans son scénario. « Il me semble qu’il y a une relative inélasticité de la consommation alimentaire par rapport aux prix, qui plus est à l’échelle de la planète. Nous nous basons essentiellement sur les perspectives de production, qui sont plutôt bonnes un peu partout », argue Philippe Chalmin.