Alimentation animale - Les acides aminés apportent-ils une véritable autonomie protéique ?
Alors que l’autonomie protéine de la nutrition animale est affichée comme un objectif majeur, le risque de tomber d’une dépendance au soja sud américain vers une dépendance plus forte encore aux additifs chinois augmente bien que l’usage des acides aminés ait déjà permis de réduire nos importations de tourteaux.
Alors que l’autonomie protéine de la nutrition animale est affichée comme un objectif majeur, le risque de tomber d’une dépendance au soja sud américain vers une dépendance plus forte encore aux additifs chinois augmente bien que l’usage des acides aminés ait déjà permis de réduire nos importations de tourteaux.
Lors du dernier Feed Info Summit des 26 et 27 septembre à Barcelone, les participants à la table ronde consacrée à la dépendance de l’industrie de la nutrition animale notaient l’absolue domination de l’empire du Milieu sur les acides aminés comme les vitamines. Sur certains, comme la lysine et la thréonine, la Chine semble indétrônable.
La capacité de production chinoise des additifs destinés à la nutrition animale, rassemblées par Feedinfo’s Supply and Demand Database, était ainsi de 22 % de la capacité mondiale en méthionine en 2021, une part croissante (27 %) depuis le démarrage de la nouvelle usine Adisseo de Nanjing en août dernier, qui devrait encore augmenter pour atteindre 31 % l’an prochain avec l’agrandissement d’une des usines existantes. En lysine, la capacité chinoise représente 69 % de la capacité de production mondiale, une part encore supérieure en thréonine où elle atteint 95 %. Du côté des vitamines, la Chine représente respectivement 43 % de la capacité de vitamine A, 71 % de la capacité en vitamine E (huile) et 62 % pour la vitamine B2. Les producteurs comme Adisseo investissent toutefois aussi dans des capacités de production plus proches de leurs marchés, notamment en Amérique du Sud. Les Etats-Unis dominent toujours la production de méthionine. Les lignes bougent un peu, avec des productions brésiliennes de lysine à partir de sucre depuis quatre ans quand les Etats-Unis la produisent à partir de maïs.
Jouer la carte bas carbone pour les acides aminés européens
Pour autant, tous les fournisseurs ne baissent pas les bras même si, clairement, personne ne voit l’UE atteindre un haut degré d’autonomie dans les dix prochaines années.
Du côté européen, Metex Noovistago (ex Ajinomoto Animal nutrition Europe, racheté au printemps 2021 par le français Metabolic Explorer) fabrique par fermentation des acides aminés dans son usine d’Amiens (comme la lysine, la thréonine, le tryptophane et la valine). Il se positionne notamment par l’impact environnemental inférieur de ses acides aminés : « la production française, bas carbone, a un impact environnemental en moyenne cinq fois inférieur à une production chinoise et en moyenne trois fois inférieur à une production provenant d’autres origines », pointe l’entreprise. Elle annonce que les résultats des analyses de cycle de vie seront progressivement mis à disposition des clients de ses acides aminés sous la marque Noovalife.
Pour Nicolas Martin, directeur Développement durable du groupe Metex : « basculer l’approvisionnement d’acides aminés hors Europe vers un approvisionnement issu de la production Metex pourrait faire baisser l’empreinte carbone de la viande de 10 % ».