Elevage et transformation d'insectes
Agronutris : sa première usine sera opérationnelle d’ici fin 2022
Le spécialiste français de l’élevage et de la transformation d’insectes, Agronutris, a récolté 100 M€ pour passer à l’échelle industrielle. Son objectif est de construire neuf sites de production à travers le monde à l’horizon 2029.
Le spécialiste français de l’élevage et de la transformation d’insectes, Agronutris, a récolté 100 M€ pour passer à l’échelle industrielle. Son objectif est de construire neuf sites de production à travers le monde à l’horizon 2029.
« Cette levée de fonds [de 100 M€, dont 50 M€ en fonds propres] nous donne les moyens d’entamer une nouvelle étape de notre développement [à savoir l’industrialisation de la production de protéines à base d’insectes], mais c’est aussi une reconnaissance du chemin parcouru par l'entreprise ces dix dernières années [notamment en termes de R&D] », déclare Cédric Auriol, co-fondateur et directeur général d’Agronutris, dans un communiqué en date du 30 septembre. Si la levée de fonds va permettre de financer les deux premières usines de l’entreprise, qui devraient entrer en production fin 2022 et courant 2023, Agronutris a l’ambition de construire au total neuf sites industriels à travers le monde d’ici 2029 pour devenir « un acteur mondial de premier plan dans la nutrition durable ».
Vers une capacité de conversion de bio résidus croissante
Les travaux de la première usine, basée à Rethel (Ardennes), doivent se terminer en fin 2022. Sa capacité de conversion de bio résidus est estimée à 70 000 tonnes par an. « Avec la mise en place rapide d'une deuxième usine d'une capacité trois fois supérieure, la capacité de conversion de bio résidus s'élèvera à 280 000 t/an à partir de l'année 2024 », indique le porte-parole d’Agronutris. Ce deuxième site industriel se situera en France. « Plusieurs sites sont à l'étude et la décision d'implantation sera prise dans les prochaines semaines », affirme le représentant de la société de biotechnologie.
A l’horizon 2029, ce seront 1,5 Mt/an de bio résidus qui seront transformées par neuf unités de production, basées à travers le monde.
Un approvisionnement local en matières premières organiques
« L’implantation [du site de Rethel] est motivée par la présence de nombreux gisements d’intrants, sous-produits et coproduits de l’agro-industrie, qui servent à nourrir les insectes élevés dans l’usine », précise le communiqué. « Des partenariats ont été conclus dans la région auprès de grands groupes industriels qui nous fournissent en bio résidus », ajoute le porte-parole d’Agronutris.
Ces bio résidus sont des coproduits de la meunerie, de l'amidonnerie, de la distillerie et de l'industrie sucrière, « qui ont une faible valeur et que nous pouvons valoriser via notre process » - à savoir l’élevage et la transformation d’insectes - « en aliments de haute qualité pour l'alimentation animale », argumente le représentant d’Agronutris. Le savoir-faire de la société de biotechnologie, forte de dix années de R&D, a de fait permis de combiner ces bio résidus pour obtenir « un aliment idéal pour les insectes ».
Des produits de qualité à des prix compétitifs
« Les premières productions du site industriel [de Rethel] porteront sur l’élevage et la transformation de la mouche soldat noire, à destination des marchés de l’aquaculture et du petfood », selon le communiqué. De fait, énumère le porte-parole d’Agronutris, trois produits vont sortir de l’usine :
- des protéines sous forme de farine, « au profil nutritionnel particulièrement intéressant pour l'alimentation animale (profil complet en acides aminés essentiels et haut taux de protéines, plus haute digestibilité) »,
- des lipides sous forme d’huile, « riche en acide laurique, avec des propriétés antibactériennes et antimicrobiennes, à destination du petfood »,
- un fertilisant sous forme d’un engrais organique, « à teneur élevée en azote, phosphore et potassium, représentant une bonne alternative aux produits chimiques ».
En termes de prix, « avec le passage à l'échelle industrielle, les produits d'Agronutris seront compétitifs pour leurs marchés de destination », assure le représentant de la société de biotechnologie.
De multiples débouchés en alimentation animale
L’aquaculture et le petfood ne sont pas les seules cibles convoitées par Agronutris. « La Commission européenne ayant autorisé en août l'utilisation de protéines à base d'insectes pour l'alimentation des volailles et des porcs, ce sont de nouveaux marchés qui s'ouvrent et auxquels nous allons nous adresser rapidement », confie le porte-parole d’Agronutris.
La volaille et les porcs ont en effet une alimentation naturelle contenant des protéines animales, contrairement aux ruminants, qui n’en consomment pas et ne représentent pas un marché potentiel pour les farines d’insectes.