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Certification
« La HVE n’est pas contre les autres certifications mais à côté et s’adresse au plus grand nombre »

Josselin Saint-Raymond, secrétaire général de l’Association nationale de développement de la HVE – HVE et directeur à l’Association nationale pommes poires, donne son avis sur la révision à venir de la certification HVE.

Josselin St-Raymond, secrétaire général de l'association HVE
© HVE

A l'occasion d'un point presse sur les aides à l'agriculture biologique le 1er juin, le ministère de l’Agriculture a indiqué que l’étude d'évaluation de la HVE (niveau 3 de la certification environnementale des exploitations), qui sera lancée au printemps sous le pilotage du ministère de la Transition écologique, « devrait aboutir en début d’année prochaine, en vue d’avoir un référentiel de certification environnementale rénové pour la mise en place des éco-régimes en 2023 ». Tout est sur la table (suppression de la voie B, interdiction des CMR*, comparaison des IFT aux références régionales…, y compris la création d’un niveau intermédiaire s de type « 2+ ». Le ministère a par ailleurs confirmé que la HVE et l’Agriculture biologique seront associées aux mêmes montants d’écorégime, « même si les montants en question, ainsi que « les critères d’accès et la manière de valoriser les infrastructures agroécologiques restent à définir ».

La Dépêche-Le Petit Meunier : Quel est votre sentiment concernant le débat autour de la HVE ?

Josselin Saint-Raymond : L’intérêt de la HVE est qu’il s’agit d’un outil souple de la transition agroécologique pour valoriser les bonnes pratiques agricoles. Il n’est pas contre les autres certifications mais à côté et s’adresse au plus grand nombre. Une autre chose intéressante avec la HVE, c’est que l’on mesure les résultats de pratiques. Les critères de notation permettent aux intéressés de se situer dans une logique d’amélioration permanente. Son intégration, qui est en bonne voie je pense, dans la logique des écorégimes confirmera cette démarche comme levier pour une meilleure valorisation des bonnes pratiques et la possibilité de construire de la plus-value produit. Je connais des producteurs qui sont en AB et qui passent la certification HVE pour vérifier leurs pratiques et les résultats obtenus. Le débat actuel de la bio contre les autres démarches, et qui consiste à taper sur un modèle pour souligner ses points faibles, n’a pas beaucoup de sens. On pourrait aussi faire l’inverse. Pour moi, l’important, c’est qu’apporte-t-on à nos concitoyens et aux consommateurs en termes de responsabilités environnementales, avec l’impact le plus faible possible, de qualité des produits et de l’accessibilité en termes de prix au plus grand nombre possible.

LD-LPM :  Comment améliorer la démarche HVE ?

J. St-R. : Certes, les notions autour du bien être animal, du stockage du carbone ou encore des produits CMR ne sont pas intégrés. Nous voulons y travailler, avec toutes les parties concernées. Un point d’attention cependant : que les travaux à venir soient réellement une évolution et non une révolution. On travaille sur le temps long en agriculture et nous avons donc besoin de stabilité réglementaire. Un verger est implanté pour 20 ans, une vigne pour 40 ans… Les agriculteurs ont besoin de temps pour se projeter et de temps pour s’adapter même si, bien sûr, il faut savoir s’adapter et évoluer avec la science et les connaissances. Sur la partie stockage de carbone, par exemple, nous manquons de référents et de références. Nous avons donc entamé un travail avec, pour la filière fruits et légumes, l’Inrae, l’Inrae Transfert, l’Ademe et le CTIFL, sur ce sujet. Il faut effectuer ce travail aussi pour d’autres filières, à travers des groupes de travail, pour pouvoir faire des propositions à l’horizon 2023. Il faut aussi mener une réflexion fine sur les modes de production hors sol ou encore sur les pratiques en matière d’intrants. Il existe des pratiques vertueuses sur ces aspects. Il n’est pas forcément nécessaire de jeter aux orties, purement et simplement, le processus d’accès à la HVE par la voie B. Il faut prendre le temps de l’expliquer – elle est certainement mal comprise – et de la regarder.

LD-LPM : Et en conclusion ?

J. St-R. : Je souhaite vivement que nous pourrons échanger avec les ONG. On a besoin d’un retour à la sérénité, de dialogue avec tout le monde et de garder comme idée essentielle la nécessité d’embarquer dans ces démarches un maximum d’exploitations et de filières pour aller vers des pratiques plus vertueuses. Donnons de la visibilité et un calendrier à tout cela. Il faut garder aussi à l’esprit l’intérêt général de la Ferme France. Encore une fois, il n’y a pas d’opposition entre les différents modèles et leur diversité est une chance pour l’agriculture française.

* CMR : cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction

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