La controverse de la cohabitation entre loup et élevage ovin
Lycéens et apprenants du lycée agricole de Saint-Pouange, dans l’Aube, ont réalisé un travail de réflexion sur les impacts du retour du loup au niveau de différents groupes sociétaux.
Lycéens et apprenants du lycée agricole de Saint-Pouange, dans l’Aube, ont réalisé un travail de réflexion sur les impacts du retour du loup au niveau de différents groupes sociétaux.
Schématiser sa représentation de la situation
La première étape pour les lycéens et les apprenants du BTS ACSE de Saint-Pouange était de rassembler tous les a priori qu’ils pouvaient avoir sur le loup. Chacun d’entre eux a ensuite choisi ceux qui lui semblaient les plus véridiques. « Par petits groupes, en composant avec les personnalités de chacun afin que tous puissent s’exprimer, les élèves ont construit un premier schéma représentant la situation de cohabitation telles qu’ils l’imaginaient. « Avec les différents schémas ainsi récupérés, nous en avons construit un global, mettant en image les différents groupes d’acteurs de la controverse. » Une facilitatrice graphique est venue en aide aux élèves et professeurs.
Des groupes antagonistes perméables
Le travail des élèves de Saint-Pouange a mis en lumière trois groupes d’acteurs qui s’affrontent sur le sujet du loup. D’une part, les « favorables à la cohabitation » ou « Pro-Loup » qui défendent la place du grand prédateur dans la nature. D’autre part, les « Anti-loup », qui refusent son retour. « Ces groupes sont difficiles à définir, ils ne sont pas forcément liés aux catégories socioprofessionnelles des protagonistes. Il y a des éleveurs qui sont favorables à la cohabitation et l’inverse existe aussi », souligne Emmanuelle Zanchi. D’un côté comme de l’autre, les arguments avancés se basent sur des données scientifiques et suggèrent un échange entre les partis. « Celui-ci est néanmoins houleux, notamment sur des sujets épineux tels que les tirs, explique l’animatrice. Il constitue un point de divergence majeure entre les acteurs. Mais la communication n’a pas été rompue jusqu’ici. »
Le troisième groupe d’acteurs désigne les « polémistes », présents aux deux extrémités du débat. « Parmi les acteurs qui refusent le retour du loup, les polémistes sont particulièrement actifs et mettent en avant des théories selon lesquelles le loup n’est pas revenu seul dans notre territoire mais aurait été réintroduit, plus encore dans les zones protégées », appuie Emmanuelle Zanchi.
Prendre du recul et garder l’esprit ouvert
Le schéma proposé pour les élèves de Saint-Pouange a ensuite été validé par les agents de l’OFB. « Gardons en tête que ce schéma a été réalisé par des jeunes de l’Aube, il ne serait sans doute pas le même s’il avait été conçu dans une zone de forte prédation historique, insiste l’animatrice du projet. Néanmoins, il serait intéressant d’apporter ces outils de réflexions dans d’autres établissements scolaires. Cela a permis aux jeunes de prendre du recul sur un sujet parfois douloureux et de démonter certains de leurs a priori, souvent néfastes pour la construction d’un débat. »
La polémique fait en tout cas toujours rage depuis des dizaines d’années, portée par les médias dans l’arène publique. « Chacun de ces groupes désignés va essayer d’user de ses arguments pour influencer les politiques publiques, les perceptions sociétales, conclut Emmanuelle Zanchi. Avec pour objectif de faire évoluer les normes sociales et politiques autour de la cohabitation du loup avec les activités d’élevage. »