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La biochimie sanguine, pour mieux piloter la santé animale des volailles

L’analyse des contenants du sang aide à mieux cibler la prise en charge thérapeutique, comme le montre une étude de Labovet Conseil sur des cas de boiteries. Elle montre aussi un intérêt dans la prévention des maladies.

Émilie Mérigoux, vétérinaire à Beaupréau : « La biochimie sanguine aide à mieux comprendre et à piloter le métabolisme. » © A. Puybasset
Émilie Mérigoux, vétérinaire à Beaupréau : « La biochimie sanguine aide à mieux comprendre et à piloter le métabolisme. »
© A. Puybasset

Dans le sang, circulent de nombreuses molécules qui peuvent être révélatrices du fonctionnement ou du dysfonctionnement du métabolisme : rénal, hépatique, statut nutritionnel… La technique de biochimie sanguine, qui consiste à doser ces paramètres sanguins (acide urique, calcium, phosphore…), est utilisée en médecine individuelle mais très rarement en productions avicoles. « C’est pourtant un outil intéressant, avec plusieurs axes d’utilisations possibles dans la prévention et le suivi de la santé animale, pour affiner une prescription diététique ou valider des itinéraires techniques et alimentaires », a expliqué Émilie Mérigoux, vétérinaire Labovet Conseil-Réseau Cristal, lors de la conférence Actualités en pathologie aviaire organisée par l’Amva-WVPA (1). « La biochimie sanguine permet de mettre en évidence les conséquences liées à la présence d’un organisme (virus, bactérie…) mais ne détecte pas l’organisme en lui-même », précise-t-elle. Elle arrive en complément d’autres types d’analyses dont le rôle est de déterminer la cause de la maladie (autopsie, bactériogramme…).

Affiner la correction minérale lors de boiteries

L’intérêt de l’usage de la biochimie sanguine a été illustré par une étude du laboratoire Labovet Conseil sur des cas de boiteries en volailles, d’origine infectieuse ou non. Lors de troubles locomoteurs, l’équilibre entre le taux de phosphore et de calcium peut être affecté, dans un sens comme dans l’autre. « Le dosage de ces paramètres sanguins a permis de mieux cibler la prescription diététique de compléments minéraux en fonction des niveaux de carences. » Ainsi, sur les 22 cas de boiteries en poulet, dinde et canard, le recours à la biochimie a abouti à une prescription en phosphore dans 55 % des cas, de calcium dans 27 % des cas, à une complémentation mixte (4 %) ou à aucune complémentation (14 %). Cette analyse permet parfois d’éviter un traitement inutile. « Par exemple, lors d’un cas de boiteries sur un lot de dindes, il a pu être démontré que les teneurs excessives en calcium et en phosphore étaient liées à un surdosage de vitamine D administré dans l’eau de boisson et non pas à une maladie digestive », illustre-t-elle. La boiterie était une conséquence des troubles rénaux. Le retour à la normale a été constaté trois semaines après l’arrêt de la supplémentation en vitamine.

Constituer des valeurs de références

Les normes de dosage des différents composants sanguins différent selon l’espèce, la production et l’âge. « Un poulet certifié n’aura pas forcément les mêmes valeurs de références qu’un poulet standard." C’est pourquoi le recours à la biochimie nécessite d’avoir un échantillon représentatif et de prélever 5 sujets malades et 5 sujets sains, pour avoir une base de comparaison.

La biochimie sanguine peut par ailleurs être utilisée pour suivre l’évolution de paramètres biochimiques sentinelles et mieux anticiper des baisses de performances. Le taux de cholestérol est par exemple un indicateur du risque de stéatose. Son suivi chez la poule pondeuse permet de mieux cibler l’apport de minéraux ou de protecteurs hépatiques. Chez le canard gras, le diagramme lipidique (teneur en triglycérides…) aide à déterminer l’aptitude des sujets à produire un foie gras. La biochimie sanguine sert aussi au suivi d’indicateurs physiologiques de bien-être animal. Elle fait partie de la palette d’outils d’analyses déployée par le Réseau Cristal dans le cadre de sa démarche de progrès Alterbiotique, qui vise à limiter l’usage d’antibiotiques par des mesures de prévention et l’utilisation de produits de substitution.

(1) Groupe français de l’association mondiale vétérinaire d’aviculture.

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