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Fruits secs
Juste Bio lance Cocorico, une gamme 100 % origine France

La gamme se compose de quatre références de légumineuses, graines et fruits à coque. La PME vauclusienne fait le point pour FLD sur les difficultés d’approvisionnement bio et français mais également sur les autres perspectives d’innovations sur le marché des fruits secs.

© Julia Commandeur - FLD

Grosse année pour le spécialiste des fruits secs bio en vrac Un air d’Ici. Après avoir emménagé dans une usine flambant neuve de 10 000 m2, la PME prépare désormais l’obtention de la certification IFS, prévu pour la fin de l’année. Et surtout en ce mois de mars, elle lance en GMS une nouvelle gamme 100 % origine France : Cocorico.

Visite en image de la nouvelle usine de Juste Bio

La gamme se compose de quatre références à base de légumineuses (et graines) et de fruits à coque : Cerneaux de noix origine Sud-Ouest (80 g, PVC : 4,48 €) ; Graines de courge origine Sud-Ouest (100 g, PVC : 3,50€) ; Graines de tournesol origine Sud-Ouest (100 g, PVC 2,10 €) ; Mélange 100 % graines de France : courge, tournesol, sarrasin grillé, chanvre... (100 g, 3,10€).

Une attente forte pour du local et du français, mais reste la question du prix

Les volumes restent pour le moment confidentiels et la gamme limitée à ces quatre références. « C’est la disponibilité de la matière première et le prix qui a guidé la construction de la gamme, explique à FLD le PDG Franck Bonfils. Elle est vendue uniquement en sachets biodégradables compostables, en raison de la faiblesse des volumes et pour protéger et valoriser l’origine France et la certification bio. » Tout juste lancée, il est encore trop tôt pour un premier bilan côté consommateurs. En revanche, Franck Bonfils souligne un bon accueil des distributeurs qui ont bien référencé la gamme. « Avec cette nouveauté, on espère gagner de nouvelles parts de marché chez nos clients déjà existants et recruter une nouvelle clientèle, précise-t-il. A voir la réception des consommateurs : seront-ils prêts à payer effectivement beaucoup plus cher pour l’origine France ? »

Sourcer au plus proche

L’attente est en effet de plus en plus forte pour des produits français. 63 % des consommateurs préfèrent acheter des produits origine France ou avec des ingrédients français (Nielsen, mai 2020) et 79 % des acheteurs de bio privilégient la production locale (Kantar, février 2021). « Chez Un Air d’Ici/Juste Bio, nous avons toujours réfléchi notre approvisionnement au plus proche, rappelle Franck Bonfils. Nous avons structuré des filières pour assurer nos volumes, toujours en bio, en travaillant toujours au plus près, avec une trentaine de pays différents. Par exemple, pour l’amande, plutôt que de sourcer le gros fournisseur qu’est la Californie, nous nous approvisionnons en Espagne, qui est plus proche, en direct producteurs. Et nous nous lançons désormais officiellement dans l’origine France. »

Des volumes français limités : la France limite la casse en légumineuses

La difficulté avec cette nouvelle gamme ? La disponibilité des volumes. « Pour les légumineuses, la France tire son épingle du jeu en lentilles vertes, pois cassés, maïs à pop-corn, etc. et réussit à avoir une certaine compétitivité face à la concurrence étrangère », précise Guillaume Quillard, directeur des achats. Juste Bio travaille ainsi depuis déjà 5 ou 6 ans avec des coopératives françaises, notamment dans le Sud-Ouest, en achetant par exemple 150 t de lentilles vertes par an.

« Les légumineuses, ça se planifie bien, surtout dans un modèle coopératif, et depuis sept ans, elles ont le vent en poupe pour leurs atouts agronomiques et nutritionnelles et la relocalisation en France s’accélère. Mais faire des légumineuses demandent des investissements conséquents, en machines notamment, et les rendements à l’hectare en bio comparé au conventionnel sont complètement différents en fonction des années : les coopératives ont parfois du mal à persuader leurs producteurs de se lancer. » Néanmoins Juste Bio parvient à se fournir. La PME représente 250 à 300 t d’achats, en particulier en lentilles vertes. « Et avec la montée des légumes corail, cela va ajouter 150 à 200 t d’achats supplémentaires », souligne Guillaume Quillard.

Des fruits à coque français ET bio : mission quasi impossible

En fruits à coque, c’est une autre histoire. Les exploitations françaises sont de petite taille, l’investissement est conséquent -les vergers étant plantés pour des dizaines d’années-, et la disponibilité des terres n’est pas si évidentes. « Les volumes disponibles sont extrêmement faibles face à la demande, déjà en conventionnel, sans parler du bio, regrette Guillaume Quillard. Et la concurrence étrangère, surtout de Californie, Moldavie et Ukraine, est très forte en termes de compétitivité. L’écart de prix est de x2 à x2,5. Autre souci : le cerneau de noix origine France se source plus facilement mais les noix produites en France sont souvent cassées en Moldavie, la main d’œuvre y étant beaucoup moins chère. C’est contre-productif, ce n’est pas notre philosophie chez Juste Bio. »

L’approvisionnement chez Un Air D’Ici Un Air d’Ici négocie environ 70 % de ses volumes à la récolte, chaque année. Le reste permet des actions spot, des diversifications d’origine, des ajustements en cas d’aléas. Quatre origines font 70 % des achats : l’Espagne, le Vietnam, la Turquie et la Chine. « Mais on regarde d’autres origines : pourquoi pas l’Afrique pour la noix de cajou ou de macadamia?, glisse Guillaume Quillard. Plus que le changement climatique, ce sont les écarts climatiques par saison qui pose problème, c’est pour cela que nous diversifions nos producteurs par origine. Et nous avons des relais sur place en Asie pour assurer les contrôles qualité sur place, recruter de nouveaux producteurs, garantir nos standards, et nos relations avec l’amont. »

Fruits secs bio en vrac : où aller chercher les innovations ?

Pour la PME vauclusienne Un Air d’Ici, les innovations sont partout : la manière de distribuer le vrac, sur les origines de la matière premières et surtout sur les produits. Les nouveautés produits portent plus sur les recettes et sur les usages que sur le fruit brut en lui-même, Juste Bio « proposant déjà quasi tous les fruits qu’il est possible de sourcer ». « La tendance du marché va à l’aromatisation -l’aspect apéritif, convivial-, avec moins de gras et moins de sel, analyse Sabine Fahy, chargée de communication. Déjà bien travaillé sur l’amande, nous regardons pour décliner d’autres fruits à coque : pourquoi pas aromatiser la noix du Brésil ou la proposer en éclats ? Les poudres et autres références à pâtisserie pour compléter le classique poudre d’amande/de noisette/de coco sont aussi en réflexion, les Français s’étant redécouvert une passion pour les gâteaux maison. »

Juste Bio regarde aussi de nouveaux débouchés : la GMS reste le principal marché (à 95 %), le reste est envoyé vers la RHD (en pause en ce moment), en magasins spécialisés et, nouveauté, en digital. « C’est notre axe de développement pour l’année prochaine, on a envie d’aller sur ces marchés, confie Franck Bonfils. Avec les confinements, nous nous sommes en effet lancé dans le e-commerce BtC : les produits sont proposés à la livraison en domicile ou points relais aux consommateurs). » Ce qui ne devait être à l’origine qu’une vitrine pour la marque devient un véritable enjeu. Le site représente moins de 1 % du chiffre d’affaires -pour le moment. Une refonte est prévue et la PME vauclusienne croit fortement en ce nouveau débouché.

Enfin, autre source d’innovation à ne pas oublier des réflexions : les emballages et la distribution des produits en vrac : « Automatisation, digitalisation, simplification… Il y a des choses à faire, estime Franck Bonfils. Mais attention à ce qu’on entend par vrac et ce qu’on en fait. Aujourd’hui les grandes marques s’en saisissent et le vrac devient un marché d’opportunisme qui risque de perdre en crédibilité. »

 

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