« J’ai procédé par étapes pour arriver à 45 ares de pâturage par vache avec un robot »
Dans le Morbihan, avec un robot, Tangi Tréhin a augmenté la part d’herbe pâturée de 8 à 45 ares par vache en six ans. En période de pâturage, le coût alimentaire est inférieur à 53 euros pour 1 000 litres.
Dans le Morbihan, avec un robot, Tangi Tréhin a augmenté la part d’herbe pâturée de 8 à 45 ares par vache en six ans. En période de pâturage, le coût alimentaire est inférieur à 53 euros pour 1 000 litres.
Après six ans de transition et de tâtonnement, Tangi Tréhin estime son système désormais calé : « 45 ares par vache, 7 400 kilos de lait avec un robot et un coût alimentaire inférieur à 53 euros pour 1 000 litres en période de pâturage ». « Sur la dernière campagne, au plus bas, la moyenne journalière était à 23 kilos et au plus haut à 31 kilos », chiffre-t-il.
Lorsque Tangi Tréhin a rejoint le Gaec familial en 2016, la soixante de vaches était conduite dans un système en bâtiment avec une alimentation basée sur du maïs et une traite robotisée depuis 2010. « Plutôt que de focaliser toutes les décisions uniquement sur le litrage produit, je me suis intéressé à la marge sur coût alimentaire, retrace le jeune éleveur. Et ce n’était pas vraiment optimisé ».
De 8 à 45 ares par VL très progressivement
Déjà, un taux élevé de cellules plombait les résultats. « Les conditions d’ambiance n’étaient pas optimales dans notre bâtiment sur aire paillée, déplore Tangi Tréhin. Mais, à l’époque, le taux d’endettement ne permettait pas d’envisager un projet bâtiment. » Comme en période de pâturage, les problèmes de cellules étaient moindres, Tangi Tréhin pousse sa réflexion dans ce sens. « J’ai fait le pari d’augmenter le pâturage pour réduire le temps en bâtiment mais aussi améliorer la marge sur coût alimentaire, partage-t-il. La présence du robot de traite ne m’a pas freiné dans ce changement de système. Au contraire, c’était un élément de plus en faveur de la maîtrise du temps de travail. »
Si Tangi Tréhin et son père avaient des problèmes avec leur bâtiment, ils avaient la chance d’avoir un parcellaire groupé avec 1 hectare par vache à moins de 800 mètres, sur les 70 hectares d’herbe à disposition du troupeau. Pour se laisser le temps d’apprivoiser cette nouvelle organisation, il décide d’augmenter progressivement le pâturage. De 8 ares jusqu’en 2016, il passe à 16 ares en 2017, puis 25 ares l’année suivante. « J’ai préféré y aller par étapes pour que le troupeau s’adapte et moi aussi ! Il a fallu que les vaches réapprennent à gagner leur ration à partir de l’herbe. » En 2018, avec 25 ares par vache et une bonne année fourragère, le silo peut être fermé pendant deux mois. Ce qui le motive à poursuivre sa maximisation du pâturage.
Fermeture du silo la moitié de l'année
En 2019 et 2020, le pâturage est augmenté jusqu’à 30 ares par vache. Le silo sera fermé entre un et deux mois selon la météo de l’année. « On était en permanence en train de faire des transitions, se souvient Tangi Tréhin. C’était un peu bancal, alors autant franchir un cap et passer à 45 ares pour assurer une ration à l’herbe pendant plusieurs mois. » Ce qui lui permettra de fermer le silo pendant cinq mois et demi.
Les 8 hectares nécessaires pour arriver à 45 ares par vache, Tangi Tréhin peut en disposer facilement grâce à son parcellaire regroupé. Mais encore fallait-il que les vaches puissent accéder seules à la stabulation pour répartir dans la journée les passages au robot. « En refaisant des chemins, l’accès au robot n’était pas problématique », apprécie le jeune éleveur.
Autre contraite : « Une route divise le parcellaire. Ce n’est qu’une communale mais elle est très fréquentée ; même à deux, c’était difficile pour faire traverser le troupeau », se souvient le jeune éleveur. Problème résolu avec un boviduc construit en 2021, grâce auquel les vaches trouvent la liberté de circuler, nécessaire à la conciliation de la traite robotisée et du pâturage.
Maintenir une bonne fréquentation du robot
Si le pâturage allège le coût alimentaire, pour l'éleveur, il ne faut pas que cela se fasse au détriment de la fréquence de traite. « J’ai beaucoup tâtonné sur les horaires, les consignes de circulation, reconnaît-il. Je les modifie régulièrement mais par petite touche, selon le niveau de production qui passe de 30 kilos au printemps à 22 kilos en plein été. Mon objectif est de maintenir 10 à 12 kilos par traite pour les multipares et 9 à 11 pour les primipares tout en faisant en sorte que les vaches ne dépassent pas les 20 heures d’intervalle de traite, ni les 20 kilos par traite ».
Après avoir peaufiné son organisation au fur et à mesure du développement du pâturage, l’éleveur a trouvé un rythme qui assure une moyenne de traite de 2,1 en période de pâturage et de 2,5 à 2,7 pendant les un à deux mois que les vaches passent en bâtiment. L’éleveur cadence les passages au robot avec le changement de paddock et l’eau qui n’est disponible que dans la stabulation.
Motiver les vaches avec de l'herbe de qualité
En début de déprimage, les vaches sortent la journée. « Elles peuvent entrer et sortir comme elles veulent si l’auge est vide. Si elles n’ont pas consommé la ration, elles sont bloquées à l’intérieur », explique Tangi Tréhin.
Une fois qu’elles sont entièrement au pâturage, l’éleveur rentre les vaches en début de matinée pour être sûr qu’elles passent toutes à la traite. Il en profite pour modifier les accès et ouvrir le paddock du jour. Les vaches sont motivées par la perspective d’accéder à cette nouvelle parcelle. Accès qu’elles n’auront qu’une fois passées au robot. Après, elles pourront circuler à leur guise entre le paddock et la stabulation, notamment pour boire.
« Certaines remontent quatre à cinq fois par jour pour boire, avec ou sans passage au robot », note Tangi Tréhin. L’accès à la stabulation est libre le soir et les vaches reviennent facilement. « Cela fonctionne plutôt bien, c’est rare d’avoir à pousser des vaches au robot », apprécie-t-il. Quand l’herbe ne permet pas de fournir une ration complète, c’est à ce moment-là que le complément leur sera distribué à l’auge. La production laitière du Gaec Les oiseaux reste entièrement calée sur la disponibilité en herbe.
Gagner des ares pâturés allège le coût alimentaire
« Je préfère raisonner en termes de marge sur coût alimentaire, que je suis au mois le mois, qu’uniquement sur le niveau de production », souligne Tangi Tréhin. En effet, en 2021, avec 45 ares pâturés par vache, la moyenne d’étable est à 7 400 l vendus pour un coût alimentaire de 53 €/1 000 l. Ce qui permet une marge brute de 235 €/1 000 l. En 2020, quand il n’y avait que 30 ares, le coût alimentaire avait été de de 68 €/1 000 l pour 8 000 l vendus.