Groupe Lorca connaît un exercice 2022/2023 agité mais réussi
La coopérative de Moselle a réussi à bien traverser les turbulences de l’année passée. Mais attention à l’effet ciseau.
La coopérative de Moselle a réussi à bien traverser les turbulences de l’année passée. Mais attention à l’effet ciseau.
Avec une collecte finale de 527 000 t, l’année 2022/2023 (les moissons ont débuté le 15 juin 2022 pour la coopérative mosellane) de la partie coopérative de Groupe Lorca s’affiche dans la moyenne basse des dernières années. « La coopérative a joué son rôle d’amortisseur pour minimiser l’impact de la hausse des prix des intrants et pour valoriser au mieux les céréales collectées » a indiqué, le lundi 4 décembre 2023 lors de la présentation de l’exercice, Philippe Dessertenne, le directeur général installé le 1er septembre dans ses nouvelles fonctions. La collecte globale du groupe s’élève à 577 000 t (contre 594 000 t l’an passé).
On peut lire dans le rapport toute la difficulté liée aux intrants. « La guerre en Ukraine et ses conséquences ont stoppé toute hypothèse d’un marché stable et abondant. Le coût des intrants a touché des niveaux historiquement hauts pour nos adhérents sollicitant ainsi leurs trésoreries sans qu’ils ne puissent l’anticiper. Lorca a donc continué de proposer un prix de marché et un prix moyen à ses agriculteurs. Les prix de marché ont subi des hausses successives de juin à décembre, atteignant des niveaux jamais pratiqués. Puis début janvier, de premières baisses sont apparues et se sont ensuite accélérées jusqu’à la fin de campagne. En parallèle du marché, la coopérative a maintenu son offre en prix moyen. Elle a joué un rôle tampon et a permis de sécuriser plus de 80 % des volumes pour le premier apport de nos adhérents au moment où ils en avaient besoin. Nous avons ainsi pu leur garantir une disponibilité tout en limitant l’inflation ». Le prix de l’énergie au aussi pesé sur les comptes.
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Les blés représentent au final 314 500 t (prix moyen de la tonne de blé payé aux adhérents base moisson : 292 €/), les orges (toutes confondues) 163 300 t et le maïs 3 720 t. Le tournesol, en plein développement dans l’Est de la France, a pesé pour 19 970 t et les colzas pour 63 020 t. Lorca a également récolté 2 860 t de pois et 10 500 t de triticale, seigle et avoine.
Le prix des céréales, malgré tout encore élevé sur l’exercice, a permis de compenser, pour les adhérents, les fortes hausses des prix des intrants. « C’était l’année de tous les dangers pour notre pôle agricole avec beaucoup de volatilité, de gestion de risques, de fluctuations quotidiennes, des risques de rupture parfois, et tout cela, chaque semaine » a commenté Morgane Pospiech, directrice du pôle agricole de Lorca.
Chiffre d’affaires en hausse et situation financière saine
Le chiffre d’affaires de Groupe Lorca s’établit au final à 506,6 M€ en 2022/2023 contre 409,1 M€ sur l’exercice précédent, avec un résultat net à 3,6 M€. « Nos capitaux propres sont passés de 125 M€ à 127 M€ et notre capacité d’autofinancement s’élève à 12,499 M€ et nous avons également réduit notre endettement, de 19,5 M€ à 15,2 M€ » précise encore Philippe Dessertenne. A lui seul, le pôle agricole a réalisé un chiffre d’affaires de 403,551 M€ contre 311,729 M€. Le solde se répartit entre deux autres pôles : jardin & terroir ; matériaux, énergie et espaces verts.
Le groupe a ainsi pu continuer à investir de façon dynamique, notamment dans un outil de gestion de la relation client, dans le développement d’un service SAV pour les adhérents ou encore l’enrichissement de sa plateforme numérique (possibilité de commandes des fournitures par exemple).
Le rapport annuel souligne aussi une dynamique retrouvée pour la part du négoce agricole dans le groupe.
En fin de présentation, Morgane Pospiech a fixé les perspectives et enjeux du pôle agricole avec la gestion de trésoreries qui ont été mises à mal en raison du prix élevé des intrants – « attention, la campagne 2023/2024 démarre avec des coûts d’intrants qui ont pris de plein fouet les augmentations de 2022/2023 » - , la structuration des filières en lien avec le captage de carbone ou encore le fait de mettre le climat au cœur des préoccupations agronomique et commerciales.
Concernant l’agriculture biologique, la collecte de produits progresse malgré tout de 10 %. « Malheureusement l’exercice 2022-2023 a été marqué par un net recul des prix et donc de la valeur ajoutée pour les producteurs. En fin de campagne, le blé AB ne se négociait que 40 € de plus que le conventionnel. Il semble qu’une offre abondante arrive en provenance de Roumanie d’où la nécessité pour le marché français de se mettre au prix afin de capter des parts de marché à l’export » note le rapport.
En conclusion, Christian Sondag, président de Groupe Lorca, a insisté sur l’enchaînement de « plusieurs années agitées avec la Covid puis le conflit Ukraine Russie » tout en soulignant que « malgré cela, les résultats sont au rendez-vous avec une bonne dynamique d’investissements » et que « la résilience de la coopérative est bien là ».
79 % de transport fluvial
Ayant inscrit son action globale d’entreprise dans une stratégie de réduction de son empreinte carbone, Lorca a fait le choix du fluvial pour une immense partie de sa politique de transport, céréales en tête mais aussi pour les intrants qui sont livrés ensuite à leurs adhérents. C’est ainsi que 79 % des expéditions qui concernent l’entreprise empruntent la voie fluviale. « Les seuls camions qui circulent sont ceux qui relient nos silos à nos différentes zones portuaires sur la Moselle » précise Morgane Pospiech, directrice du pôle agricole, avant d’ajouter : « nous travaillons avec les mêmes interlocuteurs depuis des années ». Tout cela s’inscrit dans une approche globale qui se traduit aussi par le fait que les fournisseurs de Lorca sont également des entreprises qui ont adapté leurs outils et leurs services à de mode de transport. La coopérative a également formé les 50 camionneurs à l’écoconduite, dès leur arrivée dans l’entreprise, ce qui, combinée à la prise en compte du rôle des pneumatiques des camions peut contribuer à une baisse de 8 à 9 % d’économie de carburant. Cette année, la forte période des basses eaux de la Moselle a un peu compliqué la donne en matière de transport.