Variétés de maïs : privilégier la précocité face au risque de manque d’eau
La tolérance au stress hydrique apparaît de plus en plus comme un critère de choix des variétés de maïs grain. Une piste : le recours à des hybrides plus précoces.
La tolérance au stress hydrique apparaît de plus en plus comme un critère de choix des variétés de maïs grain. Une piste : le recours à des hybrides plus précoces.
Chaleur et manque d’eau ont mis le maïs à rude épreuve en 2022. Dans ce type de situation qui risque de se renouveler, quelle stratégie adopter pour le choix de variétés ? « On peut recourir à des variétés plus précoces qui ont moins besoin d’eau du fait de leur cycle plus court de développement, présente Rémy Merceron, chef produit maïs grain à KWS Maïs France. Dans les situations irriguées avec des risques de restrictions, si un arrêté administratif tombe, une variété précoce perdra moins de potentiel de rendement qu’une variété tardive. » Cette remarque vaut surtout pour les productions au sud de la Loire.
« Une variété plus tardive obtient en moyenne un rendement supérieur de 0,5 à 2,5 quintaux à l’hectare par point de tardiveté », précise Arvalis. Cet avantage peut être contrebalancé par le surcoût des charges : intrants, irrigation et frais de séchage, ces derniers risquant d’amputer sérieusement le résultat économique. En situations limitantes en eau, « les variétés plus précoces (indice G2 par rapport à G3) s’expriment proportionnellement mieux sur le plan technico-économique », remarque l’institut.
À titre d’exemple, pour les secteurs Ile-de-France et Nord-Centre, Arvalis met en exergue quelques variétés demi-précoces (G2) telles que P9234 et ES Milady « se caractérisant par un bon comportement en potentiel limité » et, pour l’indice G3 (demi-précoce à demi-tardif), des variétés « productives quel que soit le niveau de potentiel », comme DKC4598, une « valeur sûre », ou DKC4416 et DKC4728, « variétés à essayer ». La variété Gobelin montre un bon comportement en potentiel limité. Les préconisations peuvent varier significativement selon les régions de productions.
Dans une stratégie de précocification, l’agriculteur devra adapter son itinéraire cultural à la variété. Il doit notamment veiller à être en capacité de semer très tôt et jouer sur la densité de semis. « S’il y a une tension sur l’irrigation l’été, il est intéressant d’utiliser des variétés pour lesquelles il est possible de réduire la densité de semis sans perdre en potentiel de rendement, remarque Rémy Merceron. Un maïs comme KWS Hypolito se défend bien dans un contexte d’usage de l’eau limité. Dans ce type de situation, il faut lui appliquer une densité de semis de 70 000 à 75 000 pieds à l’hectare. »
En 2022, Samuel Dubois, chef marché hybride France à RAGT Semences, a remarqué le meilleur comportement des maïs sur des semis précoces comparés à des semis tardifs. « Nous continuons à préconiser la stratégie d’esquive passant par un semis précoce, à associer à des variétés montrant une bonne vigueur de départ », explique-t-il. À travers l’utilisation de variétés plus précoces, en réduisant d’un groupe de précocité son choix de variétés, un agriculteur peut anticiper le risque de restrictions d’irrigation en s’abstenant des derniers tours d’eau. « Cette stratégie de choix variétal ne doit pas être adoptée sur toute la surface », prévient cependant le responsable.
La précocification des gammes intéresse plus particulièrement les secteurs les plus tardifs comme le Sud-Ouest et le Poitou-Charentes. Parmi les variétés s’exprimant bien dans les conditions de stress hydrique, Samuel Dubois met en avant RGT Darkness (groupe G4 de précocité), RGT Urbanix, RGT Automatix (groupe G3)…
Les semenciers ont conçu des gammes de maïs gardant un bon potentiel de rendement en conditions difficiles d’alimentation hydrique : Hydraneo (LG), DK Optimeau (Bayer-Dekalb), Stressless H2O (RAGT), Sem’expert dry et Aquamax (Corteva-Pioneer)… Mais il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Les semenciers s’accordent sur la nécessité de diversifier leur choix de variétés sur une exploitation agricole avec des précocités différentes, pour répartir les risques.
Sur la base de résultats d’essais à l’inscription et en post-inscription, Arvalis indique le site Varmaïs pour comparer les variétés sur divers caractères mais, malheureusement, pas sur celui de la tolérance à la sécheresse ou au stress hydrique.