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EN CHIFFRES¶
Une place pour les grosses cylindrées comme les petits produits¶

En cette année de faible pression parasitaire, des produits aux substances actives anciennes tirent leur épingle du jeu contre la septoriose, aux côtés de spécialités phares des grandes firmes phytosanitaires à base des dernières innovations.¶

Avec sa faible pression parasitaire, l’année 2017 n’aura pas apporté les conditions idéales pour tester les limites des fongicides. Arvalis présente des regroupements d’essais sur trois ans, pour tenter de hiérarchiser les produits sur leurs efficacités contre la septoriose. La campagne dernière s’est traduite par la commercialisation de deux produits de Syngenta, Elatus Era et Elatus Plus, à base d’une nouvelle SDHI, le solaténol (benzovindiflupyr). Leurs hauts niveaux d’efficacité sur septoriose avaient déjà été notés. Sur les regroupements d’essais, Elatus Era ou Elatus Plus associé au metconazole se situent au niveau de la référence Librax de BASF. Cette référence a été comparée à d’autres produits nouvellement mis sur le marché : Kardix de Bayer qui contient deux SDHI (bixafen et fluopyram) associée au prothioconazole et Priaxor EC (fluxapyroxad + pyraclostrobine) associé au Juventus (metconazole) de BASF. Là encore, les résultats d’efficacités et de rendements sont très proches entre les différentes modalités utilisées en T2. Dans tous les cas, il s’agit de produits haut de gamme.¶

Le chorothalonil apporte des bénéfices en 2017 même en T2¶

Sur l’année 2017, Arvalis se base sur quatre essais dans des départements différents pour comparer les efficacités de produits (graphe non présenté ici). En deuxième traitement (T2), les associations du chlorothalonil (Bravo) à des produits contenant des SDHI présentent un léger avantage par rapport aux solutions sans chlorothalonil, avec notamment Adexar (époxiconazole + fluxapyroxad) + Bravo en haut du classement des efficacités. L’institut technique attribue cette particularité au positionnement préventif des traitements, des applications au stade « dernière feuille étalée » étant intervenues après une période de sécheresse en 2017. Les produits phares des trois firmes Syngenta, Bayer et BASF que sont Elatus Era (à 0,7 l/ha), Kardix (0,9 l/ha) et Librax (0,9 l/ha) sont à considérer, aux doses étudiées, comme identiques quant à leurs efficacités sur septoriose en 2017. Les associations d’autres spécialités n’ont pas mis en évidence de résultats supérieurs dans un contexte de maladie très faible. En outre, les rouilles ayant été très peu présentes, tous ces produits n’ont pu être testés de façon fiable spécifiquement contre ce parasite.¶

Un nouveau venu pour le segment du T1¶

Arvalis et ses partenaires ont testé différentes spécialités également en premier traitement (T1), où le chlorothalonil prouve toujours son intérêt. Les produits sont à nouveau peu discriminés sur leurs efficacités. La référence Cherokee à 1,33 l/ha qui associe le chlorothalonil à deux triazoles se situe dans le peloton de tête des produits les plus efficaces. Une nouvelle spécialité montre une performance légèrement supérieure. Il s’agit de la principale nouveauté de la campagne : Kantik (= Kromatik, Voltaïk). Ce fongicide commercialisé par Adama présente une association de matières actives inédite : du tébuconazole, du prochloraze et de la fenpropidine.¶

Des mélanges de produits permettent d’obtenir de meilleures efficacités. Sur ceux testés, l’association Djembe 0,8 l + Fongil FL 0,8l (bromuconazole + tébuconazole + chlorothalonil) obtient 5 points de plus d’efficacité que Cherokee 1,33 l. En ajoutant du soufre à Djembe + Fongil FL tout en réduisant les doses à 0,5 l de ces spécialités, l’efficacité gagne 6 points. Mais il faut préciser que le soufre n’est pas autorisé contre la septoriose (voir par ailleurs). Dans cette modalité de premier traitement, l’association qui obtient les meilleures notes d’efficacité est celle du chorothalonil (Banko à 1 l/ha) avec du soufre (Héliosoufre à 3,5 l/ha). Ces deux molécules sont des plus anciennes mais ont le mérite d’agir sur toutes les souches de septoriose. C’est important dans une stratégie d’alternance des modes d’action pour gérer l’évolution de ce pathogène.¶

Les triazoles anciens en panne d’efficacité¶

Enfin, Arvalis a remarqué que le produit Banko à 1,5 l/ha, apportant une forte dose de chlorothalonil seul, donnait la même efficacité que Cherokee. Ceci fait dire à l’institut technique que les deux triazoles de cette spécialité montrent une certaine faiblesse contre la septoriose, dans un contexte d’augmentation des souches résistantes de ce pathogène qui touche les triazoles les plus anciens. En effet, les souches du champignon les plus résistantes aux triazoles (1) continuent de progresser, ce qui se traduit dans certains secteurs par de fortes pertes d’efficacités des fongicides. Il s’agit des souches dites TriMR évoluées et MDR. Parmi 24 essais d’efficacités réalisés en conditions préventives, 10 présentent plus de 30 % de ces souches dans les populations de septoriose. « L’efficacité du programme fongicide avec seulement des triazoles est 29 points plus faible par rapport aux 14 essais en situation de résistance faible, relève Arvalis, même si les infestations étaient légèrement plus fortes dans les 10 essais concernés. Le gain de rendement est également plus faible avec cette référence double triazole dans les essais à fort niveau de résistance. Dans les régions où la résistance est la plus fortement présente, nous recommandons un chlorothalonil en T2, » conclut l’institut.¶

Les conditions locales pèsent sur la hiérarchie des triazoles¶

Le projet européen Eurowheat de collecte de données d’efficacité dans différents pays européens a permis de comparer sur deux ans la performance de triazoles sur un même protocole dans deux régions distinctes en France : dans l’Aisne au Nord et en Dordogne dans le Sud-Ouest en 2016 et en 2017. Ces deux années, les essais ont montré des hiérarchies de triazoles complètement différentes vis-à-vis de la septoriose. « Le classement des triazoles entre elles est dépendant du site. On constate par exemple, en 2016 comme en 2017, que le tébuconazole (produit Folicur) se classe beaucoup mieux dans le nord (Aisne) que dans le sud (Dordogne) et inversement, l’époxiconazole et le prothioconazole donnent les meilleurs résultats dans le Sud. Dans le site de l’Aisne, le tébuconazole montre une performance supérieure à celle d’Osiris Win (époxiconazole + metconazole), » précise Jean-Yves Maufras, Arvalis. Ce dernier produit se classe en tête des solutions en 2017 dans le Sud. L’efficacité de Folicur y est quasiment nulle sur septoriose. Sur le site de l’Aisne, c’est le produit Magnello (difénoconazole + tébuconazole) qui donne les meilleurs résultats. La hiérarchie des triazoles est à définir au niveau local au regard des souches de septoriose qui y sont présentes. D’où l’intérêt de se référer aux essais régionaux et aux expériences personnelles des agriculteurs pour s'informer au mieux sur les efficacités dans un secteur.¶

EN CHIFFRES¶

Une très faible pression parasitaire en 2017¶

12 % du rendement dans les essais Arvalis en 2017 contre 36 % en 2016 : c'est l'estimation de la nuisibilité des maladies des céréales. Il s'agit de la plus faible nuisibilité de ces six dernières années. Le record date de 2011 avec 9 %.¶

12,4 q/ha ((25 q/ha en 2016) : c'est l’impact moyen sur le rendement mesuré sur des productions élevées en 2017. Les disparités régionales sont fortes : 18 q/ha en Bretagne, 30 q/ha dans la Basse-Normandie, 10 q/ha dans le Centre et seulement 5 q/ha en Lorraine !¶

Le premier traitement (T1) à 1-2 nœuds s’est avéré inutile dans une majorité de situations. Du reste, les programmes de traitement fongicides ont été allégés en 2017 avec une baisse de marché de plus de 10 % de ces produits par rapport à 2016.¶

Le classement des triazoles sur leurs efficacités contre la septoriose est très dépendant du site¶

Association originale de trois molécules dans Kantik¶

« Le marché du premier traitement (T1) est occupé surtout par l’association de triazole et de chlorothalonil avec notamment le produit Cherokee, note Jean-Yves Maufras, Arvalis. Le nouveau produit Kantik d’Adama se positionne sur ce créneau du T1. Sa formulation originale sans chlorothalonil en fait une bonne alternative à Cherokee. » Kantik bénéficie d’une formulation (technologie MaxX) permettant une surface de contact maximale entre les gouttes de la bouillie et la feuille, apportant une exploitation optimale des matières actives, selon la firme Adama qui met en avant l’intérêt de la fenpropidine « contrôlant toutes les souches de septoriose sensibles ou résistantes aux triazoles et/ou SDHI, selon des tests menés en laboratoire. » Le produit est destiné à la lutte contre les maladies foliaires aussi bien du blé que de l’orge.¶

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