Aller au contenu principal

Australie
Une grande surface pour produire à moindre coût

Grands espaces, climat sec, sols superficiels... les agriculteurs australiens font avec les moyens du bord pour produire à faible coût des céréales et autres cultures destinées en grande partie à l´export.


Entre Canberra et Wagga-Wagga au Sud-Est de l´Australie, le paysage est légèrement vallonné et dominé par les cultures de plein champ. Moutons et bovins se chargent de pâturer les surfaces restantes. Nous sommes à la fin novembre. Sous un soleil de plomb, la récolte a débuté par le canola, colza local. Les céréales suivront.
Avec ses 3430 hectares, la ferme de Wallandoon East de la famillle Baldry est l´archétype de l´exploitation de polyculture-élevage à l´australienne : 60 % de la surface en culture (1000 ha de blé, 700 de canola, 200 de lupin, 100 de féverole) et 40 % destinée au pâturage par 20 000 moutons de race Mérinos.
La famille Baldry est arrivée de son Écosse natale en 1842 pour exploiter d´abord 30 000 hectares en Australie. 160 ans plus tard, la superficie a fondu et ils ne sont plus que deux frères à assurer la gestion de l´exploitation. « Jusqu´à récemment, 8000 hectares étaient exploités par notre famille mais un de nos oncles a vendu sa propriété à 1300 dollars australiens l´acre, soit 1868 euros l´hectare. Nous gagnons 600 000 dollars australiens (349 000 euros) par an avec les moutons (production de laine et de viande) », calcule Kent Baldry, l´un des frères. pour ses blés et canolas, il présente noir sur blanc les chiffres de l´exploitation. En 2000, le bénéfice net (hors frais de location) s´établissait à 262 dollars par hectare (153 euros) pour le blé et à peine moins pour le colza (249 $ = 145 euros).
©C.Gloria

Entre 70 et 80 % de la production australienne de céréales est exportée.
Quand les rendements n´ont pas souffert d´une sécheresse trop prononcée.
Une centaine d´euros de charges opérationnelles
Pour la région, la productivité de l´exploitation de Wallandoon East se situe dans la bonne moyenne. Mais si on se réfère à un groupe d´agriculteurs suivi par un centre de gestion local, on remarque que les 20 % de « farmers » les plus performants dégagent un bénéfice net moyen de 350 $/ha (203 euros) environ sur blé et 270 $ (157 euros) sur colza.
Les frères Baldry font intervenir quelques conseillers sur leur ferme. Un de ceux-ci est chargé de suivre exclusivement les cultures jusqu´à la récolte. Il est rémunéré 5000 $ (2908 euros) par an. Trois salariés travaillent sur ces cultures.
Le canola ©C.G.

Le canola (colza local) est fauché et laissé en andain plusieurs jours
avant d´être véritablement récolté.

Les fongicides ou insecticides sur céréales sont rares
Comparé au contexte européen, les charges opérationnelles sur cultures (semences, intrants) sont peu élevées : de l´ordre de 180 $/ha (105 euros) sur blé et colza en 1999/2000. « Nous consacrons à peine plus d´une demi-heure à l´hectare aux semis, traitements et fertilisation, ajoute Kent Baldry. Pour les semis, nous commençons par le canola, fin avril à des densités de
4 kg/ha de semences. Tout le blé est semé avant fin mai à une densité de 70 kg/ha. Les semences sont achetées ou produites sur place. Pour le blé, sur une largeur de 12 m,travail superficiel, semis et première application d´azote sont réalisés en un seul passage. Nous disposons d´un John Deere de 400 ch consacré au semis des 1000 hectares de blé qui dure un mois. »
Sur cinq ans, la rotation est de type blé/canola/blé/ canola/lupin ou féverole. Le désherbage du blé tourne autour d´un traitement de prélevée (Tréflan incorporé + un produit voisin du Glean T) et un 2,4 D en post-levée. Selon le producteur, « il peut arriver qu´il soit nécessaire de traiter contre les rouilles sur blé ou les insectes mais c´est très rare. La fertilisation se fait en plusieurs passages : phosphore mais surtout azote au semis, à la fin tallage et juste avant floraison. » Pour ces derniers passages (azote sous forme urée solide), les Baldry font appel à un épandage par avion (50 $/ha, fertilisant compris).
Kent Baldry évalue ses rendements : « 43 q/ha sur les cinq dernières années pour le blé et 23 q/ha pour le canola. Pour la récolte qui vient de commencer sur canola, nous espérons une production de
30 q/ha. » C´est plutôt satisfaisant pour la région. Juste après la moisson, les moutons sont « lâchés » : de véritables mangeurs naturels de mauvaises herbes en interculture. Puis les chaumes sont brûlées. En prévision de fournir des pâturages aux moutons, une partie des blés sont semés à très faible densité (25 kg/ha) avec de la luzerne (4 à 5 kg/ha).
Ainsi va la vie à Wallandoon East. Ses grandes étendues, ses milliers de moutons et pas la moindre habitation à plusieurs kilomètres à la ronde. L´isolement fait partie du quotidien des agriculteurs australiens. Le nombre d´exploitations est en forte diminution, la moyenne d´âge est élevée (plus de 55 ans), les jeunes hésitent à s´installer et préfèrent l´animation des villes à l´isolement de la campagne. Cela rappelle une situation toute proche...
Après la moisson, des céréales stockées en plein air
Si les Australiens peuvent pâtir d´un manque d´eau pour la production de céréales (autour de 400 mm/an dans la zone de production), ce défaut devient un atout au moment de la récolte. Les grains ont un taux d´humidité très faible qui peut être inférieur à 10 %. Il est alors possible de stocker les récoltes en plein air sous bâche et sur un sol stabilisé. Jusqu´à 20 000 tonnes par site. Les traitements insecticides évitent les problèmes de charançons ; l´humidité très faible ne permet pas le développement de champignons et la température ne varie pas. Le problème viendrait plutôt des cacatoès, sorte de gros perroquets se déplaçant en bandes et n´hésitant pas à s´attaquer aux bâches pour atteindre les graines.
chiffres clés
 19 millions d´habitants pour 14 fois la France en superficie.
 108 000 exploitations agricoles dont 80 % des exploitants sont propriétaires.
 1 dollar australien équivaut à 0,58 euros (3,80 francs).
 1 acre = 0,4047 hectare.
 Un maximum de 25 millions de tonnes produites en blé en 1999-2000, 5 millions d´orge, 2,4 millions de canola (colza).
 Entre 70 et 80 % de cette production est exportée (hors années de sécheresse), surtout sur le marché Asie-Pacifique.
 Pour 1999/2000 : 12,3 millions d´hectares de blé, 2,5 d´orge, 1,9 de canola.
 Entre les exploitations fruitière ou viticoles (quelques ha au minimum) et celles d´élevage extensif (3 000 000 ha pour la plus grande, la taille... de la Belgique), la moyenne de surface par exploitation est comprise entre 5 et 10 000 hectares.

Ces résultats sont plutôt bas par rapport à la moyenne de l´exploitation sur cinq ans.
Le record sur blé date de 1995/96 avec une marge nette de 318 euros/ha grâce à un rendement maximum de 51 q/ha et un blé payé 116 euros la tonne. Pour le colza, 1998/99 s´est traduit par une marge nette de 350 euros/ha (production maxi de 27 q/ha payé 212 euros la tonne).

Les plus lus

<em class="placeholder">Culture de tournesol soufrant de la sécheresse.</em>
Changement climatique en Nouvelle-Aquitaine : « Une ferme charentaise descend de 8 km vers le sud tous les ans »

En 2050, les températures en Charente seront celles du sud de l’Espagne aujourd’hui, mais le volume de précipitation sera…

<em class="placeholder">Parcelle en jahère.</em>
Jachères de plus de 5 ans : comment les garder en terres arables en 2025 ?

La question de la requalification des jachères de plus de 5 ans en prairies permanentes restait en suspens après les…

<em class="placeholder">Sol nu après une récolte partielle du maïs grain.</em>
Culture secondaire et PAC : des dérogations à leur implantation dans certaines zones

Le contexte météorologique de cet automne 2024 n’ayant permis, l’implantation des cultures secondaires avant le 1er …

<em class="placeholder">Prélèvement d&#039;un échantillon de sol pour une analyse en février 2021 dans un champ de colza en Seine-et-Marne</em>
Phosphore : des analyses de sol incontournables pour mesurer cet élément nutritif

Seule une petite part du phosphore présent dans le sol est assimilable par les cultures. Les analyses de sol apportent des…

<em class="placeholder">Romuald Marandet, chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne&quot;La période de septembre à février est idéale pour les travaux sur les ...</em>
Curage des fossés : «La période de septembre à février est idéale, sans formalité administrative la plupart du temps », selon l'OFB de l'Aisne

Chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne, Romuald Marandet précise la réglementation en…

<em class="placeholder">champ de tournesol en fin d&#039;été dans le Cher pas encore au stade de la récolte à cause de feuilles encore vertes et de dos de capitule jaunes</em>
Tournesol : de mauvaises récoltes compensées par de bons prix de vente
Dans de nombreuses régions, la récolte du tournesol a été mise à mal entre parcelles non récoltées, faibles rendements, humidité…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures