[vidéo] Pyrale du maïs : un quad customisé pour épandre les trichogrammes
Un quad avec épandeur de trichogramme intégré : cette innovation testée par Bioline et la coopérative Oxyane permet de simplifier la protection du maïs grâce aux larves de l'auxiliaires, tout en baissant les coûts.
Un quad avec épandeur de trichogramme intégré : cette innovation testée par Bioline et la coopérative Oxyane permet de simplifier la protection du maïs grâce aux larves de l'auxiliaires, tout en baissant les coûts.
Les lâchers de trichogrammes, solution alternative à la chimie pour lutter contre la pyrale sur maïs, peinent à se développer. Ils sont pénalisés par la lenteur des chantiers lorsqu’ils sont déposés à la main, et par les contraintes techniques et réglementaires en cas d’usage de drones. Ces derniers ne peuvent en effet trop s’approcher des zones urbanisées et sont cloués au sol lorsque le vent souffle. Une nouvelle solution pourrait changer la donne : Bioline France a mis au point un prototype d’épandeur de trichogrammes baptisé T-Protect Booster.
La filiale d’Invivo a présenté l’engin à la presse avec son partenaire coopératif Oxyane le 8 juin dernier. Composé de taquets et de chaînes, cet épandeur, sorte de distributeur automatique de trichogrammes au champ, est facilement adaptable sur un quad et sur un tracteur. Pour pouvoir passer dans des maïs déjà hauts, le concepteur d’enjambeur GRV a élaboré un système de rehausses transformant un quad classique en quad enjambeur.
Le système s’installe en trois heures. L’engin surprend par son allure mais se manie plus facilement qu’un pulvé. Il est guidé par GPS une fois dans la parcelle. Cet équipement augmente considérablement le débit de chantier. « Jusqu’à six fois par rapport à une pose manuelle, à savoir une parcelle de 30 hectares en une heure », détaille Franck Escalles, directeur régional région Sud de Bioline France.
A 45 €/ha, un tarif proche d'une solution chimique
Cette rapidité permet de compresser les coûts, pour un service clé en main proposé autour de 45 euros l’hectare, un tarif proche d’une solution chimique. Ce coût est à mettre en parallèle avec des dégâts qui peuvent se monter à 13 quintaux par hectare, soit environ 220 euros l’hectare. «Cette solution répond à notre objectif d’accélérer le développement de solutions de biocontrôle en grandes cultures, à l’instar de ce que nous faisons déjà en vigne », se félicite Jean-Yves Colomb, président d’Oxyane, coopérative partenaire de cette première saison test.
Cette année, quelque 900 hectares de maïs appartenant à 29 adhérents seront couverts par T-Protect. « Les pontes de pyrales interviennent au même moment sur un large secteur », rappelle Damien Ferrand, responsable du pôle développement agricole d’Oxyane.
Démocratiser les auxiliaires en grandes cultures
La coopérative compte déployer cet outil plus largement l’an prochain, via des prestataires qui interviendraient dans les parcelles pour le compte des agriculteurs. L’enjeu est de taille: leader sur ce segment de biocontrôle, Bioline entend démocratiser les auxiliaires comme méthode de lutte en grandes cultures. Et conquérir un marché en croissance à deux chiffres, qui a représenté 15 millions de chiffre d’affaires l’an passé. Le biocontrôle protège actuellement 150000 hectares de maïs en France, soit 9 % des surfaces protégées. Loin des 1,5 million d’hectares cultivés chaque année.
Nouvelles capsules opérationnelles quatre semaines
L’innovation mécanique du quad T-Protect Booster est doublée d’une innovation technologique: désormais, les larves sont contenues dans des boîtes cartonnées, éjectées et jetées au sol tous les 20 mètres. Une fois au sol, elles restent à l’abri des intempéries et éclosent à intervalles réguliers, assurant une protection de la culture durant quatre semaines. « Nous avons mesuré des taux d’éclosions de trichogrammes jusqu’à 17 points supérieurs aux taux mesurés dans les capsules », souligne Florent Ehry, chef marché chez Bioline Agrosciences.