Tournesol : les 5 questions à se poser pour la récolte
Les chantiers de récoltes ont démarré fin août pour le tournesol au sud de la Loire. Ailleurs, la grande hétérogénéité des stades végétatifs des tournesols oblige à bien réfléchir en amont à la préparation des récoltes.
Les chantiers de récoltes ont démarré fin août pour le tournesol au sud de la Loire. Ailleurs, la grande hétérogénéité des stades végétatifs des tournesols oblige à bien réfléchir en amont à la préparation des récoltes.
- Comment établir des prévisions de dates de récoltes du tournesol ?
- Comment s’assurer que le tournesol est au bon stade pour être récolté ?
- Quels sont les frais de séchage à prévoir pour le tournesol ?
- Que faire dans les situations où le tournesol ne peut pas être récolté ?
- Est-il autorisé d’utiliser la dessication chimique sur tournesol ?
La récolte du tournesol a démarré fin août dans le sud et certains secteurs de l’ouest, avec des premiers rendements corrects, selon Terres Inovia. Ailleurs, les cultures sont à des stades très hétérogènes, en particulier dans la moitié Nord. La faute à des conditions de semis qui ont été délicates. Mais les conditions météo chaudes et sèches du moment peuvent permettre de rattraper en partie le retard de maturité.
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Comment établir des prévisions de dates de récoltes du tournesol ?
Terres inovia a établi des cartes de prévisions de récolte selon les dates de semis et la précocité des variétés de tournesol utilisées. Il est vrai que des semis ont été réalisés tardivement dans certains secteurs, dans le courant du mois de mai par exemple. Les cartes de l’institut établissent, par exemple, que pour une variété de tournesol très précoce semée au 15-20 mai, la récolte ne pourra pas se faire avant la première quinzaine d’octobre. « Or, si des dates sont programmées après le 15 octobre, il y a des risques importants de non-récolte en graines », souligne Mathieu Dulot, Terres Inovia Champagne-Ardenne.
C’est ce qui risque d’arriver avec les semis les plus tardifs, les ressemis et avec des tournesols qui n’ont fleuri qu’en août dans certaines zones du nord et de l’est. Les conditions de chaleur et de sécheresse de ce début septembre peuvent améliorer la situation en accélérant la maturation des tournesols.
Comment s’assurer que le tournesol est au bon stade pour être récolté ?
L’idéal est de récolter courant septembre avec des graines entre 9 % et 11 % d’humidité. « Il faut éviter les sous-maturités qui se voient quand des feuilles du haut sont encore vertes et/ou que les capitules sont jaunes, ce qui indique une graine à environ 15 % d’humidité avec d’importants frais de séchage à prévoir dans ce cas, explique Nicolas Latraye, Terres Inovia Hauts-de-France. Mais, a contrario, il est nécessaire aussi de se préserver des sur-maturités comme l’on peut en voir dans le Sud-Ouest avec des plantes complètement desséchées où les graines sont à 8 % d’humidité. Dans ce type de situation, il y a d’importants risques d’égrenages, de verse et de dégâts d’oiseaux. »
Pour le spécialiste, le stade optimal de la récolte se situe quand les feuilles hautes de la tige sont sénescentes (et celles du bas et du milieu sont sèches), que les tiges prennent une couleur beige clair, que les capitules virent au brun et que les fleurons tombent d’eux-mêmes.
Dans plusieurs situations, des hétérogénéités de stades de maturité sont observées dans une même parcelle. « Il faut viser un compromis sans attendre que les derniers pieds les plus tardifs soient bons à battre, conseille Nicolas Latraye. Dans certains cas, il sera possible de récolter en deux ou trois fois par zones de parcelles arrivées à maturité. »
Quels sont les frais de séchage à prévoir en tournesol ?
Une fois récoltées, les graines de tournesol seront stockées et pourront nécessiter d’être séchées. « La norme de commercialisation est de 9 % d’humidité mais pour une conservation de longue durée au stockage, il est nécessaire de viser 7 à 8 % d’humidité des graines, précise Sylvie Dauguet, chargée d’études valorisation des graines oléagineuses à Terres Inovia. Pour des graines récoltées jusqu’à 10 ou 11 % d’humidité, le séchage n’est pas indispensable avant un stockage. Sur ce dernier, une bonne ventilation suffira à faire perdre 1 à 2 % d’humidité. » Si les graines sont davantage humides, le passage par un séchoir sera incontournable.
Pour les graines de tournesol, les frais de séchage sont plus élevés que pour le maïs : 0,69 euro le quintal par point d’humidité extrait selon les estimations de Terres Inovia, contre 0,35 euro le quintal pour les grains de maïs. « Dans la majorité des cas, un séchage est effectué pour réduire de 3 points l’humidité des graines de tournesol, observe Sylvie Dauguet. Avec une récolte à 12 % d’humidité, les frais de séchage seront de 50 à 70 €/ha selon le rendement. Mais si le grain est à 15 % d’humidité, les frais pourront atteindre 150 €/ha. »
Que faire dans les situations où le tournesol ne peut pas être récolté ?
Pour les situations les plus tardives où les graines ne pourront pas être récoltées, il est obligatoire malgré tout de libérer la parcelle. Les pieds et capitules de tournesols pourront encore être « valorisés » pour la méthanisation. Mais pas dans n’importe quelles conditions. « Il faut une matière sèche comprise entre 28 % et 32 %, ce qui correspond à des tournesols avec des capitules complètement jaunes et commençant à être bruns », précise Aurore Baillet, Terres Inovia Grand Est.
Est-il autorisé d’utiliser la dessication chimique sur tournesol ?
La dessication chimique est interdite sur tournesol. Pour activer la dessication des tournesols en prévision de leur récolte, la question se pose parfois sur le terrain d’utiliser un produit à base de glyphosate ou un défanant, comme cela est autorisé en pomme de terre. « Il n’y a pas de solution chimique homologuée sur tournesol pour accélérer la dessication, met en garde Aurore Baillet, Terres Inovia. En outre, de plus en plus d’acheteurs de récoltes font effectuer des contrôles de résidus de pesticides dans les graines. »