Recyclage/agriculture : les bons gestes pour bien recycler vos bidons vides
En 2018, 79 000 tonnes d’emballages et plastiques agricoles ont été collectées, dont l’immense partie est recyclée. Un niveau atteint grâce à la mobilisation des premiers utilisateurs : les agriculteurs.
En 2018, 79 000 tonnes d’emballages et plastiques agricoles ont été collectées, dont l’immense partie est recyclée. Un niveau atteint grâce à la mobilisation des premiers utilisateurs : les agriculteurs.
S’il y a un domaine dans lequel les agriculteurs ont un temps d’avance, c’est celui du recyclage des déchets. Ils n’ont pas attendu la loi sur l’économie circulaire, adoptée en janvier dernier, pour s’y mettre. Depuis 2001, ils récupèrent toujours plus de bidons, big bags, ficelles et autres emballages. Pas moins de 6 500 tonnes de déchets en plus en 2018. 90 % des bidons sont aujourd’hui collectés contre seulement 26,5 % pour les emballages plastiques ménagers. L’efficacité de la collecte des déchets agricoles tient dans l’organisation de la filière, coordonnée depuis vingt ans par Adivalor, qui réalise 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais si une large part des bidons de produits phytosanitaires ou des big bags est collectée, il n’en va pas de même pour d’autres produits, comme les sacs de semences ou les huiles de vidange des tracteurs.
Puisque les chefs d’exploitation ont l’obligation de trier les déchets, voici un rappel assorti de quelques conseils.
Rincer soigneusement les bidons
La plupart des pulvérisateurs actuels sont équipés en série d’un rince-bidon, mais certains produits sont très gras et leurs bidons doivent être à nouveau rincés avant d’être mis en sac. Si l’opération n’est pas bien compliquée, cela représente tout de même une manipulation supplémentaire. Pour un lavage efficace, les bidons vides doivent être remplis au tiers d’eau, secoués et vidés au moins trois fois. Des rince-bidons autonomes (130 €) sont proposés par la plupart des fournisseurs spécialisés. Ces ustensiles simplifient l’opération. Le rinçage permet de recycler des déchets propres et d’optimiser les traitements au champ. En rinçant bien les bidons, on utilise 100 % des matières actives, sans en perdre.
Bien égoutter les bidons
Pour être recyclés, il est important que les bidons de phyto soient égouttés : ils ne doivent plus contenir de produit. Pour cela, il suffit de retourner les bidons rincés, mais pas n’importe où : au-dessus de l’aire de remplissage, ou — mieux — dans une gouttière de gros diamètre. Si possible, l’égouttage doit se faire au-dessus d’une zone à forte matière organique, selon les recommandations officielles. Les bricoleurs pourront concevoir des systèmes d’accroche bidon sur une tôle ondulée ou une gouttière. On peut aussi acheter un égouttoir à bidons mais attention à leur praticité. Le meilleur du marché est peut-être le GoDrop, commercialisé par Axe Environnement. Ce matériel en plastique, pratique et robuste, limite la manipulation des bidons vides et assure la collecte des jus, sans pollution possible.
Fermer les saches de recyclage
Les porte saches ne sont pas indispensables mais ils facilitent le remplissage des sacs de recyclage. On peut les acheter (190 €) ou les concevoir soi-même. Dès que les sacs sont remplis, il est conseillé de les fermer.
Pourquoi mettre les bouchons à part ?
Séparer les bouchons des bidons permet de recycler les bidons. Bouchons et bidons n’ont pas la même composition. Les bouchons sont brûlés, valorisés comme combustibles, et non recyclés comme les bidons.
Que deviennent les bidons ?
Les bidons en plastique collectés dans 7 000 sites de coopératives et négoces sont acheminés sur l’une des plateformes de prétraitement, qui maillent le territoire. On en dénombre 70 en France. Les plastiques sont pressés et mis en balles, pour être acheminés vers des sites de recyclage, où ils sont broyés et extrudés. Ils constituent l’essentiel des tubes de canalisation annelés et des gaines techniques pour l’industrie. Cinq bidons de 10 litres permettent de fabriquer 1 mètre de tube.
Quand emporter mes emballages vides ?
Le rythme des collectes varie selon les structures, les points de collecte et le type de produit recyclé. Pour les bidons, la plupart du temps, la collecte a lieu deux fois par an mais elle peut aussi être permanente. Ce cas de figure permet d’amener ses déchets tout au long de l’année et évite d’avoir à entreposer longtemps des déchets volumineux sur le corps de ferme. Pour connaître les dates des collectes, il faut surveiller les SMS, l’extranet de votre coopérative ou négoce ou contacter votre technicien. Les coopératives et négoces communiquent localement auprès de leurs adhérents et clients sur les dates et points de collecte.
Que faire des big bags ?
Les big bags sont en polypropylène, matière facilement recyclable. Ils permettent en particulier de fabriquer des cagettes en plastique. Il appartient aux agriculteurs de préparer les big bags à recycler en les pliant et en les assemblant en bottes.
Attention, seuls les emballages issus des entreprises qui contribuent au financement d’Adivalor et qui font figurer le logo sur les étiquettes sont acceptés. Un détail à vérifier en cas d’achat d’un camion d’engrais en ligne.
Le nombre de points de collecte de big bags est plus restreint que pour les bidons de produits phytosanitaires. Pour connaître les points de collecte de big bags, contactez votre coopérative ou négoce.
Ne pas oublier les sacs de semences
Le brûlage des déchets en papier et carton est interdit. Pourtant, aujourd’hui, une faible part des sacs de semences est recyclée : 15 % seulement des quantités totales. Déposés dans les points de collecte par paquets ficelés, ces sacs en papier sont valorisés comme combustibles de substitution en cimenterie ou recyclés pour fabriquer des panneaux de plâtre.
Garder les huiles de vidange usagées
La collecte des huiles usagées de tracteurs est moins structurée que celle des bidons plastiques. Des points de collecte ou l’organisation de circuit de récupération sont parfois mis en place par les organisations agricoles locales, par exemple les chambres d’agriculture. Des entreprises agréées comme Sevia, premier réseau agréé français et filiale de Véolia, ou Chimirec, collectent gratuitement dans toute la France les huiles de vidange, pour un volume minimum de 600 litres (voire 800 ou 900 l selon le prestataire). Il faut donc les conserver longtemps ou s’organiser à plusieurs pour atteindre le volume minimum. Point important : le stockage doit être fait à l’abri de l’eau, avec un système de rétention pour éviter toute pollution.
AVIS D'EXPERT - Olivier Ganne, coopérative Bourgogne du Sud à Verdun-sur-Le-Doubs, Saône-et-Loire
« Nous collectons les emballages vides toutes les semaines »
« Selon l’offre de service à laquelle souscrivent les adhérents, ces derniers peuvent ramener leurs emballages vides toutes les semaines ou deux fois par an dans l’un des dépôts de la coopérative, en Saône-et-Loire ou en Côte-d’Or. Plus c’est fait au fil de l’eau, mieux c’est. La récupération hebdomadaire permet aux agriculteurs de ne pas entasser de gros tas de bidons longtemps sur leurs exploitations, et pour les équipes de la coopérative, elle permet de lisser la logistique de collecte et de récupération. Notre objectif est de faire en sorte que les adhérents aient un service optimisé qui corresponde à leurs besoins. Avec nos vingt points de collecte, nos adhérents ne font pas plus de 15 kilomètres pour apporter leurs déchets. Une fois déposés dans les points de collecte, nous rassemblons les déchets sur notre plateforme logistique de Ciel ou nous les pressons et les mettons en balles. Ils sont ensuite expédiés en Italie ou en Pologne pour recyclage, par le biais de notre éco-organisme Adivalor, en charge de la filière. »
AVIS D'EXPLOITANT - Vincent Bongard, agriculteur à Vanvillé, Seine-et-Marne
« Recycler, c’est bien, mais cela prend un temps précieux »
« Pour sécher les bidons, j’utilise un dispositif réalisé par mon père, juste à côté de l’aire de remplissage du pulvé. Il s’agit d’une armature métallique, d’une longueur de 2 mètres, fixée au mur d’une grange, qui soutient les bidons vides renversés. En dessous, une plaque ondulée en pente recueille les fonds des bidons. Au bout de cette plaque, un sceau collecte les jus, qui sont ensuite épandus. C’est tout simple et pratique : je peux mettre une dizaine de bidons sur cette étagère. Ceux en attente sont rangés en dessous. Ils sont à l’abri et ne risquent pas de s’envoler.
Une fois secs, je mets les bidons dans les sacs Adivalor, avant de les déposer à la coopérative. Je garde aussi les big bags, qu’il faut plier et mettre en botte. Lorsqu’on reçoit le SMS avec les dates de collecte, il ne faut pas rater le coche sinon, ça s’entasse.
Recycler, c’est bien mais cela nous prend un temps précieux. C’est une contrainte de plus pour les agriculteurs, qui, une fois de plus, travaillent gratuitement. Pourtant, ces bidons et ces big bags ont une valeur. Je suis surpris de donner une matière plastique qui a une valeur marchande alors que lorsque j’emmène ma ferraille chez un ferrailleur, celui-ci me la paye. Pourquoi ce ne serait pas le même système pour les bidons ? »