Polyvalence et précision de semis avec un monograine customisé
Afin d’implanter un maximum de cultures au monograine avec précision en non-labour, Emmanuel Chalumeau, agriculteur à Villevieux (Jura), a opté pour un semoir John Deere importé et modernisé avec des composants Precision Planting.
Afin d’implanter un maximum de cultures au monograine avec précision en non-labour, Emmanuel Chalumeau, agriculteur à Villevieux (Jura), a opté pour un semoir John Deere importé et modernisé avec des composants Precision Planting.
« Trouver un monograine capable de semer maïs, soja, tournesol et colza, avec deux écartements en direct ou en simplifié, cette mission s’est rapidement compliquée en analysant l’offre sur le marché européen. Des solutions très onéreuses existent, mais elles ne répondent pas forcément à tous les critères de notre cahier des charges », estime Emmanuel Chalumeau, agriculteur sur 500 hectares dans la Bresse jurassienne, à proximité de Lons-le-Saunier. Après avoir découvert l’équipementier Precision Planting lors du Sima 2019 et suite à des contacts avec des utilisateurs de semoirs importés des États-Unis, il se tourne vers l’importateur Reso qui lui déniche un semoir John Deere 1790 d’une dizaine d’années, doté de 23 éléments sur deux rangées et capable de semer en 12 ou 23 rangs avec un écartement de 38 ou 76 cm (15 ou 30 pouces). Arrivé sur l’exploitation début avril, l’impressionnant monograine a pu faire ses preuves au semis de maïs et tournesol.
« Les distributions d’origine, ne permettaient pas de faire du colza, d’où l’intérêt de l’équiper avec celles à entraînement électrique VSet de Precision Planting, qui en outre, nous donnent accès à la coupure de rang, à la modulation de dose et au démarrage anticipé à la reprise de ligne. Ces distributions sont dotées d’une petite trémie tampon alimentées en continu par deux trémies de 1 500 litres chacune. Même si ces dernières ne serviront pas au colza, elles ont un réel avantage pour l’autonomie en semence, notamment au soja », précise Emmanuel Chalumeau.
La pression sur les éléments ajustée en continu
Le pilotage du semis s’effectue depuis le terminal 20/20 de Precision Planting, caractérisé par ses nombreuses fonctionnalités. « Une fois le faisceau électrique installé, on peut personnaliser les équipements du semoir. » Adepte du non-labour dans des terres parfois hétérogènes, l’agriculteur a opté pour le dispositif DeltaForce qui module en continu la pression de 0 à 200 kg sur chaque élément équipé d’un vérin hydraulique et d’un capteur d’effort. « Le système est très réactif, on s’étonne au début des variations de pression indiquées sur le terminal. Mais cela démontre que cette modulation est essentielle pour garantir une profondeur d’implantation constante. Dès lors que les limites de terrage sont atteintes ou que les éléments pianotent, on est de suite informé, pour réduire la vitesse d’avancement. »
Seconde solution de l’équipementier américain adoptée par Emmanuel Chalumeau, le SmartFirmer utilise des capteurs implantés au niveau de la languette de rappui de quatre éléments, qui mesurent la température, l’humidité et le taux de matière organique du sol en fond de sillon et évalue la propreté de ce dernier.
Un sillon sous surveillance et une ferti très localisée
« Ces indications sont précieuses pour sécuriser le semis en nous indiquant si la graine est bien positionnée dans des conditions d’humidité correctes, mais aussi pour bien ajuster le réglage des chasse-débris Martin Till. Avec un peu d’expérience, je pense me lancer dans la modulation de semis en fonction du taux de matière organique. Et je pense à l’avenir investir dans le système SmartDepth qui automatisera l’ajustement de la profondeur de semis en fonction de l’humidité du sol. »
Doté d’une cuve de 1 500 litres pour l’engrais liquide, le semoir embarque également des accessoires Precision Planting pour la fertilisation. « Un injecteur à trois sorties est positionné à la suite de chaque languette de rappui, permettant d’appliquer l’engrais à 2,5 cm de chaque côté des graines et à 1,8 cm au-dessus. Pour une dose de 50 l/ha, on dispose de 30 ha d’autonomie. La console 20/20 donne la possibilité de moduler la fertilisation, ce que je ne pense pas pratiquer dans l’immédiat », détaille Emmanuel Chalumeau, qui a par ailleurs équipé son appareil de quatre semoirs Delimbe. « Deux sont dédiés à l’apport de produits insecticides et les deux autres me serviront pour implanter du trèfle à la volée, en association avec le colza. »
Une vitesse limitée par la puissance du tracteur
Ce semoir large (9 m) et lourd (environ 10 t chargées) est attelé à un tracteur John Deere 6930 (155 ch) doté de roues jumelées. « On atteint une vitesse de 7 km/h, sauf dans les côtes où l’on maintient tout juste les 5 km/h. Au tournesol, il ne fallait pas plus ralentir, au risque de sortir de la plage de vitesse de rotation des moteurs électriques des distributions et ainsi ne pas respecter la densité de 65 000 pieds par hectare. Pour aller plus vite, il faudrait un tracteur plus puissant, mais avec nos itinéraires en non-labour, la vitesse n’est pas prioritaire. Dans les différentes conditions d’implantation observées, à 7 km/h, la régularité du semis est excellente, quelles que soient les conditions de sol. Nous sommes largement en dessous de 0,01 % de manque et de double. Il faut toutefois veiller à mettre régulièrement du talc au graphite mélangé à la semence pour éviter l’électricité statique sur les disques de distribution en plastique et limiter les risques de bouchage de tuyau. »
Concernant l’encombrement du semoir, l’agriculteur reconnaît qu’il faut prendre large dans les fourrières. « On est toutefois bien aidé par l’autoguidage RTK du tracteur. La construction en trois parties des rampes de semis assure un bon suivi du terrain et permet un repliage à 3,60 mètres, de la même largeur que le jumelage du tracteur », relativise-t-il.
En chiffres
500 ha de SAU + 100 ha d’entraide
150 ha de colza, 150 ha de maïs, 110 ha de soja et 40 ha de tournesol semés au monograine
170 000 euros d’investissement au total, dont 80 000 euros pour le semoir d’occasion avec la fertilisation et les chasse-débris, 10 000 euros pour les 4 Delimbe et 80 000 euros pour les équipements Precision Planting
Un lourd investissement pour remplacer trois semoirs
« Investir 170 000 euros dans un semoir monograine peut paraître disproportionné, mais compte tenu de la technicité et des fonctionnalités offertes par les équipements Precision Planting, mais aussi du débit de chantier obtenu (plus de 25 ha semés par jour), le raisonnement économique se tient, relativise Emmanuel Chalumeau. Et surtout, le semoir va permettre de garantir une qualité d’implantation irréprochable de quatre cultures, pour lesquelles nous utilisions jusqu’à présent trois semoirs différents : deux monograines Kuhn (Planter 2 de 9 rangs à 50 cm d’interrang et Maxima 6 rangs à 75 cm) pour le colza, le tournesol et le maïs et un semoir en ligne Gaspardo Directa pour le soja. » Dans l’avenir, le semoir John Deere pourrait même semer du blé, la conversion en bio d’une partie de l’exploitation étant en réflexion.