Aller au contenu principal

Oiseaux : des dizaines de millions d’euros de dégâts en cultures

Maïs, tournesol, cultures légumières… les pigeons et corvidés occasionnent des gros dégâts, mais très variables selon les années et les conditions de cultures. Les filières ont tenté de chiffrer l’impact économique.

La proximité de villes ou villages peut favoriser l'installation de troupes importantes de pigeons bisets sur les cultures.
La proximité de villes ou villages peut favoriser l'installation de troupes importantes de pigeons bisets sur les cultures.
© Gabriel Omnès

Entre 25 et 45 millions d’euros : c’est l’estimation de la nuisibilité économique annuelle des corvidés (corneille noire, corbeau freux, choucas des tours) sur le maïs, selon les chiffres présentés lors d’un colloque sur les dégâts d’oiseaux à Paris le 24 novembre dernier. « Compte tenu de la forte nuisibilité en cas d’attaque, les corvidés sont classés au troisième rang des ravageurs sur maïs, précise Jean-Baptiste Thibord, Arvalis. L’essentiel des dommages économiques a lieu entre la levée et le stade 3-4 feuilles avec des pertes de plantules. De fortes attaques peuvent conduire à l’abandon de la culture ou à devoir réaliser un nouveau semis, ce qui entraîne des dépenses directes importantes et réduit fortement le potentiel de rendement de la culture. »

Les 2,6 millions d’hectares de maïs semés chaque printemps sont potentiellement exposés à un risque, mais environ 7,5 % des surfaces seraient effectivement concernées par des dégâts significatifs de corvidés en moyenne chaque année, selon des données Arvalis. L’étendue et l’intensité des attaques connaissent une très forte fluctuation selon les années et les conditions. Jean-Baptiste Thibord expose trois éléments qui jouent sur les attaques potentielles : « L’exposition de la parcelle à proximité de lieux de vie des corvidés (villes, bois…), les conditions de préparation de sol et de levée, la protection des semis de maïs. » Sur ce dernier point, un produit de traitement de semences est encore disponible (Korit, à base de zirame) mais pourrait être interdit à terme. Concernant le sol, les préparations avec un sol soufflé et peu rappuyé facilitent l’action des oiseaux.

20 millions d’euros d’impact pour le seul tournesol

Autre culture très exposée : le tournesol. L’institut Terres Inovia dresse régulièrement un état des lieux des dégâts sur la base des déclarations d’agriculteurs. Davantage que les corvidés, ce sont les pigeons (ramier et biset féral) qui détruisent les jeunes plants, à tel point que des agriculteurs renoncent parfois à cultiver le tournesol. « Tous les bassins de production sont concernés. Les pertes économiques s’élèvent à 330 €/ha en cas de ressemis de la culture ou 220 €/ha sans ressemis, soit 24 à 37 % de la marge brute indicative, précise Christophe Sausse, Terres Inovia. Nous estimons à un tiers la proportion des parcelles faisant l’objet d’une attaque. En prenant comme hypothèse 10 % de parcelles vraiment impactées dont la moitié est ressemée, l’impact direct serait, pour une sole de 777 000 hectares, de l’ordre de 20 millions d’euros au niveau national chaque année. Cela reste un ordre de grandeur indicatif. » Les colombidés consomment les jeunes plants dès l’émergence. La nuisibilité n’est effective que si la tige est coupée sur le tournesol.

Des productions légumières fortement touchées par les attaques d’oiseaux

La filière de légumes de plein champ constate une problématique croissante depuis de nombreuses années. Pigeons et corvidés sont mis à la même enseigne. « Au niveau national, il y a peu ou pas d’estimation de surface et de pertes économiques sur les dégâts d’oiseaux pour la filière légumes, remarque Thomas Deslandes, du CTIFL. Au niveau plus local, une enquête de la chambre d’agriculture du Finistère en 2015 avait mis en avant que près de 90 % des agriculteurs interrogés faisaient mention de dégâts. Mais peu remplissaient des déclarations de dégâts (21 %). Sur la période 2008-2015, la moyenne des dégâts déclarés dans le Finistère était de près de 84 000 euros pour les choucas des tours et 80 000 euros pour le pigeon ramier. »

La journée consacrée aux dégâts d’oiseaux a montré que, malheureusement, aucune méthode de protection des cultures ne donnait globalement satisfaction avec, en plus, des attaques difficilement prédictibles des volatiles. Toutefois, il est important de faire les déclarations de dégâts pour leur prise en compte officielle par les pouvoirs publics et la mise en œuvre de mesures ad-hoc, comme celles de destructions directes.

Les plus lus

<em class="placeholder">Corentin Chateignier dans un des ses quatre bâtiments de volailles Label rouge sur son exploitation en Eure-et-Loir</em>
« J’ai lancé un atelier volailles en Eure-et-Loir pour diversifier mon exploitation de grandes cultures »

Corentin Chateignier, installé avec son père Alain sur une exploitation de grandes cultures dans la Beauce, a lancé un atelier…

<em class="placeholder">Guillaume Bodet est agriculteur à Aufferville, en Eure-et-Loir devant son gîte à la ferme </em>
« Mon gîte à la ferme en Eure-et-Loir rapporte un revenu équivalent à la location d’un petit non-meublé à l’année »
Guillaume Bodet est agriculteur à Aufferville, en Eure-et-Loir. Il loue son gîte à la ferme à des touristes mais il vise surtout…
<em class="placeholder">Bastien Porte et son frère Vincent Darribeau, associés de l&#039;EARL Crabot.</em>
« Notre marge brute moyenne en maïs semence est de 2 800 €/ha sur notre exploitation des Landes »

Bastien Porte est, avec son frère et sa mère, multiplicateur de semences à Aire-sur-l’Adour dans les Landes. Ce travail est…

Vidéo : comment entretenir un fossé dans les règles ?

Un fossé doit être entretenu pour permettre le bon écoulement de l’eau et réduire les risques d’inondations des parcelles…

<em class="placeholder">Valérie Leguereau, agricultrice à Villemardy (41), devant un équipement agricole</em>
« Nous avons ajouté du pois protéagineux à notre assolement dans le Loir-et-Cher grâce à un prix garanti et une assurance sur la production »
Agricultrice à Villemardy, dans le Loir-et-Cher, Valérie Leguereau cultive du pois protéagineux depuis 2024, pour ses atouts…
<em class="placeholder">Angélique Le Borgne, agricultrice à Saumeray (Eure-et-Loir) au milieu d&#039;un champ</em>
« Je réalise mes meilleures marges avec le lin oléagineux en 2024 sur mon exploitation d’Eure-et-Loir »

Agricultrice à Saumeray, en Eure-et-Loir, Angélique Le Borgne a introduit le lin oléagineux de printemps dans sa rotation…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures