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Moisson 2024 : des coopératives en difficulté mais aux côtés des céréaliers

La forte baisse des volumes collectés en 2024 impacte très négativement la santé des exploitations céréalières mais aussi celles de leurs coopératives. Soumises par ailleurs à d'importantes difficultés structurelles, celles-ci seront présentes pour aider leurs adhérents à démarrer la campagne 2025, mais demandent des mesures de soutien concrètes à l’État.

Livraison de la récolte de céréales à la coopérative Agralys.
L'augmentation des charges fixes a entamé les marges des coopératives de 50%.
© Stéphane Leitenberger

La moisson 2024, qui s’établit à ce jour à 54,2 millions de tonnes toutes céréales confondues, est en baisse de 16,4 % par rapport à 2023. C’est sur ce bilan très négatif qu’Antoine Hacard, président de la section Métiers du grain de La Coopération agricole (LCA Métiers du grain) a introduit sa conférence de rentrée ce 24 septembre. Les diminutions sont fortes pour le blé tendre (-26,5 %), pour l’orge (-18,2 %), un peu moins pour le blé dur (-8,8 %) et le colza (-8 %), qui « limitent la casse », estime Antoine Hacard. Celui-ci émet « quelques espoirs » sur la récolte de maïs annoncée en hausse de 11,4 %, mais cette estimation reste à valider car se pose la question de la récoltabilité des semis de maïs les plus tardifs.

LCA Métiers du grain révèle que la mauvaise moisson 2024 entraine une perte de 50 % des volumes destinés à l’export par rapport à la moyenne quinquennale (6 millions de tonnes contre 12), soit une perte de chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros pour la France.

Quel est l’impact de cette moisson 2024 sur la santé des coopératives ?

Le président de LCA Métiers du grain parle d’une « qualité de récolte satisfaisante sur le plan sanitaire, mais plus compliquée au niveau technologique ». Ainsi, si les blés tendres présentent de bons temps de chute de Hagberg et une bonne qualité de transformation pour la panification et, si les teneurs en protéines des orges répondent à la demande brassicole, les poids spécifiques (PS) sont eux faibles. « Le savoir-faire des coopératives va être au cœur de la campagne » pour travailler le grain et améliorer les PS, indique ainsi Antoine Hacard. Mais la conséquence va être un surcroît de travail et donc un surcoût financier pour les coopératives qui va s’ajouter aux conséquences des faibles volumes récoltés : « Le coût financier de la baisse de la collecte est chiffré à 300 millions d’euros pour les coopératives céréalières ». Cette difficulté d’ordre conjoncturel s’inscrit dans des difficultés structurelles plus profondes, liées à l’inflation, à la hausse des taux d’intérêt, mais aussi à la décroissance tendancielle de la collecte de grains en France. 2024 est ainsi considérée par LCA Métiers du grain comme « l’exercice le plus difficile de l’histoire des coopératives ».

Antoine Hacard révèle qu’à l’image de Terrena qui a débloqué 11 millions d’euros pour soutenir ses adhérents, d’autres coopératives ont pris des initiatives « pour que la moisson 2025 ne soit pas compromise par les mauvais résultats de 2024 ». Il s’agit souvent de reports d’échéances après la prochaine récolte, de façon à ce que les agriculteurs ne soient dans l’obligation de faire des arbitrages qui seraient défavorables pour leurs cultures.

Quelles sont les demandes de La Coopération agricole Métiers du grain qui concernent les céréaliers ?

Outre l’extension aux oléagineux du dispositif Aval qui permet aux coopératives de faire garantir leurs stocks de céréales par l’État, la section Métiers du grain demande au gouvernement l’abrogation de la loi sur la séparation de la vente et du conseil. Il s’agit pour Antoine Hacard, d’un système « incohérent et inapplicable », qui « impacte la compétitivité des coopératives et de l’agriculture française en général ». Ce dernier souhaite que ce sujet qui ne figurait dans le premier projet de loi d’orientation agricole, soit inscrit dans la nouvelle mouture.

Une autre des attentes de LCA Métiers du grain soit que le gouvernement « fasse le nécessaire auprès de l’Union européenne » pour permettre l’utilisation de la technique des NGT (New genomic techniques). « Nous en avons besoin pour avoir une meilleure efficience de l’azote, des variétés plus résistantes aux maladies, ou encore des rendements plus réguliers. ​​​​​La transition environnementale, c’est d’abord de l’innovation, sinon c’est de la décroissance », estime Antoine Hacard. Enfin, ce dernier considère que la mauvaise moisson 2024 est aussi la conséquence d’un manque de solutions pour faire face aux maladies et aux adventices, particulièrement présentes cette année. Il faut redonner aussi aux agriculteurs des moyens techniques pour lutter contre les conséquences du changement climatique.

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