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Météo agricole : comment s’y retrouver dans les prévisions ?

Les nombreux sites internet qui proposent de la météo travaillent à partir de modèles de prévisions. Explications et présentations des services proposés par les deux principaux constructeurs français de stations pour aider les agriculteurs à s’y retrouver.

Agriculteur avec son smartphone dans son champ de blé
Un abonnement mensuel est nécessaire pour accéder aux données de sa station via une application mobile. Il faudra compter entre 170 euros et 300 euros par an selon les prestations choisies.
© MrAshi - stock.adobe.com

« Les analyses statistiques montrent qu’il n’y a pas de modèles de prévision météo parfaits. » C’est le constat établi par Martin Ducroquet, fondateur de Sencrop. Ce serait pourtant le rêve de tout agriculteur : être sûr de la météo des prochains jours ! La météo devient un sujet de préoccupation majeure des agriculteurs sous l’effet du changement climatique, de la réglementation et des demandes sociétales.

De nombreux défis s’imposent aux agriculteurs : demande de réduction de l’utilisation des phytos, moins de solutions chimiques à disposition, fenêtres de tir réduites pour intervenir au champ, pression des maladies et des ravageurs… « Les stations météo connectées, les outils d’aide à la décision associés et les outils de prévision proposés sur les applications des constructeurs peuvent apporter des solutions dans ce contexte », considère Emmanuel Buisson, directeur produits et innovation chez Weenat.

Mesurer la performance des modèles météo

Météo-France, Météo blue, Météo agricole, Météociel, Windy, Accuweather… De nombreux sites internet proposent de la météo. « Ces sites font office de carrosserie, mais derrière ces interfaces, il n’y a que quatre ou cinq moteurs qu’on appelle des modèles météo, illustre Emmanuel Buisson. Ce n’est pas parce qu’il y a une belle présentation que les prévisions seront fiables. »

Il existe de nombreux modèles météo à travers le monde, mais seuls quelques-uns sont utilisables pour établir des prévisions sur la France, à l’échelle de la commune. Grâce aux nombreuses données météo collectées, il est possible d’établir une hiérarchie dans la fiabilité des modèles de prévision, sachant qu’ils ne peuvent pas être performants sur tous les aspects. « La performance d’un modèle peut différer en fonction de la région où l’on souhaite l’utiliser ou de la saison. Il peut aussi y avoir des différences de précision en fonction des paramètres mesurés, avance Martin Ducroquet. Un modèle bon sur la pluie peut être moins bon sur la température. L’enjeu est de simplifier l’accès à ces connaissances aux agriculteurs. »

Pas de prévisions possibles au-delà de 7 jours

Concrètement, en comparant les prévisions faites par les modèles (température, pluviométrie journalière…) avec les données réelles observées sur le terrain, il est possible d’établir statistiquement la fiabilité d’un modèle à 1, 3 ou 7 jours. Parmi les modèles montrant une bonne fiabilité à 48 heures figure le modèle Arôme de Météo-France (résolution de 2 km). Le modèle allemand Icon montre aussi une bonne fiabilité. Il se décline en deux versions : la version européenne avec une résolution de 6 km et des précisions à J +5, et la version monde (résolution de 12 km) qui donne des prévisions jusqu’à J +7. Le modèle américain GFS va jusqu’à J +14 (résolution large de 22 km). « Au-delà de 7 jours, cela devient quasiment impossible de faire de la prévision », signale Emmanuel Buisson qui constate la dégradation de la qualité du modèle américain depuis plusieurs années, « pourtant utilisé sur de nombreux sites ». L’information sur le modèle météo utilisé n’est toutefois pas toujours accessible.

Trouver le modèle qui convient à son exploitation

Grâce à leur maîtrise de la data, les deux constructeurs Weenat et Sencrop proposent des services autour des prévisions météo pour aider les agriculteurs à s’y retrouver. Du côté de Weenat, le choix a été fait de reconstruire un scénario unique à partir de l’enchaînement de plusieurs modèles qui ont les meilleures performances en fonction de leur résolution et de leur échéance temporelle. L’entreprise propose aussi une comparaison des prévisions des différents modèles pour ceux qui souhaitent avoir une vue d’ensemble.

Sencrop propose aussi un comparateur et un classement des modèles qui permet de donner une note de fiabilité des prévisions, paramètre par paramètre pour trouver le modèle le plus adapté en fonction de sa localisation ou du moment de l’année. « L’agriculteur accède à un classement des trois modèles les plus performants pour son cas », stipule Martin Ducroquet. Pour celui qui n’a pas envie de jongler entre les différents modèles, l’entreprise propose depuis 2023 une solution de prévisions sur-mesure basée sur un composite des modèles qui prend en compte leurs meilleures performances en fonction des paramètres ou de la période. « C’est une sorte de best of qui s’appuie sur la data massive que l’on a à disposition », précise le dirigeant.

Autre innovation déjà en route et qui devrait se renforcer dans les années à venir pour compléter la panoplie d’outils à disposition des agriculteurs : l’utilisation des données numériques spatialisées. « Grâce à la grosse concentration de données, il est désormais possible de reconstituer des infos météo très locales, sans station météo physique », explique Martin Ducroquet. Les données numériques spatialisées sont construites grâce à un algorithme mathématique à partir de plusieurs sources d’information : radars, satellites pouvant descendre à l’échelle de 1 km2, données des stations météo (Météo-France ou réseau privé), données des modèles météo… « Elles servent notamment à alimenter les outils d’aide à la décision (OAD) autour de l’irrigation et de la surveillance de la pression des maladies (Mileos, Irré-Lis…) », précise Emmanuel Buisson. Weenat propose le service Météovision basé sur les données spatialisées.

Le changement climatique complique les prévisions météo

Le changement climatique influe sur la précision des prévisions. Il se traduit par une instabilité plus forte et des changements de flux très importants et très rapides. « Les modèles météo actuels ont du mal à les anticiper, constate Emmanuel Buisson. Un modèle de prévision météo, c'est des équations mathématiques qu’on rentre sur un calculateur avec des résolutions numériques : ce fonctionnement n’aime pas les changements brusques. » Un deuxième aspect qui peut parfois donner une impression de mauvaises prévisions est la dimension très locale de certains phénomènes météo, qui sont difficiles à prévoir. Il reste compliqué d’anticiper un épisode météo qui concerne une zone inférieure à 10 km2.

Quel budget pour s’équiper d’une station météo et de ses services ?

L’écosystème des stations météo connectées se resserre en France. Désormais, il reste deux acteurs français qui proposent à la fois des stations connectées et un service de prévisions météo : la société Weenat et le groupe Isagri qui, en plus de sa marque Météus, possède désormais la marque Sencrop depuis le rachat de la société en début d’année. L’entreprise devient le leader de ce marché en Europe avec un réseau de 40 000 stations actives. Un acteur plus confidentiel commercialise également des stations météo accompagnées d’un service de prévisions. Il s’agit de la marque Metos de la société autrichienne Pessl Instruments.

Lire aussi | Météo : pourquoi s’équiper d’une station connectée ?

Les prix des stations sont très variables en fonction du niveau d’équipement : station simple avec température, pluviométrie et hygrométrie, auxquelles peuvent s’ajouter des capteurs pour le vent, pour mesurer le rayonnement, ou des équipements spécifiques à l’irrigation (tensiomètre ou sonde capacitive). En moyenne, il faut compter entre 500 et 800 euros pour s’équiper en station Weenat, Sencrop ou Météus. Cela peut aller jusqu’à 2 500 euros avec la partie irrigation.

Un abonnement mensuel est nécessaire pour accéder aux données de sa station depuis une application sur son Smartphone. Weenat comme Sencrop proposent, en complément des données fournies par les stations en temps réel, un service de prévisions météo. Il faudra compter entre 170 euros et 300 euros par an en fonction du niveau de prestations choisi (nombre de jours de prévisions, extensions de garantie ou service d’entretien proposés par certains réseaux collectifs…). Bon à savoir, des interconnexions sont possibles entre l’application Weenat et les stations des constructeurs Pessl instruments ou Davis Instruments.

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