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Maladies du blé : les agriculteurs plébiscitent les variétés tolérantes à la septoriose

Parmi les leviers permettant de réduire la pression des maladies, la tolérance variétale a fait de notables progrès. Les variétés peu sensibles sont adoptées. Des pratiques agronomiques limitent aussi le développement des pathogènes.

La tolérance génétique à la septoriose peut s'éroder avec le temps chez certaines variétés, comme pour Apache devenue sensible à la maladie. © C. Gloria
La tolérance génétique à la septoriose peut s'éroder avec le temps chez certaines variétés, comme pour Apache devenue sensible à la maladie.
© C. Gloria

« La résistance aux maladies est très clairement un critère de choix variétal. » Au pôle variétés, génétique et semences d’Arvalis, Philippe du Cheyron observe la progression des variétés tolérantes à la septoriose dans le choix des agriculteurs : « le niveau de résistance de la sole française est nettement supérieur à ce qu’il était dix ans auparavant. À la récolte 2019, nous avions plus de 20 % de la surface avec des variétés affichant 7 ou plus en note de tolérance à la septoriose. On a doublé cette proportion en dix ans. Quant à la culture de variétés avec une note de forte sensibilité de 4 ou moins, il n’y en a quasiment plus : 1 à 2 % en 2019 contre 20 % en 2009. »

Des variétés classées peu sensibles à assez résistantes cumulent aussi bonne productivité et qualité meunière et sont très cultivées comme LG Absalon, Chevignon, KWS Extase… La note de tolérance à la septoriose monte jusqu’à 7,5 dans les variétés disponibles. « La moyenne de ces notes pour les variétés inscrites chaque année atteint 6 en 2019 contre 5,5 en 2009, précise Philippe du Cheyron. On progresse sur la septoriose, contrairement aux rouilles où l’on atteint une certaine stabilité dans le niveau de tolérance. Mais pour la rouille jaune, nous sommes à un niveau élevé de 7 en moyenne dans les inscriptions chaque année, et de 6 pour la rouille brune. »

Facture fongicide réduite de moitié sur les variétés tolérantes

L’utilisation de variété tolérante réduit la pression parasitaire et les coûts de fongicides. Cinq essais variétés menés en 2017 par Arvalis montraient une dépense optimale de fongicide de 80 euros/hectare sur des variétés très sensibles et de 35 euros/hectare sur des variétés peu sensibles pour obtenir un gain net et avec un prix de blé à 145 euros/hectare.

Tout n’est pas parfait dans les variétés tolérantes. Les pathogènes développent des populations capables de contourner les gènes de résistance. Ainsi, en quelques années, certaines variétés passent du statut de tolérante à sensible. « C’est le cas avec la rouille jaune, notamment depuis 2012 avec l’arrivée d’une nouvelle race du champignon, signale Philippe du Cheyron. Chaque année, deux ou trois variétés voient leurs gènes de résistance contournés comme le blé Nemo en 2015-2016 ou Amboise plus récemment et Campesino l'an passé. »

Le contournement existe également sur les variétés tolérantes à la septoriose mais elle est plus lente à se mettre en place, sans doute grâce à une tolérance génétique gouvernée par plusieurs gènes. Cette érosion progressive de la tolérance a été observée sur des variétés comme Apache, Caphorn, Premio, Rubisko…

L’amélioration génétique est plus rapide que le contournement des résistances

« Cette érosion relativement lente laisse le temps aux sélectionneurs d’inscrire de nouvelles variétés performantes. En outre, elle ne touche pas toutes les obtentions, souligne le spécialiste d’Arvalis. Ainsi, LG Absalon inscrit en 2016 ou Fructidor encore plus ancien (2014) conserve son haut niveau de tolérance. Le contournement des résistances génétiques est un bémol à apporter à l’utilisation de variétés tolérantes, mais cela reste de l’ordre de l’exception. »

Le recours au mélange variétal peut diminuer ces risques de contournement. Pour Philippe du Cheyron, cette solution n’est pas plus performante dans la réduction de pression parasitaire que le recours à des variétés seules tolérantes aux maladies. C’est parfois une solution retenue pour des raisons pratiques : semer le même mélange partout plutôt que des variétés en pur sur différentes parcelles.

Les semis tardifs comportent des risques de forte perte de potentiel

D'autres leviers existent pour diminuer la pression parasitaire à la sortie de l’hiver. La date de semis est parfois mise en avant pour contrer la septoriose. « Les blés semés tardivement sont en général moins touchés car ils échappent aux premières contaminations. L’inoculum est alors moins important en sortie d’hiver », résume une note Arvalis sur la protection intégrée des cultures. Les essais menés sur ce point en 2019-2020 par l’institut n’ont pas été probants. La faute en partie aux conditions climatiques qui ont mis à mal le protocole.

« Dans les modalités de semis précoces et tardifs, il y avait un écart de 28 jours, trop important, sur les dates de semis. Les pertes de rendement ont été élevées sur les semis tardifs et nous n’avons rien gagné sur les maladies puisqu’il n’y en avait pas ce printemps, relate Claude Maumené, Arvalis. Nous reconduisons l’essai cette campagne en espérant d’autres conditions. On peut au moins tirer un enseignement : il y a un risque à jouer sur la date de semis avec la perte de potentiel que cela produit généralement. » Le décalage de date de semis permet de baisser la pression d’autres ennemis des cultures comme des adventices et les pucerons.

Diminuer la densité de semis et la fertilisation, un impact mineur

La diminution de la densité de semis abaisse la contamination en pathogènes, en particulier l’oïdium. « L’effet est moins important que celui de la date de semis, selon Claude Maumené, à moins de réduire cette densité de manière très significative, avec une perte du potentiel de rendement à prévoir. »

Une fertilisation excessive crée un couvert dense et un microclimat humide propices au développement de pathogènes comme l’oïdium ou les rouilles. Arvalis ne préconise pas de revoir à la baisse cette fertilisation qui « est le premier facteur de productivité ». Un fractionnement et un décalage des apports vers la fin du cycle du blé peuvent réduire le risque de maladies foliaires.

La rotation culturale et le travail du sol avec sa gestion des résidus de culture agissent peu sur les maladies foliaires, davantage sur les fusarioses des épis et/ou le piétin verse. « La succession de blé sur blé et la présence de résidus en surface peuvent favoriser la septoriose, note Arvalis. Mais à la différence du piétin-verse, cette maladie ne présente pas un caractère parcellaire. »

Les repousses profitent aux rouilles

Les repousses de céréales peuvent servir de relais à la rouille brune. Le champignon se conserve dessus et construit son inoculum à l’automne. Il est donc utile de détruire ces repousses pendant la période estivale. L’effet est toutefois limité, tant l’inoculum est omniprésent au niveau d’une région, selon Arvalis. Par contre, selon l’institut, des étés secs comme en 2003 et 2019 ont empêché les repousses, ce qui a rompu le cycle de la maladie et diminué le risque d’épidémie précoce à la campagne suivante. La rouille jaune profite aussi des repousses d’où elle migre vers les jeunes semis de l’automne.

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