Les exportations françaises de blé tendre vers un record historique
Le dynamisme des exportations françaises vers pays tiers ne fait que s’accentuer en cette fin de campagne, dopé par la demande des pays importateurs.
Le dynamisme des exportations françaises vers pays tiers ne fait que s’accentuer en cette fin de campagne, dopé par la demande des pays importateurs.
Depuis le début de la campagne, la filière export profite d’une belle conjonction de facteurs favorables en blé tendre : une offre disponible en quantité et en qualité, une compétitivité russe affaiblie par la hausse des prix sur son marché domestique, et une demande active des pays importateurs. Jusqu’ici, le Covid-19 n’a pas fait dérailler cette belle mécanique. Au contraire : dans son bilan mis à jour le 14 avril, FranceAgriMer a rehaussé de 0,5 million de tonnes (Mt) sa prévision d’export hors de l’UE pour la monter à 13,2 Mt. Du jamais vu ! Et l’office reconnaissait qu’il s’agit là d’une hypothèse « conservatrice », certains analystes tablant sur un score encore plus élevé.
Exports records vers la Chine
« Cela s’explique notamment par le flux extraordinaire de blé tendre français vers la Chine », soulignait Marion Duval, de l'Unité grains et sucre chez FranceAgriMer, le 15 avril. Les chiffres sont en effet étourdissants pour un débouché habituellement inexistant pour la France : l’Hexagone a déjà expédié 1,3 Mt pour la Chine avec 0,3 Mt en mars et autant sur les trois premières semaines d’avril. Un phénomène d’autant plus déroutant que les analystes ont bien du mal à expliquer cet engouement soudain pour le blé tricolore.
Retour en grâce français sur l’Afrique du Nord
A cette bonne nouvelle chinoise s’ajoutent d’autres débouchés porteurs. Grâce à sa compétitivité, le blé français a retrouvé le chemin de l’Afrique de l’Ouest. La France profite aussi des achats du Maroc. « Le Maroc a annoncé la prolongation du régime à taux à zéro sur les importations jusqu’au 15 juin en raison de la mauvaise récolte 2019 et est aux achats, en grande partie avec du blé français », explique Marion Duval. La situation est très inhabituelle, car le royaume ferme normalement ses portes au blé étranger dès la fin avril pour ne pas concurrencer sa récolte domestique. Mais la faiblesse des stocks marocains et le temps sec qui a prévalu pendant une grande partie du printemps ont poussé le pays à poursuivre ses achats. Et l’on ne peut en outre écarter une stratégie de stockage en lien avec le Covid-19. Résultat : les exportations françaises vers le Maroc atteignaient 1,8 Mt au 20 avril, dont 0,6 Mt entre mars et avril.
Du rab sur l’Egypte ?
La France fait aussi son grand retour sur l’Egypte, une fois encore grâce à sa compétitivité retrouvée. Et l’Egypte, elle aussi, poursuit sa campagne d’achat bien plus tard que de coutume. « L’Egypte souhaite augmenter sa réserve stratégique de produits de première nécessité, et elle va donc revenir aux achats », affirme Marc Zribi, chef de l'unité grains et sucre de FranceAgriMer. De quoi envisager quelques bateaux français supplémentaires en plus des 0,7 Mt déjà expédiés vers ce pays.
Lire notre dossier : blé tendre français, le défi de l'export
Le coronavirus pénalise les ventes vers l’UE
Seule ombre au tableau pour les exportations de blé tendre tricolore : la révision à la baisse des expéditions vers le nord de l’Europe. « Cet ajustement est lié aux difficultés des éthanoliers dans cette zone, comme ce que l’on constate en France, détaille Marion Duval. La demande animale est également attendue en baisse à cause de la moindre compétitivité du blé face au maïs. » La prévision d’export vers l’UE est donc minorée de 0,2 Mt, à 7,7 Mt. Rien de déshonorant toutefois, puisque cela correspond à la moyenne des cinq dernières années.