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Le maïs grain enregistre la collecte la plus faible depuis 30 ans en France

La production française de maïs historiquement basse en 2022 se confirme. Sous l’effet conjugué de la chaleur et du manque d’eau, les rendements ont plongé, entraînant avec eux la collecte.

Les rendements sont décevants, de l'ordre de 79 q/ha en moyenne à comparer à 97 q/ha de moyenne quinquennale.
Les rendements sont décevants, de l'ordre de 79 q/ha en moyenne à comparer à 97 q/ha de moyenne quinquennale.
© N. Cornec

La récolte 2022 de maïs est celle des records à la baisse pour toutes les productions (grains, fourrages, doux, semences). Les chiffres annoncés par Arvalis lors de la conférence de presse de l’Association générale des producteurs de maïs le 5 octobre sont sans surprise compte tenu des conditions climatiques de l’année.

La météo historiquement chaude et sèche est en effet à l’origine de ces mauvais résultats. « Le cycle du maïs est lié à un nombre de degrés jour, rappelle Thomas Joly, animateur filière maïs chez Arvalis. Les températures élevées ont accéléré le cycle de la plante. » Les floraisons se sont déroulées précocement, en situation de stress hydrique et thermique avec des avortements de grains à la clé. « La maturité physiologique de la plante a été atteinte avec en moyenne 20 jours d’avance », indique Arvalis. Conséquence : au 10 octobre, 65 % des surfaces étaient déjà récoltées.

L’irrigation a préservé les rendements

En maïs grain, le rendement moyen s’établit à 79 quintaux par hectare (q/ha), contre 97 q/ha en moyenne quinquennale, avec de grandes disparités en fonction de l’irrigation. Le rendement des maïs irrigués atteint 100 q/ha, celui du maïs pluvial 66 q/ha. « Les maïs irrigués affichent de meilleurs résultats mais les apports d’eau ont rarement été optimaux et les nombreux arrêtés préfectoraux ont été préjudiciables à la culture », tempère Thomas Joly.

Les rendements moyens en maïs grain en France (2022)

La production française devrait atteindre 10 millions de tonnes (Mt), contre 14 Mt en moyenne quinquennale. Le recul s’explique aussi par une sole en baisse à 1,34 million d’hectares (Mha) contre 1,51 Mha en 2021 (1,44 Mha en moyenne quinquennale) et par un transfert du maïs grain vers le fourrage pour environ 70 000 ha, soit 1,27 Mha récoltés. Cela se traduira par « la collecte la plus faible depuis 30 ans », affirme Thomas Joly.

Vache maigre en maïs fourrage

Le potentiel du maïs fourrage a lui aussi subi les affres du climat. Les chiffres définitifs de la campagne ne sont pas encore connus, mais une partie des récoltes « ont été très précoces avec des résultats bien en deçà des attentes », note Arvalis. A contrario, dans certains cas, les difficultés à récolter au bon stade ont altéré la qualité des maïs « qui se sont trouvés pauvres en biomasse et en grain ».

Production déficitaire en maïs doux

En maïs doux, les volumes ne sont pas encore connus de façon définitive, mais la récolte française pourrait être de 10 % inférieure aux prévisions.

Seule pointe d’optimisme dans ce tableau, les taux d’humidité historiquement bas du maïs à la récolte, souvent situés entre 18 et 23 %, vont permettre de limiter les coûts de séchage. Une bonne nouvelle dans un contexte de flambée des prix de l’énergie.

Le maïs semence touché de plein fouet

C’est sans doute le maïs semence qui a le plus subi les conséquences de la sécheresse. « La production pourrait s’établir entre 70 à 75 % de l’objectif », indique Pierre Pagès, président de la Fédération nationale de la production des semences de maïs et de sorgho (FNPSMS). Une situation similaire dans toute l’Europe. Ironiquement cette année, c’est en Ukraine et en Russie que les conditions climatiques ont été les plus favorables au maïs semence.

Pour autant, Pierre Pagès se veut rassurant pour l’année prochaine. Compte tenu des stocks existants, il estime que l’approvisionnement devrait se faire dans des conditions correctes avec néanmoins « un risque de tensions pour certaines variétés ». « Les stocks seront ensuite au plus bas, il faudra les reconstituer, prévient-il. C’est pourquoi nous avons besoin de sécuriser notre réseau de producteurs ».

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