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Filière
La charte « soja de France » à la recherche de valeur ajoutée

30 000 tonnes de graines ont été certifiées « soja de France » l’an dernier. La charte se développe mais les acteurs de cette nouvelle filière ont encore du mal à trouver de la valeur ajoutée sur les graines.

Un bon contact entre les semences et la terre au moment du semis favorisera la nodulation.
© C.Gloria

Le soja reprend des couleurs : descendu à 37 000 hectares en 2012, les surfaces sont remontées à  154 000 hectares en 2018. Il faut y voir l’intérêt accru des filières pour le soja made in France et sans OGM, qui peut être certifié depuis l’an dernier dans le cadre de la charte « soja de France ». Construite au sein de l’interprofession, cette charte « engage du maillon semences jusqu’au produit délivré à la sortie de l’usine », a rappelé Françoise Labalette, de Terres Univia, à l’occasion d’une table ronde dédiée à la filière soja, le 4 avril à Paris. Elle est certifiée par des organismes tiers et vise à donner des garanties à l’aval. 30 000 tonnes de graines sur les 400 000 tonnes récoltées en France ont été certifiées l’an dernier, soit 7,5 % des volumes. Terres Univia espère atteindre le même volume en 2019. C’est encore peu, mais c’est un début que la filière souhaite prometteur.

Une prime pour les producteurs... mais pas pour l'aval

Pour le moment, les producteurs investis dans la filière sont rémunérés par une prime, de l’ordre de 15 à 25 euros la tonne selon les collecteurs et les modes de calcul. L’objectif est de les motiver afin de les emmener durablement vers cette production. Mais les collecteurs comme les transformateurs ne dégagent pas encore de valeur ajoutée avec cette charte.

La coopérative Bourgogne du Sud, qui a collecté 10 000 tonnes de graines certifiées sur ses 20 000 tonnes de soja, est dans ce cas. « C’est notre outil Extrusel qui a trituré notre soja certifié, a signalé Yann Joly, responsable céréales de la coop et responsable d’exploitation de l’unité de trituration de soja Extrusel. Mais pour l’instant, nous n’en avons pas encore vendu beaucoup sous charte. Il faut que cette certification soit connue. En tout cas, nous continuons de promouvoir la charte, qui nous semble être l’avenir, par rapport à tout ce que l’on entend ».

Prête à investir dans le produit, la coopérative Terre Comtoise n’a pas plus la solution pour l’instant. « 40 % des tonnages d’aliments que nous vendons vont dans la filière lait conventionnel, a expliqué Patrick Grosjean, responsable de l’alimentation animale au sein de la coop. Aujourd’hui, il faut que nous convertissions le soja standard en soja « Expeller » garanti sans OGM, ce qui représente un différentiel de 70 à 100 euros par tonne de produit pour les éleveurs ». Le surcoût est de 8 à 10 euros aux 1000 litres de lait. « Qui va mettre l’argent ? les laiteries ? les fabricants d’aliments ? Les agriculteurs ? La question reste en suspens », a interrogé Patrick Grosjean.

Mettre le consommateur dans la boucle rapidement

Chez Euralis, qui vend son soja certifié à Sojalim, 600 producteurs sont entrés dans la filière. « La première année s’est très bien passée », a indiqué Michael Junqua, chef de marchés pour la coop Euralis. Mais là aussi, la valeur ajoutée est encore difficile à trouver. « Ca n’aura de sens qu’en allant jusqu’au consommateur », a souligné Michel Vernet, directeur général de Sanders-Euralis et président de l’unité de trituration de soja Extrusel. Pour Jean-Yves Hardy, directeur d’Huttepain aliments pour le groupe LDC, « il va falloir travailler le surcoût supplémentaire pour qu’il soit le plus bas possible, donc développer la production pour le lisser, et diffuser l’information auprès du consommateur, en analysant segment de marché par segment de marché où le soja français peut être intégré ».

Combien de temps pour conforter la filière ? « cinq à sept ans », selon Michel Vernet. A suivre.

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