« Je délègue la pulvérisation à l’entreprise pour accéder à la technologie »
Double actif, Jacques Gourmaud a fait le choix de déléguer, entre autres, la pulvérisation pour accéder et profiter de la technologie de pointe.
Double actif, Jacques Gourmaud a fait le choix de déléguer, entre autres, la pulvérisation pour accéder et profiter de la technologie de pointe.
Conseiller technique à la coopérative de la Tricherie depuis 1989, Jacques Gourmaud a repris l’exploitation familiale, située à Liniers (Vienne), en 1993 en double activité, en faisant le choix d’abandonner l’élevage de bovins viande. Cet agriculteur cultive 137 hectares comprenant du blé (dont blé de force), de l’orge, du tournesol, du maïs irrigué et de la luzerne porte-graine. « Les premières années, je réalisais moi-même la pulvérisation et les épandages d’engrais, généralement pendant la nuit, le week-end ou les vacances, se souvient-il. Mais cela s’est avéré compliqué à gérer sur le long terme et j’ai décidé de déléguer ces interventions. » Ces dernières sont parfois réalisées à des moments plus opportuns, techniquement et agronomiquement plus pertinents que s’il devait le faire lui-même. L’agriculteur prend ainsi l’exemple du blé de force, dont les apports doivent être pilotés finement.
Accéder à des technologies trop chères pour moi seul
Si c’est pour faire appel à une entreprise de travaux agricoles, autant choisir un prestataire qui est équipé de technologies de pointe. « Mon entrepreneur, Joffrey Lépine est très bien équipé. Il peut faire de la modulation de doses avec son pulvérisateur, son épandeur d’engrais et son semoir monograine. Et comme il réalise aussi la récolte chez moi, il me fournit les cartographies de rendement, ce qui boucle le cycle. J’ai ainsi aujourd’hui accès à des technologies qui seraient impossibles à rentabiliser sur 137 hectares. » Si les apports d’engrais et de phytosanitaires sont délégués, Jacques Gourmaud garde cependant la main sur les quantités et la localisation des apports. « Pendant une période, j’utilisais en capteur N-Sensor en Cuma, rappelle l’agriculteur. Maintenant, je fais appel aux cartographies du service Abelio. Cela comprend notamment des cartes de biomasse. À partir de ces cartes et des connaissances empiriques de l’hétérogénéité de mes parcelles, je décide des quantités d’intrants dans les différentes zones que je délimite sur l’ordinateur. Ensuite, ces cartes de préconisation sont transmises à Joffrey via une clé USB, qui n’a plus qu’à rentrer ces informations dans le terminal du pulvé ou de l’épandeur d’engrais. » Jacques Gourmaud établit ainsi trois ou quatre cartes de préconisation, avant chaque intervention. Les variations d’apport d’une zone à l’autre peuvent varier de 20 à 25 %. Ces variations de doses ne se font pas pourtant au détriment de la qualité de pulvérisation. « Quelle que soit la dose, les buses travaillent à leur optimal de pression, ce qui fait que les gouttes ont la même taille partout. »
Un choix technologique pertinent avec les engrais chers
Jacques Gourmaud réalise le même exercice concernant les fongicides, s’appuyant toujours sur les cartes de biomasse d’Abelio. « Le dosage peut être un peu plus important dans les zones des plus denses », confie-t-il. Concernant le désherbage des cultures, le dosage est fonction du taux de salissement de la culture. « Si je repère une zone de ray-grass, la dose peut être portée à 1,2 l/ha, quand tout le reste est dosé à 0,8. » Là encore, les zones sont délimitées manuellement sur l’ordinateur, une méthode acceptable du fait des 13 îlots de cultures de l’exploitation.
« Au global, je ne sais pas si je réalise des économies sur les engrais, analyse Jacques Gourmaud. Ce qui est certain, c’est que mes apports sont mieux répartis. Et dans le contexte actuel de prix élevés des engrais, se poser la question d’une meilleure répartition est d’autant plus pertinent. Il y a moins de pertes dans les zones à plus faible potentiel et possiblement des quintaux en plus dans les bonnes terres. Et comme Joffrey assure également la récolte, je peux facilement mettre côte à côte les cartes d’apport avec celles de rendement et faire le bilan sur mes choix tout au long de la saison. »
« La pulvé high-tech se justifie dans nos terres hétérogènes »
Joffrey Lépine a investi dans des solutions de modulation de doses sur le pulvé, l’épandeur d’engrais et le semoir monograine.
Entrepreneur de travaux agricoles à Availles-en-Chatellerault (Vienne), Joffrey Lépine réalise les traitements de 800 hectares de cultures, entre son exploitation et ses clients, pour les trois quarts en prestation complète. « Chaque année, je pulvérise 3 000 hectares avec mon automoteur Artec F40 », annonce-t-il. Affichant un goût certain pour les nouvelles technologies, l’entrepreneur a investi dans la modulation de dose, aussi bien en apport d’engrais solides ou liquides, qu’en semis. « Les sols sont très hétérogènes dans la région, explique-t-il. Investir dans la modulation se justifie, quand on considère le prix des engrais, ce qui est d’autant plus vrai maintenant. » Pour la pulvérisation, l’automoteur est capable de faire de la modulation. Pour cela, il embarque des buses à impulsions Dynajet. « Que je travaille à 9 ou à 23 km/h, j’utilise toujours les mêmes buses, à la pression optimale : ce sont les durées d’ouverture et de fermeture de ces buses qui varient. » Ce choix technologique est compatible avec la modulation de dose (aujourd’hui sur toute la largeur de la rampe de 30 m), soit à partir de cartes de préconisation, soit à partir de la lecture en direct du volume de biomasse à l’aide du capteur AgXtend CropXplorer embarqué sur l’automoteur, pour le pilotage de la fertilisation azotée. L’utilisation de ce capteur est facturée 5 euros par hectare et plébiscité par la majorité de ses clients pour les apports d’azote. « L’objectif n’est pas d’apporter moins, mais d’apporter mieux. »
Pour le tournesol et le maïs, l’entrepreneur a également transformé un semoir monograine Monosem NG + en lui intégrant un entraînement électrique donnant accès à la coupure/modulation rang par rang, à l’aide de solutions Precision Planting. « Inutile de semer trop dense dans les zones à faible potentiel, explique Joffrey Lépine. Et dans les pointes, la coupure rang par rang permet d’économiser rapidement une ou deux doses. On gagne vite fait 200 euros dans une parcelle. J’estime que mon équipement sera rentabilisé en quatre ans. » Il n’exclut pas non plus de combiner ce semoir à une solution de conductivité des sols qu’il entend tester sur plusieurs campagnes.