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Insectes et stockage des grains : six conseils pour y faire face

Les agriculteurs qui stockent leurs récoltes à la ferme doivent se prémunir des infestations d’insectes pour respecter les contrats commerciaux. Dans un contexte de solutions chimiques limitées, la prévention reste le moyen de lutte à privilégier.

Les insectes ravageurs du stockage ne proviennent pas des champs mais du silo lui-même. Le nettoyage des locaux est donc indispensable entre deux récoltes.
Les insectes ravageurs du stockage ne proviennent pas des champs mais du silo lui-même. Le nettoyage des locaux est donc indispensable entre deux récoltes.
© V. Charpenet

Selon une enquête menée par Arvalis en 2022 (1), le stockage des récoltes à la ferme représente 30 % des capacités françaises de stockage. Plus d’un producteur de grandes cultures sur deux est équipé d’une installation pour stocker tout ou partie de sa récolte (53 %). En lien avec le réchauffement climatique qui complique le refroidissement des lieux de stockage, la problématique des insectes va grandissante.

« Les organismes stockeurs (OS), lors de l’achat des céréales aux agriculteurs stockeurs, sont exigeants en termes de qualité du grain et de son stockage. En effet, ils doivent répondre aux cahiers des charges drastiques de leurs clients, soit industriels, soit à l’export », peut-on lire dans le livre blanc du groupe de négoce Carré consacré aux bonnes pratiques de stockage des céréales. Certains débouchés, comme l’industrie de transformation pour l’alimentation humaine ou la filière CRC (culture raisonnée contrôlée), constituent un défi technique pour les producteurs avec des cahiers des charges qui exigent à la fois l’absence d’insectes vivants (c’est le cas de tous les contrats commerciaux), le zéro résidu d’insecticides, voire l’interdiction pure et simple de leur utilisation.

 

 
Insectes et stockage des grains : six conseils pour y faire face
© Arvalis

Nettoyer scrupuleusement entre deux récoltes

Les insectes du silo ne viennent pas des champs. Ils survivent d’une année sur l’autre dans le bâtiment ou le matériel mal nettoyés. « Le réservoir d’insectes, c’est le silo lui-même », explique Marine Cabacos, ingénieure recherche et expérimentation sur la protection intégrée des grains stockés chez Arvalis. D’où l’importance d’être très méticuleux lors de cette étape. « En ce qui concerne notre coopérative, nous préconisons un vide sanitaire de minimum trois semaines entre le départ de la récolte précédente et l’arrivée de la nouvelle », avance Benjamin Top, directeur général d’AgroPithiviers, très attentif à cette problématique des insectes, eu égard au cahier des charges des débouchés de la coopérative. Il préconise un nettoyage intégral en allant jusqu’au démontage des gaines de ventilation.

Trouver des alternatives aux insecticides

S’il reste possible d’avoir recours aux insecticides, les contrats les interdisant sont de plus en plus nombreux. D’ailleurs, l’enquête d’Arvalis montre que seuls 14 % des agriculteurs stockeurs ont recours aux traitements insecticides. Les solutions sont de toute façon limitées. Les produits à base de deltaméthrine, pyrimiphos-méthyl (applications avec un appareil tenu à la main interdites) et cyperméthrine (jusqu’en juillet 2024) sont autorisés en préventif sur les parois des bâtiments de stockage, une fois nettoyées. Ces insecticides de contact ainsi que le spinosad (TopGrain), une solution de biocontrôle, peuvent être utilisés en curatif directement sur les grains. Les insecticides de contact sont interdits sur les oléagineux et les protéagineux. Dans ces conditions, c’est sur la prévention et sur les méthodes alternatives que les agriculteurs stockeurs peuvent bâtir leur stratégie de lutte contre les insectes du stockage.

L’application de poudres minérales (SilicoSec, ProCrop ou Force Grain) montre une efficacité similaire aux insecticides mais elle est plus coûteuse. Ces solutions restent également assez peu utilisées par les producteurs. « Ces poudres peuvent être utilisées pour le traitement des locaux en préventif, avance Marine Cabacos. Il est possible de les appliquer sur les grains, en préventif et en curatif, mais la mise en œuvre est plus compliquée. » Pour des denrées à forte valeur ajoutée, on peut opter pour des lâchers de guêpes parasitoïdes si les locaux n’ont pas fait l’objet d’un traitement insecticide au préalable. « La température ambiante doit être d’au moins 16 °C pour que ce soit efficace », note Marine Cabacos.

Avoir une ventilation adaptée à son stockage

Pour prévenir le développement des insectes, la méthode de base reste le refroidissement des grains par ventilation. « Le matériel - ventilateur, réseau de distribution et thermométrie - doit être adapté au type et à la dimension du stockage », précise l’experte. Pour ce faire, Arvalis propose l’outil Ventilis pour pouvoir diagnostiquer son installation et choisir un ventilateur adapté.

La ventilation sans groupe froid consiste à utiliser l’air extérieur pour refroidir les grains. Le matériel installé doit permettre un déclenchement de la ventilation dès que l’écart de température entre l’intérieur et l’extérieur est suffisant (minimum 7 °C). Il est conseillé d’atteindre un premier palier à 20 °C avant mi-septembre, 12 °C avant mi-novembre et 5 °C l’hiver pour retarder le retour à une température des grains favorable au développement des populations, au printemps suivant. « Avec le réchauffement climatique, atteindre ces paliers s’avère difficile dans certaines régions », constate Marine Cabacos.

Maîtriser la température du stockage

Pour gérer la ventilation en optimisant les dépenses d’électricité, il est important d’avoir un suivi précis de l’évolution de la température du stockage. Plusieurs sociétés proposent aujourd’hui des sondes, qui peuvent être connectées, à placer dans les grains. L’automatisation avec l’installation d’un thermostat est un plus, mais il est aussi possible de piloter le déclenchement des ventilateurs manuellement en fonction des écarts de températures. « Toute fenêtre favorable à la ventilation des grains doit être saisie », considère Marine Cabacos.

Reconnaître et surveiller les insectes du silo

Parmi la vingtaine d’espèces d’insectes que l’on peut retrouver dans les stockages de céréales, le charançon du riz, le silvain dentelé ou encore le tribolium roux sont les plus fréquents. Pour les reconnaître, Arvalis propose l’application gratuite Insectes du silo (sur mobile ou ordinateur) qui propose des fiches descriptives et des conseils pour maîtriser les infestations.

Effectuer une ronde hebdomadaire pour vérifier visuellement le stockage à différents endroits est préconisé. Il est possible de disposer des pièges-tubes perforés à différents endroits du silo pour capturer des insectes et agir si besoin. Ces pièges peuvent être utilisés en cellules verticales, même s’il est plus difficile de les répartir de manière homogène que dans un stockage à plat.

Prévenir son OS en cas de problème

La température du silo augmente anormalement ou celui-ci ne parvient plus à être refroidi ? Des insectes y ont certainement élu domicile. Dans ce cas, il est nécessaire de prévenir son organisme stockeur qui pourra procéder, dans la mesure du possible, à l’évacuation de la marchandise et à son nettoyage, avec un coût qui peut parfois être élevé en fonction du type et du niveau d’infestation et des contraintes logistiques. « Les bonnes pratiques de stockage sont importantes pour préserver la valeur de votre stock de céréales : insectes et grains germés peuvent rendre votre lot impropre à la consommation », souligne le groupe Carré.

(1) Début 2022, l’institut de sondage BVA et Arvalis ont questionné plus de 2 216 agri­culteurs cultivant au moins 20 hectares de céréales (blé, maïs…) sur leurs capacités de stockage à la ferme.

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