Aller au contenu principal

Incendie à la récolte : « Le mur de flammes avançait rapidement sur une largeur de 100 mètres. »

Agriculteur dans l’Eure, Gilles Lenfant a été confronté au feu à plusieurs reprises à l'été 2019. Son expérience lui a démontré que même des agriculteurs aguerris pouvaient se faire surprendre par la vitesse des flammes.

Pour Gilles Lenfant, disposer d'un déchaumeur attelé et prêt à partir pendant la moisson est désormais indispensable. © C. Baudart
Pour Gilles Lenfant, disposer d'un déchaumeur attelé et prêt à partir pendant la moisson est désormais indispensable.
© C. Baudart

Le 23 juillet 2019, Gilles Lenfant battait une parcelle située à environ 7 kilomètres de son corps de ferme, situé à Miserey, dans l’Eure. Le thermomètre flirtait avec les 43 °C et un vent chaud de 30 ou 40 km/h venant du sud n’arrangeait pas la situation. « Je n’ai jamais eu aussi chaud à la moisson, se souvient Gilles. C’était encore pire qu’en 2003. » Alors qu’il ramène une benne vers la ferme, il voit au loin de la fumée.

« On s’est dit que ce n’était pas loin de chez nous, raconte le céréalier. Mon fils qui était à la ferme m’a alors appelé pour me dire que le feu était parti dans le champ d’une voisine qui moissonnait à 700 mètres de nos bâtiments. » De blanche, la fumée est devenue noire quand le feu a attaqué la benne et le tracteur restés dans le champ de la voisine. Sautant plusieurs routes et carbonisant au passage plusieurs parcelles, le feu a pris dans l’un des champs de Gilles Lenfant où le blé était encore sur pied, près de sa ferme.

« Le mur de flammes avançait rapidement sur une largeur d’environ 100 mètres. Par chance, j’avais battu la veille sur une largeur de 21 mètres le long du corps de ferme. Cela a permis à mon fils de déchaumer à cet endroit pour empêcher le feu d’atteindre les bâtiments. » Une manœuvre pas dénuée de risque, puisque le feu a commencé à prendre sur la paille agglomérée sur le déchaumeur.

« C’est impressionnant, il y a de quoi se faire peur »

« C’est impressionnant, il y a de quoi se faire peur, reconnaît l’agriculteur. On est face à un mur de flammes de 2 mètres de haut, il y a la chaleur, le crépitement. Lorsque je suis arrivé, la quasi-totalité des 15 hectares avait brulé. Le vent emportait des flammèches qui se déposaient 50 mètres plus loin. Et il y avait encore 30 à 40 hectares de blé sur pied à proximité, dans le sens des vents dominants. » Le feu est finalement maîtrisé par les pompiers. Deux jours après, Gilles Lenfant s’est de nouveau retrouvé à l’épreuve du feu, alors qu’il moissonnait avec un ami sur une commune voisine.

Vu les événements des jours passés, il avait un déchaumeur attelé à un tracteur au bout du champ. Comme ils étaient à deux machines, il a pris son déchaumeur et fait deux ou trois tours. Au moment de faire un passage pour prendre de la largeur, il s’est fait surprendre par la rapidité de propagation des flammes, l’obligeant à passer juste à côté des flammes. « Il faut faire très attention car même avec l’expérience on peut se faire piéger. Pour moi, disposer d’un déchaumeur attelé à proximité est désormais une obligation à la moisson des pailles. »
 

Les plus lus

<em class="placeholder">Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne.</em>
Mauvaises récoltes 2024 : « On rogne sur notre rémunération et sur l’entretien du matériel, faute de trésorerie suffisante »
Mathieu Beaudouin est agriculteur à Évry-Grégy-sur-Yerre, en Seine-et-Marne. Il témoigne de ses difficultés depuis un an liées…
<em class="placeholder">Agriculture. Semis de blé. tracteur et outil de travail du sol à l&#039;avant. agriculteur dans la cabine. implantation des céréales. lit de semences. semoir Lemken. ...</em>
Semis tardif de céréales : cinq points clés pour en tirer le meilleur parti

Avec une météo annoncée sans pluie de façon durable, un semis tardif de blés et d'orges dans de bonnes conditions de ressuyage…

[VIDÉO] Dégâts de grand gibier : une clôture bien installée pour protéger le maïs des sangliers

Agriculteur à Saint Fuscien dans la Somme, Valère Ricard a pu recourir aux services de la fédération des chasseurs de son…

<em class="placeholder">Anthony Loger, agriculteur à Saint-Pierre-de-Maillé dans la Vienne.</em>
Semis de blé tendre 2024 : « Nous avons besoin de trois semaines sans pluie pour pouvoir entrer dans nos parcelles »

Anthony Loger est agriculteur à Saint-Pierre-de-Maillé dans la Vienne. Aujourd'hui, ses parcelles très argileuses sont trop…

<em class="placeholder">Bord de champ inondé après un excès de pluie en bordure d&#039;un champ de céréales. Avril 2024 dans le nord de l&#039;Eure-et-Loir</em>
Difficultés de trésorerie : quelles sont les mesures existantes pour faire face ?

Les mauvaises récoltes pèsent sur les trésoreries. Des mesures ont été annoncées par l’État alors que la MSA, les banques et…

Pierre Devaire, agriculteur en Charente, dans une parcelle.p
Récoltes 2024 : « une campagne traumatisante » pour les céréaliers du Poitou-Charentes

L’heure est au bilan chez les producteurs de céréales, au terme d’une campagne 2024 qui fut difficile du début à la fin. Les…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures