Fourrages : viser plus de 20 % de MAT avec des méteils précoces
En Ille-et-Vilaine, avec du seigle forestier, de la vesce et des trèfles en récolte précoce, des adhérents du Ceta 35 parviennent à obtenir un méteil riche en protéine, même si cette année a été moins probante.
En Ille-et-Vilaine, avec du seigle forestier, de la vesce et des trèfles en récolte précoce, des adhérents du Ceta 35 parviennent à obtenir un méteil riche en protéine, même si cette année a été moins probante.
« Parmi les méteils réalisés par les éleveurs adhérents du Ceta 35, nous nous sommes concentrés sur les méteils destinés aux vaches laitières et récolté au printemps en ensilage avant un maïs. L’objectif recherché est double : récolter un fourrage qui atteigne un rendement de 5 tMS/ha tout en étant riche en protéines afin de réduire les concentrés ; et libérer tôt la parcelle pour implanter le maïs dans de bonnes conditions », présente Antoine Yven, du Ceta 35.
À l’issue d’une année de suivi des méteils des adhérents en 2022, le mélange préconisé par le Ceta 35 en 2023 se compose de 35 kg/ha de seigle forestier, 10 kg de vesce velue, 5 kg de trèfle incarnat et 3 kg de trèfle squarrosum.
Un mélange peu dense en kg par hectare
Ce mélange précoce peut surprendre car il est très peu dense en kg/ha par rapport à d’autres pratiques de méteil d’hiver. « Cela s’explique par le choix d’espèces aux PMG (poids de mille grains) (1) bien plus faibles que ceux de la féverole et du pois fourrager, utilisés dans les méteils auparavant. C’est également dû à la forte capacité de tallage des céréales utilisées, notamment le seigle forestier, détaille Antoine Yven. Le coût de semence s’en trouve réduit : 120 €/ha en 2023. »
Des adhérents volontaires l’ont testé cette année dans neuf parcelles avec des conditions pédo-climatiques et des conduites différentes.
Une seule parcelle à plus de 20 % de MAT en 2023
« Mais avec la sécheresse de 2022, des éleveurs voulaient refaire du stock et ont donc récolté tardivement le méteil, c’est-à-dire au stade céréale épiée et légumineuse en fleur. En outre, la météo du printemps 2023 offrait moins de fenêtres météo et plus courtes qu’en 2022. Le résultat n’est donc pas à la hauteur des espérances : 16,5 % de MAT en moyenne. »
« Néanmoins, la meilleure qualité – 20,8 % de MAT – a été obtenue chez un éleveur maîtrisant bien la conduite du méteil et ayant fauché précocement pour un maximum de qualité, c’est-à-dire au stade début gonflement pour les céréales et avant floraison pour les légumineuses. Le rendement a été de 4 tMS/ha », détaille Antoine Yven. Ainsi, le potentiel de ce mélange en valeur MAT dépasse les 20 % de MAT.
5,6 tMS/ha et plus de 20 % de MAT en 2022
Bien doser la proportion de vesce et de céréales
Point négatif : ce mélange s’est couché à cause de la vesce. Il a été compliqué à récolter. « La vesce est très intéressante en valeur alimentaire : elle ressort à 24 % de MAT. Pour la garder, il fallait mettre plus de céréales pour faire tuteur. Et pour éviter la dilution de la MAT dans le mélange, il a été mis plus de trèfles. »
C’est ainsi que le Ceta 35 a abouti au mélange de 35 kg de seigle forestier, 10 kg de vesce velue, 5 kg de trèfle incarnat et 3 kg de trèfle squarrosum.
Quid de la féverole et du pois fourrager ?
Le Ceta 35 a choisi de ne pas poursuivre le travail sur la féverole et le pois fourrager, car ils ne sont pas adaptés à une récolte précoce. « Le pois se fait souvent étouffer par les autres espèces et a un coût de semence très élevé à l’hectare. Il est mieux valorisé dans des méteils récoltés tardivement. Pour éviter le risque de gel pour la féverole, il faut être équipé d’un semoir à double trémi pour la semer à 10 cm de profondeur et ne pas semer trop tôt. En outre, avec le développement des surfaces, elle devient sensible aux maladies (ascochytose et botrytis). Or l’objectif est de ne pas traiter les méteils. »
Assurer une récolte de qualité
Les éleveurs du Ceta 35 pointent un enjeu très important pour éviter de perdre la valeur alimentaire à la récolte et au stockage : il faut réussir à sécher les méteils qui sont des fourrages denses et riches en eau, surtout ce printemps 2023 avec de courtes fenêtres météo de récolte. « L’itinéraire technique qui fait ses preuves depuis deux ans commence avec une fauche à plat avec une hauteur de coupe de 7 cm pour faciliter la ventilation et l’andainage. Suit dans la foulée un fanage avec une faneuse à petite toupie et à faible vitesse. La procédure est suivie d’une journée de préfanage, d’un andainage, idéalement à l’andaineur à tapis, et enfin de l’ensilage. Cet itinéraire permet d’atteindre 30 % de MS en quatre jours », détaille Antoine Yven.
Un bon impact sur la structure du sol
Les agriculteurs adhérents du Ceta 35 pointent que la structure du sol est bien meilleure après un méteil qu’après un ray-grass d'Italie (RGI). "La différence se fait surtout sur la facilité de destruction des chaumes. Ils soulignent aussi qu'après méteil, il n'y a pas de repousses ou alors elles sont très simples à détruire. Il y a donc une simplification des itinéraires techniques de semis de maïs après méteil : un apport d’effluents, un déchaumage, puis un passage de décompacteur et enfin un semis au combiné (herse + semoir)", détaille Antoine Yven.