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Environnement : protégez la faune grâce aux surfaces d'intérêt écologique

Malgré des contraintes réglementaires souvent inadaptées, les SIE peuvent être mises à profit pour donner un coup de pouce à la faune sauvage au prix d’efforts mesurés.

Les surfaces d’intérêt écologiques sont-elles condamnées à être vécues uniquement comme une contrainte administrative, un inconvénient de plus issu de la réglementation ? Certes, impossible d’ignorer le côté arbitraire de certaines règles imposées pour les SIE, et la marge de manœuvre limitée que cela occasionne. On peut toutefois, avec un peu de bonne volonté, s’appuyer sur ce système pour mettre en place des mesures favorables à la biodiversité.

Pour les plus motivés, pourquoi ne pas envisager l’implantation d’éléments pérennes, du type haie ou rangées d’arbres ? Ils sont très bénéfiques à la faune et à la flore sauvages, pour lesquelles ils constituent des habitats accueillants. Bien installées, les haies offrent aussi des atouts en termes de lutte contre l’érosion, de production de bois ou de stockage de carbone. Du strict point de vue des SIE, ces éléments topographiques apportent de la sécurité : leur surface équivalente SIE ne peut pas être affectée par les conditions climatiques, comme c’est le cas pour des couverts dont la levée dépend de la météo.

Faire les bons choix pour maximiser les effets

Côté biodiversité, « les éléments fixes du paysage sont plus intéressants que des intercultures implantées tardivement en août après plusieurs déchaumages, qui vont faire effet pendant deux mois à un moment qui n’est pas le plus critique pour la petite faune sauvage », souligne Solène Allart, ingénieure environnement à la fédération départementale des chasseurs de la Marne. Encore faut-il mettre en œuvre les pratiques les plus pertinentes : choix d’essences locales implantées sur plusieurs rangs, présence de plusieurs strates (arborée, arbustive, herbacée), mise en place de bandes enherbées pour créer un effet lisière… Pour faire les bons choix, plusieurs associations proposent un accompagnement (et parfois une aide financière), à l’instar du réseau de l’Association française arbres champêtres et agroforesteries (Afac) ou certaines fédérations de chasse. « Quitte à implanter ce type d’infrastructure, autant le faire bien et que ce soit utile, sinon cela conduit au découragement », souligne David Granger, de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage.

L’interdiction d’arracher les haies et les contraintes d’entretien peuvent faire douter les volontaires. On peut alors se rabattre sur des éléments « surfaciques », tels que les couverts et les jachères. Là aussi, il est possible de raisonner leur implantation et leur gestion de façon à accroître leur bénéfice agronomique et environnemental. « Il faut d’abord se poser la question de l’objectif du couvert, explique David Granger. S’agit-il de capter l’azote sur une courte période ? De favoriser la petite faune ? Selon la réponse, on pourra choisir un mélange adapté. Lorsque l’on vise l’installation d’une zone refuge, l’idéal est qu'elle soit conçue pour convenir au plus grand nombre d’espèces. »

La réglementation des SIE autorise des mélanges à base de deux espèces uniquement, mais mieux vaut opter pour une plus grande variété (à condition que les espèces soient incluses dans la liste autorisée en SIE). « En mélangeant des systèmes racinaires différents, on permet une meilleure structuration des sols, tout en obtenant un mélange moins haut et moins humide qui est favorable à la petite faune, abonde Claude Féraud, coordinateur des services techniques à la fédération des chasseurs de Seine-et-Marne. C’est notamment beaucoup plus accueillant pour les oiseaux, qui conservent une bonne vision et se sentent donc plus en sécurité. » Le spécialiste recommande d’écarter les mélanges avec de la moutarde à forte dose. « Elle développe un couvert trop dense et humide, limitant la circulation des animaux. Cela peut aussi favoriser l’installation de sangliers dans la plaine. Et la moutarde impose une destruction par broyage fin octobre-début décembre, ce qui est violent pour la petite faune et occasionne de la casse. »

Pour optimiser la période de présence du couvert, « il faut associer des espèces avec des sensibilités au gel différentes, complète Solène Allart. Cela permet de ne pas avoir un couvert trop exubérant et d’éviter la destruction mécanique ».

Des dates d’implantation et de destructions primordiales

Au-delà de la composition du couvert, les dates d’implantation et de destruction sont primordiales. « Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est un couvert implanté vers la fin août et détruit mécaniquement en octobre-novembre, souligne l’ingénieure. L’effet positif du couvert est alors anéanti par un broyage à grande vitesse et par la disparition du couvert avant de pouvoir jouer un rôle de couvert hivernal. » La spécialiste plaide également pour la diversité des pratiques : « Avoir du sol nu n’est pas en soi catastrophique. Le problème est de se retrouver du jour au lendemain avec une très grande partie du parcellaire nu après la moisson. » Pour des oiseaux tels que l’emblématique perdrix grise (en fort déclin), la succession de plusieurs déchaumages juste après la récolte entraîne une période très critique difficile à passer. Si les couverts dérobés sont implantés fin août, donc dans les clous par rapport à la réglementation pour la plupart des départements, ils arrivent une fois que le mal est fait. Permettre une implantation plus précoce est donc profitable à la faune, tout comme les laisser en place le plus longtemps possible pour passer l’hiver.

 

Des mélanges de couverts adaptés à la faune

La mise au point de mélanges adaptés aux différentes situations rencontrées a fait l’objet de recherches au sein de plusieurs structures. Le réseau Agrifaune propose notamment des mélanges combinant des bénéfices environnementaux, agronomiques, écologiques et économiques, labellisés « Agrifaune interculture » et pouvant être utilisés dans le cadre des SIE. Ils sont déclinés pour être adaptés à chaque région. Dans certains départements, la fédération des chasseurs finance les semences des couverts favorables à la faune, ce qui minimise le coût pour l’agriculteur.

Créer une mosaïque de couverts et de jachères

Jouer sur la disposition des couverts d’interculture ou des jachères est un facteur essentiel de réussite pour aider la faune sauvage. « Plutôt qu’augmenter la part des SIE dans le parcellaire, il est plus efficace de mieux les répartir sur l’exploitation pour installer des refuges un peu partout », souligne Charles Boutour, auteur d’une étude portant sur les pratiques favorables à la biodiversité à l’ONCFS. Solène Allart, de la fédération des chasseurs de la Marne, enfonce le clou : « La mise en place de jachères est toujours pertinente dès lors que les parcelles sont insérées intelligemment dans le paysage pour créer un maillage. Il faut essayer de ne pas les positionner uniquement dans les parcelles les plus éloignées de l’exploitation, ou en bordure de forêt, car cela réduit leur effet. » Mieux vaut disséminer des petites parcelles que de concentrer ces surfaces au même endroit. « Ce sont des couverts protecteurs et nourriciers, mais lorsqu’ils sont peu nombreux, ils se transforment en piège écologique en concentrant la population des animaux », met en garde la conseillère. La petite faune n’a en effet dans ce cas plus d’échappatoire en cas de destruction mécanique du couvert (ce qui n’est pas recommandé). Les petits animaux deviennent en outre des proies faciles pour les prédateurs.

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