Désherbage et fertilisation des céréales d’hiver : adapter sa stratégie en fonction des dates de semis
Les mauvaises conditions météo de l’automne, notamment dans l’Ouest et dans le Nord de la France, ont entraîné un étalement des semis de céréales d’hiver. La stratégie de désherbage et de fertilisation est à adapter en fonction des situations.
Sur la façade Ouest, comme dans le Nord, l’état des parcelles semées en céréales d’hiver est très disparate en fonction du moment où les semis ont été effectués. Ce qui oblige à adapter sa stratégie de désherbage et de fertilisation. Pour les semis de blé tendre effectués début octobre avant les pluies, les levées sont plutôt belles (stade a 1 à 3 feuilles) même si les parcelles confrontées aux inondations présentent parfois des pertes de pieds importants.
Dernier carat pour désherber les parcelles les plus précoces
Ce sont souvent des parcelles qui n’ont pas pu être désherbées correctement. « Il va falloir beaucoup de suivi sur ces cultures », assure Samuel Guis, conseiller agronomie à la chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire. Les interventions herbicides devront se faire rapidement sur les plantes pour la plupart à mi-tallage. « Jusqu’au 15 février, il est encore possible d’intervenir avec un antigraminée foliaire dans les zones où il n’y a pas de résistance à ces produits ». « Il faudra intervenir le plus tôt possible à un stade encore jeune des adventices et s’assurer d’un niveau élevé d’hygrométrie », conseille Charlotte Boutroy, ingénieure régionale Arvalis dans les Hauts-de-France. Pour maximiser ses chances d’avoir une efficacité avec ces herbicides « sortie d’hiver », on pourra y adjuver du sel d’ammonium.
Les semis tardifs de blé échappent pour la plupart aux graminées adventices
Les parcelles où les semis ont été effectués après les pluies, ou durant les quelques fenêtres de tir courant novembre ou décembre dans les Pays-de-la-Loire et même jusqu’à janvier dans le Nord, sont un peu moins exposées aux levées de graminées adventices, types ray-grass et vulpin. « Si besoin, le stade de ces cultures peut parfois permettre d’intervenir avec un herbicide classique racinaire », signale Charlotte Boutroy.
Une fertilisation des céréales d’hiver à ajuster
La stratégie de fertilisation est aussi à adapter. « Il faut toutefois désherber avant de fertiliser », prévient Samuel Guis. Pour les parcelles bien développées, la stratégie habituelle peut-être mise en œuvre. « Si aucune décoloration n’est observée dans les parcelles, un apport de 30 à 40 unités d’azote pourra être effectué au stade épi 1 cm », précise-t-il.
Concernant les parcelles semées tardivement, « le développement racinaire de ces cultures semées tardivement n’est pas bon », avance Samuel Guis. En outre, bien qu’elles aient été semées avec une plus grande densité, des pertes de pieds sont observées par endroits. « L’enjeu va être d’optimiser le nombre de talles, explique le conseiller. Contrairement aux préconisations habituelles, il ne faudra pas attendre le stade épi 1 com pour effectuer un apport d’azote et ainsi compenser la perte de pieds par un plus grand nombre de talles par pied. » Il préconise un apport de 30 ou 40 uN au stade mi-tallage.
Côté reliquats azotés, ils devraient être assez faibles en surfaces à cause des fortes pluies. « Il faudra néanmoins attendre les résultats concernant les horizons du sol plus profonds pour faire ses calculs », conseille Samuel Guis. « On peut parfois avoir des bonnes surprises », avance Élodie Gagliardi, d’Arvalis.
Entre 10 et 15 % des surfaces de céréales d’hiver non semées ou noyées dans les Hauts-de-France
Dans le Nord et l’Ouest, « les excès d’eau ont par endroits fortement affecté les levées et les implantations des blés, surtout pour les semis de novembre, on a pu constater des pourrissements de germes, des manques de plantes… », note Arvalis dans une note du 1er février. « Dans les Hauts-de-France, entre 10 et 15 % des surfaces de céréales n’ont pas été implantées ou ont été noyées », estime Charlotte Boutroy.
Que faire pour les parcelles semées avant les pluies qui ont subi des excès d’eau ?
En parallèle, les températures douces permettent à d’autres parcelles de fortement se développer. « On observe donc à une très grande hétérogénéité de développement entre les parcelles, et parfois à l’intérieur d’une même parcelle. »
Le raisonnement pour décider de retourner ou non une parcelle devra se faire en fonction des situations. « On considère qu’en sols profonds 80 à 100 plantes/m2 bien réparties sont nécessaires pour garder la culture en place », conseille l’institut technique.
Le report des surfaces non semées ou devant être retournées vont se faire au profit des cultures de printemps, notamment l’orge et le maïs.