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Résidus phyto sanitaires
Des différences sur les pesticides et mycotoxines

La Direction Générale de l´Alimentation a rendu publique les résultats d´une étude comparant les produits de l´agriculture bio à ceux de l´agriculture conventionnelle sur la présence de résidus de produits phytosanitaires, de métaux lourds, de nitrates et nitrites et de certaines mycotoxines.


Précisément 192 échantillons de produits animaux et végétaux (légumes, fruits, céréales) ont été prélevés et analysés. 78 pesticides y ont été recherchés. Aucun n´a été retrouvé dans les produits biologiques. En revanche, 21 échantillons de fruits (pommes) et de légumes ont montré la présence de résidus de pesticides dont 2 au delà de la limite maximale de résidus (LMR).
Sur les métaux lourds, 34 % des échantillons issus de l´agriculture biologique et 24 % de ceux de l´agriculture conventionnelle présentaient des traces de plomb. Des carottes et sarrasins biologiques ainsi que des blés conventionnels montraient même des teneurs supérieures aux limites maximales proposées au niveau de l´Union européenne(2). Le cadmium est bien présent : dans la moitié environ des échantillons aussi bien biologiques que conventionnels. Des échantillons de sarrasin (bio et conventionnel) présentent des taux au delà des limites maximales proposées au niveau de l´Union européenne. Des nitrates ont été relevés dans 23 % des échantillons bio et 31 % de ceux de l´agriculture conventionnelle.

Blés bio à surveiller
Parmi les mycotoxines analysées figuraient le déoxynivalénol (DON). Ce dernier a été détecté dans 15 % des échantillons bio (blé, maïs ensilage et orge) et dans 19 % des échantillons issus du mode conventionnel de culture. Il n´existe pas de limite maximale réglementaire pour le DON mais une norme de 750 microgrammes/kg est à l´étude. Il apparaît que nombre d´échantillons contenant du DON se rapprochent de cette concentration et plus particulièrement pour les blés biologiques. Conventionnel ou bio, le maïs ensilage présente également des teneurs élevées en DON.
La DGAL tient à remettre les choses à leur juste place : &quote;La présence des contaminants étudiés dans les produits bio ou conventionnels ne fait pas courir de risque aux consommateurs car les valeurs sont inférieures aux doses toxicologiques acceptables (hormis un échantillon de pommes bio contaminées en patuline).&quote;
La DGAL met cependant l´accent sur le couple blé biologique/DON. &quote;L´exposition des grands consommateurs de blé biologique au DON est très proche de la dose journalière tolérable (DJT) et la contamination du blé biologique par cette mycotoxine semble assez homogène.&quote; La présence de DON est liée à l´infestation des céréales en un certain type de fusarioses. Celles-ci peuvent être endiguées avec des variétés tolérantes, des fongicides pour les cultures conventionnelles et une rotation culturale appropriée(3). Des méthodes de stockage bien au sec permettent également de diminuer les risques de contamination en mycotoxines d´une façon générale. Les agriculteurs en ont conscience.
Résidus de pesticides : la France, mauvaise élève de l´Europe
En parallèle de l´étude présentée par la DGAL, la Commission européenne a délivré les résultats de son programme de surveillance des résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales. 8,3 % de produits analysés en France dépassent les limites maximales de résidus autorisées. Seuls les Pays-Bas et l´Autriche font pire.
50,5 % des 4553 échantillons ne montrent aucune trace de pesticides pour la France. Ce chiffre est de 64 % pour l´ensemble de l´Union européenne (plus la Norvège et l´Islande). La France fait figure de mauvais élève. Deux explications : les analyses ont aussi bien concerné des produits &quote;bien de chez nous&quote; que des fruits et légumes d´importation (à la qualité douteuse parfois). Pour la DGAL et la DGCCRF* qui effectuent leurs propres contrôles, les dépassements de LMR concernent entre 3 et 4 % de la production strictement nationale. Seconde explication : la France est un gros utilisateur de produits phytosanitaires, le deuxième dans le monde derrière les États-Unis.

Source : Monitoring of pesticides residues in products of plant origin in the European union, Norway and Iceland. 1999 report

* Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes

Nota : cette étude a été conduite en 1999/2000 par l´Inra, Coopagri Bretagne et l´École supérieure de microbiologie et de sécurité alimentaire (Esmisab)

(2) en cours de discussion
(3) voir article p.26 à 28 dans notre numéro de mai (Nº 137)

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