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Météo connectée
De l’agrométéorologie à la parcelle mais sans station

Météo-France et Arvalis se sont alliés pour concevoir le service Taméo, intégrant des informations précises sur la météo et des outils d’aide à la décision pour les interventions au champ. Et ce, sans station physique.

Des fonctionnalités de Taméo s'appliquent aux maïs grain et fourrage. 300 agriculteurs sont abonnés à ce service.
© E.Bignon/ Arvalis

L’idée a germé autour des années 2010. Les agriculteurs recevaient beaucoup de conseils à l’échelle d’un territoire. Il était nécessaire de renforcer le conseil à la parcelle, avec un outil technique réunissant des informations météorologiques – ce que l’agriculteur utilise le plus – et des messages de conseils agronomiques. » Chef produit Taméo chez Arvalis, Florence Binet retrace la genèse de l’outil Taméo dont le développement a démarré en 2016 avec une première version blé tendre. « Nous avons établi un partenariat avec l’expert de la météo en France, Météo-France, pour créer cet outil qui accompagne l’agriculteur au quotidien. Dans l’esprit, Taméo se devait d’être évolutif. » Outre le blé tendre, Taméo s’adresse dorénavant au reste des céréales à paille majeures (orges d’hiver et de printemps, blé dur, triticale) mais aussi aux maïs grain et fourrage. À moyen terme, des fonctionnalités sont envisagées pour le lin textile et la pomme de terre.

Qu’apporte cet outil qui associe les expertises d’Arvalis et de Météo-France ? Températures, pluviométrie, vent, hygrométrie : Taméo fournit ces données météo en temps réel à la parcelle. Ces informations font tourner des modèles agronomiques sur Taméo pour donner des éléments de décisions à la parcelle sur les traitements phytosanitaires (quand intervenir en fonction des conditions climatiques…), sur les stades de culture (dates prévisionnelles d’apparition des stades), sur les maladies (pilotage des traitements septoriose, rouilles, fusarioses… avec prévision de risques d’attaques), sur la fertilisation (optimisation des dates d’apports d’azote en fonction des conditions météo…), sur les dates de récoltes… Leur consultation est multisupport : PC, tablette et smartphone.

Des données météo précises au kilomètre près

« Sans utiliser de station de mesure au champ, MétéoFrance utilise la technologie WeObServHD fournissant des informations équivalentes à celles d’une station tous les kilomètres, assure Florence Binet. Et en ce qui concerne les prévisions météo (données à 9 jours), elles sont basées sur notre modèle à maille fine (Arome) de résolution 1,3 km expertisées par les prévisionnistes de Météo-France. En outre, des images radars permettent de suivre un épisode pluvieux en temps réel avec une prévision sur l’heure à venir sur une zone. »

Florence Binet assure que les données météorologiques sont aussi précises que celles de stations météo sur la parcelle, et plus justes qu’un réseau hétérogène de ces stations. « Une seule station ne peut pas être représentative de tout un parcellaire », considère-t-elle. D’autre part, avec Taméo, les utilisateurs n’ont pas à se soucier de la maintenance de stations physiques et il n’y a pas de risques de vol ni de dérives de mesures par des capteurs déficients.

Pas de fourniture directe à l’agriculteur

Taméo peut trouver des limites dans certaines mesures. « L’outil Miléos de prévision du risque mildiou chez la pomme de terre a été conçu pour être jumelé avec une station météo connectée. Celle-ci apporte la précision nécessaire sur l’hygrométrie à hauteur d’un couvert végétal, facteur important du développement du mildiou, remarque Florence Binet. Une réflexion est en cours pour voir dans quelle mesure Taméo pourrait être couplé à Miléos, sans le besoin d’une station. »

L’outil Taméo n’est pas fourni directement aux agriculteurs, au contraire des stations météo. La commercialisation du service se fait seulement via des groupes d’au minimum 20 producteurs via des coopératives, des Ceta, des négoces… A fin 2018, Taméo était utilisé chez neuf de ces organismes pour 300 agriculteurs abonnés, ce que l’on pourrait qualifier de timide comme développement. « Nous ciblons les agriculteurs technophiles et nous en visons 5 000 à l’échéance 2022, précise Florence Binet. Deux nouveaux regroupements arrivent pour cette année. » Taméo reste implanté au nord de la Loire jusqu’à présent, ce qui est aussi le cas des stations météo en majorité. L’abonnement à Taméo est annuel (700 euros environ pour l’agriculteur) pour des informations sur 25 parcelles différenciées, tout inclus. Taméo s’affiche comme un service haut de gamme.

Des gains économiques à attendre sur les traitements

Taméo doit pouvoir permettre de mieux positionner ses interventions, voire de s’en passer quand les conditions ne sont pas propices aux attaques des ennemis des cultures. « Le meilleur positionnement du premier traitement fongicide contre la septoriose du blé avec le modèle Septolis intégré dans Taméo permet de gagner 2 q/ha en moyenne (1) », communique l’institut. En année à faible pression maladie, un traitement peut être économisé, soit l’équivalent de 45 à 65 €/ha, coût du passage inclus. « Taméo contribue à positionner son désherbage dans les meilleures conditions possible pour la réussite du traitement, ce qui peut représenter un gain de 70 à 120 €/ha », établit Arvalis.

(1) Résultat de 93 essais Arvalis.

« Une garantie de professionnalisme avec le service Taméo »

« Historiquement depuis quinze ans, nous disposons de stations météo à la coopérative dont une vingtaine est utilisée en grandes cultures. Le service Taméo peut bien remplacer ces stations dans les secteurs où elles manquent et il propose une offre complémentaire d’outils d’aides à la décision pour bien positionner les interventions contre les maladies, les apports d’azote, les désherbages… La prévision des stades est très intéressante, notamment pour le maïs ensilage et sa récolte (1). Dans une licence, 25 points géographiques (parcelles) sont proposés ce qui correspond à plusieurs stations météo et ce, pour un coût d’environ 700 euros par an pour l’agriculteur. L’offre Taméo est largement compétitive de celle des stations météo connectées à mon sens, en offrant le professionnalisme reconnu et intègre de Météo-France et d’Arvalis. Il n’y a pas de maintenance à gérer ; les données sont validées avec un contrôle de leur cohérence. Nous avons testé Taméo sur des parcelles en comparaison avec des stations météo. L’écart de précision dans les mesures est minime. Nous prévoyons 20 à 25 licences cette campagne qui seront adressées aux agriculteurs techniques et aux grosses structures agricoles, notamment celles avec un parcellaire éclaté. Taméo est référencé dans les fiches actions CEPP (2) et rapporte 0,15 certificat par hectare. C’est peu et ce n’est pas cet argument qui nous a incités à recourir à Taméo. »

Christine Boully, responsable agronomie de la coopérative Bourgogne du Sud(1) En Bretagne, la coopérative Le Gouessant utilise Taméo notamment pour ce service aux éleveurs.
(2) Certificat d’économie de produits phytosanitaires.

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