Couverts végétaux : favoriser la restructuration du sol grâce à leur système racinaire efficace
Les couverts d’interculture ne peuvent remplacer un travail du sol mécanique pour agir rapidement sur la structure du sol. Mais la complémentarité de divers systèmes racinaires d’un mélange améliore les différentes composantes du sol.
« Les couverts ne sont pas des marteaux piqueurs ! Leurs racines vont chercher à contourner les zones tassées plutôt que les "casser". Néanmoins, elles auront toujours un effet positif, que ce soient celles des cultures ou des couverts. » Pour Vincent Tomis, d’Agro-Transfert, comme pour d’autres spécialistes, un couvert d’interculture ne saurait remplacer un outil de travail du sol pour rétablir une structure malmenée. Mais il contribue fortement à l’amélioration et à la préservation d’une structure sur la durée. « La porosité qui peut être créée artificiellement par les outils mécaniques n’est pas stable, ce qui peut favoriser les écoulements, les arrachements de terre, constate Florent Ruyet, de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Dans notre région, à cause des sols de coteaux et des abats d’eau, nous avons besoin d'une bonne structure de sols qui permet à l'eau de bien s'infiltrer et à la ralentir en surface. »
Le couvert apporte sa contribution à la stabilité de la structure du sol grâce à ses racines. « Les racines des plantes émettent des exsudats (substances sucrées et collantes) qui vont réagglomérer la terre fine pour former des agrégats, précise Vincent Tomis. Cela va éviter que la terre fine créée par les outils de travail du sol descende avec les pluies et provoque des tassements en profondeur. » La glomaline fait partie de ces exsudats. Elle est souvent citée par les spécialistes du sol parmi les éléments produits par les racines et par les mycorhizes. Il s’agit d’une forme de matière organique stable importante pour structurer le sol en formant des agrégats avec les particules.
Produire des racines plutôt que de la biomasse aérienne
« Un couvert végétal a vocation à produire de la racine davantage que de la biomasse », souligne Florent Ruyet. Ceci est à prendre en compte au moment de la destruction des couverts (parties aériennes) qui doit préserver les racines encore vivantes pour qu’elles continuent à se développer.
Les plantes pompent de l’eau dans le sol et participent à la fissuration du sol, via les racines qui ont un effet positif en cas de tassement. « Ainsi, les couverts sont intéressants en septembre quand il fait un peu sec, mais qu’il y a de l’humidité résiduelle en profondeur. Les racines vont alors fissurer le sol pour aller chercher cette eau », remarque Vincent Tomis.
Parmi les couverts, il n’y a pas d'espèce miracle améliorant la structure du sol. L’association d’espèces entre elles constitue la meilleure solution, en apportant des systèmes racinaires complémentaires : fasciculés, pivotants, superficiels ou profonds. « Les graminées (seigles, sorgho…) sont les couverts qui arrivent à descendre en profondeur mais il ne faut pas en abuser dans une rotation à dominante blé-orge, signale Simon Leroyer, agronome chez Axéréal. Les crucifères (moutardes, radis…) ont un système racinaire pivotant intéressant d’un point de vue structuration du sol mais elles sont sensibles aux sols compactés avec des racines qui dévient, qui fourchent. Des légumineuses comme la féverole produisent également des pivots racinaires et aussi des exsudats au niveau des racines intéressants pour la vie du sol, qui concourt également à sa structure. » Il faut associer les espèces entre elles en évitant les familles déjà très présentes dans la rotation.
Les graminées laissent des structures grumeleuses
Florent Ruyet met en avant le sorgho parmi les plantes produisant les racines les plus puissantes. Chez Arvalis, Stéphane Jézéquel cite l’association de sorgho et de radis chinois comme couvert le plus restructurant, selon des études menées par l’institut technique. Vincent Tomis évite de hiérarchiser les couverts : « Nous n’avons pas observé d’espèces qui auraient un meilleur effet que d’autres sur ce point. Par exemple, nous n’avons pas vu de différence entre un radis fourrager et une avoine. On remarque juste qu’un radis chinois poussera en surface plutôt que dans le sol si celui-ci est tassé. »
Cependant, pour empêcher un sol de prendre en masse, les systèmes racinaires fasciculés semblent les plus efficaces. « Par exemple, des graminées bien développées et détruites en février-mars avant un maïs laissent fréquemment des structures plus grumeleuses et moins reprises en masse que dans le cas d’un sol nu ou avec d’autres couverts à système racinaire pivotant », constate Jérôme Labreuche, Arvalis, dans des situations de sols limoneux dans l’Ouest.
Le bénéfice apporté par le couvert dépend beaucoup de la durée de sa présence. Plus elle est importante plus l’effet est positif. Stéphane Jézéquel constate que les effets de restructuration du sol se rencontrent surtout avec des couverts pérennes (luzerne, sainfoin) et/ou en système de semis direct sous couvert végétal.
Fissurer un sol compacté dans le couvert en place
« Si on suspecte un tassement du sol, il est utile de faire un diagnostic dans le couvert en place (mini-profil 3D). S’il en ressort qu’il y a un tassement, il est possible de fissurer le sol dans le couvert en place en utilisant un fissurateur qui aura des dents droites fines pour ne pas trop abîmer le couvert », intervient Vincent Tomis, Agro-Transfert. L’avantage : on ne retarde pas la date de semis du couvert pour optimiser son effet et on pourra faire le diagnostic dans de bonnes conditions quand il y aura les premières pluies. « Sur les sols tassés, il faut intervenir 5 centimètres en dessous de la zone de compaction. Les outils idéaux sont des équipements à dents munis d’étançons droits avec des ailettes. Le passage peut être réalisé sur le couvert déjà en place ou avant son implantation », conseille Florent Ruyet, chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Pour résumer, l’intérêt d’un diagnostic précoce de tassement dans le couvert est que l’on pourra profiter des pluies du mois de septembre pour faire intervenir un fissurateur. On ne peut pas s’économiser un travail mécanique s’il y a un problème de structure.